Un accident domestique c’est fréquent. Chez une personne qui a perdu ses repères, c’est encore plus fréquent !
Alors non seulement ces accidents peuvent avoir des conséquences graves ou mortelles (chute, incendie, empoisonnement), mais chez les personnes atteintes de démence, même les petits accidents comme une tasse brisée ont une conséquence fâcheuse.
La personne atteinte de démence est plus fragile émotionnellement. Une tasse cassée peut provoquer une crise de larmes ou de panique. Elle peut se juger très négativement pour une simple étourderie que nous faisons pourtant tous.
Par ailleurs, une personne atteinte de démence ne sait plus forcément s’adapter à des évènements qui sortent de l’ordinaire. Elle peut donc ne pas savoir quoi faire avec la tasse brisée, se couper en essayant de la ramasser avec les mains…
Pour que votre proche ne se mette pas en danger et pour diminuer ses sources d’angoisses (ainsi que les vôtres), voici une petite liste de choses auxquelles penser.
1- Identifiez quelles sont ses capacités
2- Faites en sorte qu’il sache prévenir les secours en cas d’urgence.
3- Cachez les objets dangereux pour lui.
4- Aménagez son domicile pour éviter les chutes.
5- Adaptez son logement pour éviter les incendies.
6- Attention au risque de brûlures !
7- Ne lui laissez pas la possibilité de s’enfermer à clef dans une pièce.
8- Attention au risque d’empoisonnement avec les médicaments.
9- Attention au risque de fugue !
1- Identifiez quelles sont ses capacités
Une personne atteinte de démence ne se rend pas forcément compte qu’elle est malade. Elle ne se rend pas non plus compte de ce qu’elle est capable de faire, ou non. Pour cela, il ne faut pas la croire sur parole quand vous lui demandez si elle est capable de se faire réchauffer un repas ou de faire sa toilette seule.
Un(e) ergothérapeute peut passer au domicile pour faire un bilan de ses capacités. Certaines caisse de retraite ou mutuelle remboursent cette prestation ou proposent le passage de leur propre ergothérapeute.
S’il n’est pas possible de faire passer un professionnel auprès de votre proche, vous pouvez tenter de vous rendre compte de son autonomie vous-même. Pour cela, il faut le mettre en situation.
Il est possible que votre proche ne soit pas d’accord à l’idée que vous l’évaluiez. Ne lui présentez donc pas les choses ainsi. Demandez-lui plutôt discrètement de vous réchauffer au micro-ondes un café un peu froid. Dites-lui que vous n’avez pas eu le temps de manger avant de passer et demandez-lui s’il peut vous faire des pâtes.
Pour la toilette par contre (sauf si vous avez une idée de ruse à partager avec moi), vous serez obligé de lui demander clairement de vous montrer comment il entre dans la baignoire ou la douche. Heureusement, vous devriez pouvoir déterminer s’il est propre et sait s’habiller seul sans forcément le voir faire sa toilette.
2- Faites en sorte qu’il sache prévenir les secours en cas d’urgence.
- En fonction de l’avancée de la maladie, les capacités de la personne démente pour contacter une personne en cas de problème varieront.
Au tout début, vous pouvez scotcher votre numéro et celui des urgences sur son téléphone classique.
Ensuite, quand le téléphone devient difficile à utiliser, vous pouvez passer à un téléphone simplifié, type DORO, où il suffit d’appuyer sur la photo de la personne que l’on veut contacter. Si la personne sort, il est possible de l’équiper d’un téléphone portable simplifié. Il en existe également avec un bouton d’urgence. Lorsque la personne appuie sur ce bouton, cela envoie ses coordonnées GPS à son contact de confiance.
Enfin, il est possible d’équiper la personne d’une téléalarme. Quand la personne appuie sur le bouton de détresse, cela appelle l’aidant familial ou une plateforme de gardiennage si l’aidant ne répond pas à l’appel à l’aide de son proche. Certaines téléalarmes peuvent capter la chute d’une personne (à cause du mouvement rapide et soudain vers le sol), ce qui peut être pratique pour alerter des secours si la personne est inconsciente et donc incapable de le faire elle-même. - Vous pouvez également parler des problèmes de santé de votre proche à un voisin ou à un concierge de confiance. Il pourra vous prévenir s’il se passe des choses étranges chez votre proche (par exemple s’il n’ouvre pas ses volets et qu’il est donc peut-être tombé ou malade). Il pourra également ramener votre proche chez lui s’il erre dans les couloirs ou dans la rue, désorienté.
3- Cachez les objets dangereux pour lui.
Rangez les articles dangereux comme les médicaments, les couteaux de cuisine, les briquets et allumettes. Cachez également les outils électriques (des fers à friser, grille pains) qui, s’ils étaient mal utilisés, pourraient allumer un feu ou blesser la personne. Enfermer les insecticides et l’essence en lieu sûr ainsi que la peinture, les solvants et les produits de nettoyage.
Pour les choses auxquelles vous avez besoin d’accéder facilement, envisagez d’installer des fermoirs type sécurité pour enfants sur les tiroirs et armoires.
Pour le reste, mettez plutôt les affaires hors de vision de la personne malade. En effet, elle risquerait de s’acharner sur le tiroir fermé et d’être frustrée de voir qu’on lui empêche certains accès.
Ainsi, il vaut mieux mettre les médicaments dans un coffre fermé à clef placé dans un placard où la personne ne va jamais. Il est aussi possible de prendre les boîtes de médicaments chez vous, ou de demander à l’infirmière qu’elle les garde à son cabinet. Elle ne vient alors qu’avec le pilulier pour la journée ou avec les médicaments qu’elle doit lui donner à ce moment-là.
4- Aménagez son domicile pour éviter les chutes.
Les malades d’Alzheimer ont un risque de chute plus important que les autres personnes âgées. Et on connaît tous les conséquences que peut avoir une chute sur la santé et l’autonomie d’une personne âgée. Cela est encore plus grave pour une personne démente, car le stress et l’hospitalisation peuvent lui faire perdre tous ses repères.
- Éliminez les tapis, les branchements sur lesquels la personne pourrait trébucher.
- Veillez à ce que la maison soit bien éclairée. À mesure que les gens vieillissent, leurs yeux ont besoin de plus de lumière, mais il arrive souvent que les gens s’habituent à une faible luminosité dans leur maison. L’obscurité peut provoquer des chutes, car la personne a plus de mal à s’orienter et à repérer les obstacles.
Vous pouvez mettre des ampoules plus puissantes. C’est parfois le jour et la nuit (excusez le jeu de mots) entre deux ampoules ! De même, vous pouvez installer des veilleuses et des parcours phosphorescents pour sécuriser les déplacements la nuit (par exemple pour aller aux WC).
- Faites vérifier son équilibre par un kinésithérapeute. Il vous dira s’il vaut mieux que la personne vive au rez-de-chaussée ou si elle peut encore utiliser les escaliers sans risque. Dans tous les cas, installez une rampe dans les escaliers ainsi qu’un bon éclairage.
Si les escaliers représentent un danger pour la personne, pensez à installer une barrière devant les escaliers. Sinon, il est probable qu’elle ne se souvienne plus que sa chambre est en bas et essaie de monter. - Adaptez le mobilier à ses troubles de l’équilibre. Votre proche ne sait peut-être plus se relever de son lit ou des toilettes. Vous pouvez alors lui proposer un lit médicalisé réglable en hauteur et avec une barre d’appui pour se lever ou tout simplement réhausser son lit avec des plots en bois. De même avec les chaises et fauteuils qu’il utilise. Pour les toilettes, vous pouvez utiliser un réhausse-WC… les adaptations sont nombreuses et il est possible d’adapter les meubles qu’il a sans dépenser une fortune (l’argent est souvent le nerf de la guerre…).
- Adaptez la salle de bains. 46% des chutes ont lieu dans cette pièce, alors qu’il y a de petits aménagements possibles qui sécuriseront votre proche. Le sujet est tellement important que j’y ai consacré tout un article ici.
- Une personne confuse peut facilement se pencher trop loin par-dessus une fenêtre ou par-dessus la balustrade d’un balcon. Lorsque la personne démente a une crise de panique, elle peut être tellement confuse qu’elle tentera de grimper par dessus la balustrade pour fuir ce qu’elle perçoit comme un danger. Pour la protéger, installer des serrures de sécurité sur les fenêtres et les portes de balcon. Dans certains cas, les fenêtres peuvent s’ouvrir en oscillo-battant sans avoir besoin de la clef, mais elles ne peuvent pas s’ouvrir en grand pour que la personne ne puisse pas passer par la fenêtre.
5- Adaptez son logement pour éviter les incendies.
- Assurez-vous que les détecteurs de fumée fonctionnent et que les piles sont neuves.
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Les personnes atteintes de démence peuvent essayer de cuisiner ou de réchauffer quelque chose. En fonction de l’avancement de leur maladie, ils peuvent mettre le feu avec une friteuse, en laissant un plat sur une plaque de cuisson allumée… Ils peuvent également mettre des objets métalliques dans un four à micro-ondes et le faire exploser…
Si vous ou un professionnel utilisez la cuisine, installez des plaques que vous pouvez verrouiller après utilisation. Les personnes âgées sont rarement habituées aux plaques à induction et votre proche ne saura donc a priori pas enlever la sécurité. Vous pouvez aussi demander à quelqu’un d’installer des minuteries sur les plaques et sur les autres appareils de cuisson (comme le micro-ondes), qui les éteignent après un certain temps.
Vous pouvez également brancher les appareils de cuisson sur une prise avec un interrupteur. Vous pouvez ainsi les éteindre quand vous ne les utilisez pas (pensez à cacher cet interrupteur derrière un meuble). - Si la personne fume, elle risque de s’endormir avec une cigarette allumée ce qui peut déclencher un incendie. Ce sont des choses qui arrivent vraiment ! Une connaissance à moi avait dû évacuer son immeuble en pleine nuit parce qu’un homme âgé s’était endormi avec sa cigarette et avait provoqué un incendie chez lui.
Si votre proche fume, aidez-le à arrêter. Certaines familles retirent les cigarettes de la personne et ne lui en procurent plus. Cela peut être difficile dans les premières semaines, mais c’est beaucoup plus sécurisant ensuite. Parfois même, les familles sont surprises. Si le paquet de cigarettes ne se trouve pas devant les yeux de la personne atteinte d’Alzheimer, elle oublie de fumer ou même, elle oublie qu’elle a fumé dans sa vie. D’autres familles permettent à la personne de fumer, mais uniquement sous surveillance. Attention, car la personne peut se sentir infantilisée et elle reste dépendante à la nicotine.
6- Attention au risque de brûlures !
- Bloquez le chauffe-eau à une certaine température pour que votre proche atteint d’Alzheimer ne puisse pas s’ébouillanter. Il est fréquent que la sensibilité des personnes âgées diminue, et ils peuvent donc facilement se brûler s’ils ne font pas attention. Et les personnes atteintes d’Alzheimer ne sont plus capables de faire attention…
- De même, contrôlez la puissance des radiateurs pour que votre proche ne puisse pas se brûler par contact.
- Installez des plaques à induction pour que votre proche ne puisse pas se brûler en posant sa main sur une plaque encore chaude après une cuisson.
- Retirez les objets qui peuvent devenir chauds (bouilloire en acier, bougie, poêles et casseroles dont le manche chauffe lors de la cuisson…).
7- Ne lui laissez pas la possibilité de s’enfermer à clef dans une pièce.
Si votre proche malade s’enferme dans une pièce, vous ne pouvez plus intervenir dans le cas où vous entendriez des bruits suspects. S’il s’est blessé en faisant tomber du verre au sol, ou s’il a fait une chute, vous êtes bloqué. Surtout s’il s’agit d’une pièce étroite, car vous ne pourriez alors pas défoncer la porte sans prendre le risque de le cogner.
Il vaut mieux enlever les serrures dans la maison, ou les bloquer de façon à ce qu’elles ne fonctionnent plus. C’est plus sécurisant ainsi.
8- Attention au risque d’empoisonnement avec les médicaments !
Vérifiez bien la capacité de votre proche à gérer son traitement. Il existe de nombreuses possibilités s’il oublie de prendre son médicament ou s’il le prend deux fois. Il y a les piluliers simples, les piluliers avec alarme, le passage d’une infirmière une fois par jour, le passage d’une infirmière pour chaque prise de médicament… J’en parle plus en détail dans cet article.
Le risque de se tromper dans la prise des médicaments est élevé. Et cela peut avoir des conséquences très graves avec certains traitements. Il vaut mieux ne prendre aucun risque et trouver une nouvelle solution dès les premiers soupçons.
Dans certains cas, la personne n’a plus aucun médicament chez elle et l’infirmière passe matin, midi et soir pour donner le traitement et rester jusqu’à ce que la personne l’ait avalé.
9- Attention au risque de fugue !
- La première chose pour éviter qu’il ait envie de sortir est de sortir avec lui régulièrement. Votre proche a certainement envie de faire de petites courses, de promener son animal… Si c’est une personne qui sortait beaucoup, elle peut avoir du mal à rester enfermée.
Pensez également à l’occuper la journée avec des jeux ou des tâches ménagères simples (vous aider à mettre la table, balayer le sol…). Cela rythmera ses journées. S’il ne s’ennuie pas, il sera moins attiré vers l’extérieur. - La personne atteinte d’Alzheimer fugue souvent pour se rendre là où elle a l’impression que se trouve son logement. Il est donc important qu’elle ait ses repères chez elle. Ne changez pas la décoration, laissez des objets personnels (et anciens) à disposition… Lors d’une disparition, les policiers demandent à la famille de remplir un questionnaire spécifique où il est demandé de noter les précédentes adresses de la personne, ses lieux de travail…
- Si la personne sort, il est possible de la munir d’un bracelet GPS. Cela permet de la localiser et de la retrouver si elle se perdait. Il existe différents types de modèles et de fonctionnement. J’en ferai un article ultérieurement. Certaines montrent envoie une alerte à l’aidant ou à un centre médical quand la personne sort de chez elle, certaines peuvent servir de téléphone pour rassurer le malade et l’accompagner vocalement jusqu’à son domicile….
- Attention ! Enfermer la personne chez elle sans lui laisser la clef est risqué ! Comment sort-elle en cas de catastrophe naturelle, en cas d’incendie ?
La personne dont la porte est fermée à clef s’énervera. Elle se sentira kidnappée. Et peut tenter n’importe quoi pour sortir de cette prison… en allant jusqu’à escalader les fenêtres tout en prenant le risque de tomber ! Elle pourra également appeler la police ou les pompiers… Peu de professionnels qui interviennent au domicile de votre proche accepteront de l’enfermer.
Si vous en êtes à envisager cette méthode, c’est qu’il est probablement temps pour la personne d’entrer dans un établissement où elle sera entourée de professionnels en permanence. Pour plus de conseils pour éviter le risque de fugues, rendez-vous sur cet article complet.
Savoir votre proche protégé de ces accidents domestiques vous rassurera. Beaucoup d’aidants veulent garder leur proche à domicile à tout prix… cela ne doit pas se faire en dépit de la sécurité de la personne âgée.
Si malgré toutes ces précautions la personne se met en danger, il faut revoir son projet d’avenir. La sécurité passe avant tout !
Merci beaucoup pour ces précieuses informations. Ma mère est atteinte de la maladie d’alzheimer et ce n’est pas facile de bien l’accompagner, d’autant que j’habite à 2h de chez elle. Je met en place beaucoup de choses, et je souhaite lui sécuriser au mieux le logement.
Cela va m’aider.
bonjour Laetitia
J ai exactement le même problème que vous:j habite a Paris et ma mere en Normandie.Son etat s aggrave doucement et elle vient de faire sa premiere chute sans gravité heureusement mais a été hospitalisée quelques jours ce qui n a pas arrange son etat.
Je voulais savoir comment avait évolué votre maman en un an et si vous aviez pris des dispositions supplémentaires pour sa securite.
Merci
Merci pour les informations que vous donnez. Mon époux que je pense dément depuis de nombreuses années mais qui a réussi à duper jusqu’au médecin jusqu’à il y a quatre mois, a mis le feu dans le salon ce matin. Heureusement, l’alarme m’a tirée du lit, il y avait déjà beaucoup de fumée et j’ai pu malgré tout, jeter sur le balcon, le panier à bois où le feu avait pris. Le feu a eu le temps de bousiller un mur et d’attaquer mon canapé tout neuf.
Mon mari ne reconnaît pas qu’il a dû faire une bêtise, par exemple mettre des braises en contact avec le bois, il hurle et me menace. Les pompiers sont venus. Avec eux, il était doux comme un agneau.
Cette nuit, j’ai très peur pour ma vie et je n’arrive pas à dormir.
Mes enfants veulent que je me sauve et le laisse.
Que faire ?
Bonjour, est-ce qu’il y a un centre de consultation de la mémoire près de chez vous ? Ou un gériatre ? Cela serait bien de voir un médecin qui ne connait pas votre mari (et n’a donc pas de sympathie particulière) pour entendre vos deux versions. Les médecins spécialisés dans les troubles de type démence savent que la personne malade peut bien cacher son jeu.
Votre mari ne ment pas forcément quand il dit qu’il n’a rien fait de mal. Il ne s’en souvient peut-être tout simplement pas.
Ou alors, il peut avoir peur de ses troubles et des conséquences qu’il pourrait y avoir s’il y a un diagnostic de fait.
J’espère que vous trouverez une solution.