Conséquences et causes de décès suite à une fracture du col du fémur
Comprendre la fracture du col du fémur
La nature et les causes de la fracture

La fracture du col du fémur, une blessure à l’extrémité supérieure de l’os de la cuisse, peut survenir au niveau du col — la partie fine connectant la tête du fémur au bassin — ou au trochanter, la zone massive liant le col à la longueur de l’os.
Cette fracture nécessite souvent une opération chirurgicale pour réparer l’os fracturé et récupérer la fonctionnalité de la hanche.
Les causes varient : elles peuvent aller d’un choc violent, tel qu’un accident, à une chute plus banale due à une perte d’équilibre ou un glissement.
Chez les personnes âgées, la cause principale de fracture du col du fémur est une chute de sa propre hauteur.
En effet, si un accident violent doit avoir lieu pour causer une fracture chez un sujet jeune, ce n’est pas le cas pour les personnes âgées.
Dès 55 ans, le risque de fracture est plus important lors des chutes, à cause du vieillissement et de l’ostéoporose.
Chez les séniors, l’ostéoporose, qui fragilise les os en les rendant plus poreux, est la cause principale, affectant principalement les femmes post-ménopausées à cause de la baisse des hormones féminines essentielles à la protection osseuse.
Les populations à risque et les facteurs aggravants
Cette condition touche fréquemment l’adulte âgé. En France, on dénombre annuellement plus de 50 000 nouvelles fractures du col du fémur, 75 % d’entre elles concernant des femmes.
Le vieillissement accroit significativement le risque de cette fracture, en particulier passé 85 ans.
Certains facteurs peuvent élever le risque de fracture, notamment :
- L’ostéoporose, affaiblissant la solidité des os
- Une propension à chuter due à des troubles de l’équilibre, de la vision, de l’audition, de la mémoire ou de la motricité
- Des antécédents de fracture de la hanche, personnels ou dans la famille
- L’isolement social, la perte d’autonomie ou la vie en institution
- Le tabagisme, l’abus d’alcool, une mauvaise nutrition ou l’usage de certains médicaments
Prévenir cette fracture passe par le dépistage et le traitement de l’ostéoporose, la réduction des risques de chutes, le maintien d’une activité physique et d’une alimentation saine, et des consultations médicales régulières.
Le temps passé au sol : un indicateur du risque de décès ?
Malheureusement, il arrive fréquemment que des personnes passent de nombreuses heures au sol.
La personne peut être assez peu vêtue sur un sol froid (si elle sortait du lit pour aller aux WC).
Elle peut être humide d’urine (avec une incontinence liée au choc, ou une impossibilité de se retenir si la personne reste au sol très longtemps).
Elle peut être déshydratée, si elle passe 24h au sol en plein été.
Tout cela peut engendrer des complications immédiates, mais aussi à moyen terme. La personne choquée peut développer une peur panique de la chute et perdre très rapidement en autonomie. Cela peut aller jusqu’au décès également.
Dans la suite de cet article, je vais développer ces différentes complications potentiellement mortelles et suggérer des pistes préventives pour diminuer énormément le risque de décès lié à une fracture du col du fémur.
Fracture du col du fémur : les risques immédiats.
Les complications immédiates d’une fracture du col du fémur sont relativement rares, mais peuvent être très graves.
Une fracture du col du fémur nécessite une intervention chirurgicale urgente pour éviter de graves complications, parmi lesquelles :
- La nécrose de la tête du fémur, qui correspond à la mort des cellules osseuses faute de vascularisation.
- Une infection de la hanche ou du site d’intervention pouvant se propager à d’autres parties du corps.
- L’embolie pulmonaire, ou l’obstruction d’une artère pulmonaire par un caillot de sang.
D’autres complications peuvent également survenir, sans lien direct avec la fracture, mais plutôt avec la chute et l’immobilisation prolongée au sol :
-
Complications pulmonaires : Si la personne est restée longuement au sol suite à sa fracture du col du fémur, il y a risque de pneumonie. La pneumonie est une infection pulmonaire potentiellement mortelle. D’autres infections sont possibles également.
-
Complications circulatoires : L’immobilisation prolongée due à la fracture du col du fémur peut également augmenter le risque de thrombose veineuse profonde (TVP), qui est la formation d’un caillot sanguin dans les veines profondes des jambes. Si un caillot sanguin se détache, il peut se déplacer vers les poumons et causer une embolie pulmonaire, une condition potentiellement mortelle.
-
Complications cardiaques : La douleur et le stress associés à une fracture du col du fémur peuvent également augmenter le risque de complications cardiaques chez les personnes qui ont déjà des problèmes cardiaques.
Ces complications auront beaucoup plus d’impact sur les personnes fragiles. Le risque de décès est 4,6 fois plus important chez une personne présentant une pathologie chronique.
Pourquoi meurt-on d’une fracture du col du fémur des mois après la chute ?
Une fracture du col du fémur peut impacter l’espérance de vie en augmentant le risque de perte d’autonomie, de dépendance, et d’isolement social. Bien que cette fracture ne mette pas directement en péril la vie du patient, elle accélère sa dégradation sanitaire et augmente le risque de décès.
Le taux de mortalité varie de 15 à 58 % dans l’année suivant l’intervention, avec un pic de mortalité observé au douzième mois post-fracture. Les taux de mortalité sont plus élevés chez les hommes que chez les femmes, et chez les patients ayant reçu une prothèse totale de hanche par rapport à ceux traités par ostéosynthèse.
Perte d’autonomie temporaire ou permanente.
La fracture du col du fémur entraîne forcément une immobilisation le temps de la consolidation des os. En fonction du type de fracture et de la santé de la personne, ce temps peut être plus ou moins long.
Malheureusement, durant cette immobilisation, la personne âgée perd en masse musculaire et en capacités cardiaques. Il peut donc être très difficile pour elle de se déplacer à nouveau, quand cela lui est permis, à cause d’essoufflements importants. Cela demande une remise à l’effort progressive pour petit à petit augmenter son périmètre de marche. Mais c’est une longue rééducation qui peut être éprouvante moralement. La personne n’aura pas toujours la volonté et la capacité physique de retrouver ses capacités d’autrefois. D’autant plus que pendant ce temps, la personne âgée n’est pas à l’abri d’autres pathologies et infections qui peuvent l’affaiblir elles aussi.
Avec l’immobilisation puis la réduction du périmètre de marche, la personne est beaucoup moins autonome. Elle a besoin d’aide pour tous les actes du quotidien.
Malheureusement, certaines personnes âgées ne reconnaîtront pas qu’elles ne sont plus autonomes. Elles diminueront la fréquence de leur repas, pour ne pas avoir à se déplacer et parce que les repas préparés rapidement ne leur donnent pas d’appétit. Elles ne parviendront pas à se laver convenablement et développeront des mycoses ou des infections urinaires. Elles ne se déplaceront pas suffisamment et développeront des escarres.
Le risque d’affaiblissement et de décès suite à une infection est conséquent.
Le syndrome de glissement.
Le syndrome de glissement est mortel dans 80% des cas.
C’est un syndrome qui se développe suite à un choc ou à un bouleversement dans la vie d’une personne âgée.
La personne semble ne plus vouloir se battre. Elle perd en autonomie et en volonté d’aller mieux. Elle réduit ses activités qui ne l’intéressent plus.
Petit à petit, elle ne se nourrit plus. Elle ne se lève plus du lit ou du fauteuil. Elle ne se lave plus.
80% des personnes atteintes décèdent en moins d’un mois de complication lié à une infection ou à affaiblissement important lié à la dénutrition et à l’immobilité prolongée.
Le rôle des comorbidités dans le pronostic
Le pronostic d’une fracture du col du fémur se base sur divers facteurs, tels que l’âge, le type de fracture, le traitement, la rapidité de prise en charge, la qualité de la rééducation et du suivi médical. Toutefois, l’état de santé général du patient avant la fracture est déterminant.
Les comorbidités, ou les maladies associées, influent considérablement sur le risque de complications et de mortalité. Les plus courantes d’entre elles sont :
- Les maladies cardiovasculaires, telles que l’hypertension, l’insuffisance cardiaque, l’infarctus, ou l’AVC.
- Les troubles respiratoires comme l’asthme, la bronchite chronique, ou l’insuffisance respiratoire.
- Les maladies neurologiques, y compris la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la démence, ou l’épilepsie.
- Les troubles métaboliques, comme le diabète, l’obésité, ou l’hypercholestérolémie.
- Les pathologies rénales, incluant l’insuffisance rénale et les calculs rénaux.
- Les affections digestives, telles que l’ulcère, la cirrhose, ou la pancréatite.
- Les maladies infectieuses, comme le VIH, l’hépatite, ou la tuberculose.
- Les maladies rhumatismales, dont l’arthrose, la polyarthrite rhumatoïde, ou la goutte.
- Les troubles psychiatriques, tels que la dépression, l’anxiété, ou la schizophrénie.
La présence de comorbidités peut aggraver la situation du patient, prolonger sa convalescence, réduire son adhérence au traitement et à la rééducation, et augmenter le risque de nouvelles fractures. Ainsi, il est crucial d’évaluer et de traiter efficacement les comorbidités du patient tout en effectuant un suivi régulier.
Comment diminuer le risque de décès suite à une fracture du col du fémur ?
Prévenir la chute et diminuer sa gravité
Le plus simple pour éviter de devoir gérer l’après-chute… c’est d’éviter que la chute se produise. Ou qu’une nouvelle chute se produise !
Pour cela, on passe souvent par un aménagement du logement et des habitudes. Les chutes ont le plus souvent lieu dans la salle de bains, c’est donc la pièce à adapter en priorité. Vous trouverez tout un article sur l’aménagement d’une salle de bains (avec des astuces petits budgets) ici.
Bien sûr, les escaliers font également partie des priorités puisque les chutes y sont plus graves. Veillez à adapter la luminosité. Il faut que les escaliers soient bien éclairés, mais éviter une lumière blanche trop forte qui peut aveugler. Enlevez les tapis, placez des barres d’appui (que la personne pourra utiliser en cas de malaise ou de faiblesse).
Faites attention à la présence de fils au sol dans la maison, aux tapis qui ne sont pas fixés et peuvent glisser (le mieux est de les enlever, mais c’est souvent difficile de négocier sur le sujet avec les personnes âgées… alors on s’arme de scotch double-face).
Si la personne a tendance à courir pour aller aux WC, on l’équipe de chaise percée dans les pièces les plus fréquentées.
Une activité physique adaptée permettra également à la personne âgée d’être plus stable et de s’essoufler moins facilement. Cela réduit nettement le risque de chute.
Enfin, une alimentation saine et une supplémentation en vitamine D sont essentielles pour prévenir l’ostéoporose et donc la fragilité de l’os.
Diminuer le temps d’immobilisation suite à une chute
Ce qui cause l’immobilisation prolongée, c’est l’incapacité pour la personne au sol d’appeler à l’aide. Dans ce cas, les aidants ne se rendent compte de l’accident que par hasard, au bout de plusieurs appels restés sans réponse. Si la personne est tombée dans la nuit, il peut se passer beaucoup de temps avant qu’on ne cherche à la joindre au téléphone.
De nombreux systèmes à détection de chutes se sont développés pour avertir une tierce personne en cas d’évènement suspect.
La personne peut ainsi appeler à l’aide avec une montre ou un collier anti-alarme. Certaines montres captent également lorsqu’il y a une chute et lance l’alerte même sans action de la personne âgée (ce qui est pratique en cas de perte de conscience, ou si la personne a des troubles cognitifs et ne penserait pas à appuyer sur son bouton d’alarme).
Il existe également des systèmes à installer sur les portes qui détectent quand une personne ne se déplace pas d’une pièce à l’autre comme elle le ferait d’habitude et qui avertit une tierce personne de cette situation.
Il est important de donner un double des clefs à une personne qui peut intervenir rapidement au domicile de la personne âgée.
Les traitements disponibles et leur efficacité
La fracture du col du fémur nécessite souvent une chirurgie. Il y a principalement deux options de traitement :
- L’ostéosynthèse : cette procédure utilise des vis, des clous ou des plaques pour fixer les fragments osseux, favorisant la conservation de l’os naturel du patient. Elle exige une qualité osseuse satisfaisante et un alignement précis des fragments. Cependant, elle peut entraîner un risque de non-consolidation ou de nécrose de la tête fémorale.
- La prothèse de hanche : cette méthode remplace la tête du fémur endommagée par une pièce artificielle, en métal ou en céramique, rétablissant la mobilité de l’articulation. Bien qu’elle permette de retrouver une certaine liberté de mouvement, elle implique une perte osseuse et expose à des risques comme le descellement de la prothèse ou une infection.
Le choix entre ces options dépend de facteurs variés, tels que l’âge du patient, son état général de santé, le type de fracture, la qualité de l’os et ses préférences personnelles. Il est crucial d’engager le traitement rapidement, idéalement dans les 48 heures suivant la fracture, pour minimiser les risques de complications et accélérer la récupération.
Stratégies de réhabilitation et d’accompagnement
Une rééducation et un suivi personnalisés sont essentiels après l’opération pour permettre au patient de regagner son autonomie et améliorer sa qualité de vie.
Même si l’os est réparé, la personne ne retrouvera pas son autonomie du jour au lendemain.
Une rééducation doit avoir lieu pendant et après la guérison de la fracture, par l’intermédiaire de séances de kinésithérapie. Avant consolidation totale, l’objectif sera de mobiliser les autres articulations pour éviter les complications. Le but est également d’apprendre à la personne à se déplacer avec des aides techniques de type déambulateur et canne.
Une fois que la personne peut se déplacer sans risque pour sa fracture, il faut qu’elle se réentraine à l’effort. L’immobilisation prolongée l’a affaiblie et elle risque d’être rapidement essoufflée.
L’accompagnement rééducatif inclut :
- La mobilisation passive et active de la hanche, du genou et de la cheville, pour contrer les raideurs et atrophies musculaires.
- Les exercices de renforcement musculaire, visant à renforcer la jambe opérée pour plus de stabilité et de force.
- Les exercices d’équilibre et de coordination, essentiels pour prévenir les chutes et les fractures ultérieures.
- La rééducation à la marche, avec ou sans soutien (canne, déambulateur), assurant une mobilité sûre au patient.
- Rééducation à l’effort : la personne s’est fragilisée avec l’immobilisation prolongée.
La rééducation peut être effectuée en milieu hospitalier, en centre spécialisé ou à domicile, en fonction de la situation et des besoins du patient. Elle doit être dirigée par un kinésithérapeute et contrôlée régulièrement par le médecin traitant. L’entourage du patient joue un rôle clé dans le soutien quotidien et la motivation tout au long de sa rééducation. Des aides sociales, telles qu’une assistance à domicile ou une aide ménagère, peuvent être mobilisées si nécessaire.
Si votre proche n’est pas en centre de convalescence et de rééducation, aidez-le à contacter un kinésithérapeute qui se déplacera à domicile. N’hésitez pas à être présent à l’une des séances si vous souhaitez demander des informations sur ce que votre proche peut faire ou non comme mouvement.
Ensuite, incitez votre proche à partager les tâches du quotidien avec vous. Lors de vos visites, demandez-lui de l’aide pour la vaisselle plutôt que de la faire seul(e). Cela l’incitera à être debout sans pour autant faire un gros effort. Demandez-lui de vous préparer un café. Invitez-le au restaurant (il devra marcher de la voiture à la table). Puis proposez-lui un tour du quartier pour aller chercher du pain ou des fruits.
Combler les besoins d’une personne en perte d’autonomie
Avant la sortie de l’hôpital, n’hésitez pas à demander l’aide d’une assistante sociale pour mettre en place toutes les aides nécessaires pour assurer le maintien à domicile de votre proche.
L’APA d’urgence pourra être déclenchée pour financer des heures de passage à domicile pour le ménage ou la préparation des repas. Un SSIAD ou des infirmiers à domiciles pourront venir effectuer la toilette et les soins.
Expliquez de suite à votre proche que vous ne pouvez pas l’aider dans toutes ses activités de la journée et que vous avez besoin d’aide professionnelle. Insistez sur le fait qu’il sera possible de diminuer progressivement le nombre d’aides au fur et à mesure de sa convalescence. Cela rassure la personne de savoir que tout est provisoire. Expliquez-lui que pour sa santé, il a actuellement besoin d’aide tout comme il en avait besoin à l’hôpital. Le fait de rentrer au domicile ne change rien à son autonomie. Mais cela ira de mieux en mieux avec le temps.
Si besoin, voyez avec une assistante sociale pour que votre proche soit transféré dans un établissement de convalescence. Certaines personnes âgées acceptent l’aide tant qu’elles sont hospitalisées ou en structure, mais n’acceptent personne chez elle. Certaines personnes également ont peur de rentrer chez elles trop rapidement, surtout quand elles vivent seules et que le lieu leur rappelle la chute.
Prévenir et soigner le syndrome de glissement
Aider la personne à retrouver ses capacités diminuera le risque de syndrome de glissement.
Mais il ne faut pas oublier que la personne âgée est potentiellement traumatisée par l’expérience qu’elle vient de vivre. Au-delà de la peur de tomber à nouveau, votre proche se sent potentiellement faible et inutile. Il se rend compte de l’emprise de l’âge sur son corps et peut se demander à quoi bon prolonger l’existence.
Ce sentiment est d’autant plus important si sa chute l’a privé d’activité qu’il aimait réaliser ou de sorties. Peut-être n’a-t-il pas pu voir ses amis du quartier pendant tout ce temps.
Votre proche peut avoir besoin de l’accompagnement d’un professionnel pour parler de ces ressentis.
Il a aussi besoin de la présence soutenante de personnes positives qui lui montreront tout ce qu’il est encore capable de faire, qui l’aideront à surmonter ses peurs et qui le motiveront à reprendre des activités qui lui faisaient plaisir auparavant.
Accompagner une personne en syndrome de glissement n’a rien de facile. Mais ne rien faire, c’est la condamner à un décès précoce avec une qualité de vie très faible pour sa fin de vie.
J’espère que cet article aura non seulement répondu à la question « pourquoi meurt-on d’une fracture du col du fémur » mais vous aura aussi aidé à diminuer ce risque. La prévention et l’accompagnement bienveillant éviteront de nombreux décès prématurés et vous permettront de passer encore du temps de qualité avec votre proche.
Très clairement expliqué merci.
merci pour tous ces renseignement…