Amélie Wallyn

Comment aider une personne âgée quand elle perd la mémoire ?

La perte de mémoire, surtout chez les personnes âgées, est un défi complexe et émotionnel tant pour les individus affectés que pour leurs familles.

Quand la perte de mémoire est constatée, on pense très rapidement à la maladie d'Alzheimer. Mais il ne s'agit pas de la seule cause des oublis des personnes âgées. Ces oublis peuvent être anodins, ou passagers. Ou être liés à une autre maladie.

En reconnaissant ces symptômes, en identifiant la cause et en mettant en place un soutien adapté, il est possible de préserver l'autonomie et la dignité des aînés.

Comprendre la perte de mémoire chez la personne âgée

Les causes courantes de la perte de mémoire

comment aider une personne qui perd la mémoireLes facteurs à l’origine de la perte de mémoire chez les personnes âgées sont nombreux et variés. 

Le mode de vie a un impact significatif. Le cerveau a besoin d’être sollicité pour continuer à fonctionner. Malheureusement, beaucoup de personnes âgées s’isolent (volontairement ou non) et réduisent leurs activités. Elles n’ont plus assez besoin de réfléchir pour préserver les capacités de leur cerveau.

La prise de certains médicaments, comme les somnifères, les antidépresseurs ou les anxiolytiques, peut induire des troubles de la mémoire. De même, la fatigue, l’insomnie et les apnées du sommeil sont des causes courantes.

Le stress, l’anxiété et la dépression peuvent affecter la mémoire et la concentration, ainsi que la santé physique en général.

Les carences en vitamines B1 et B12, essentielles pour le fonctionnement neurologique normal, peuvent également contribuer à la perte de mémoire en cas de déficit.

L’abus d’alcool, de tabac ou de drogues peut causer des troubles cognitifs à divers degrés.

Enfin, des conditions médicales sous-jacentes comme des traumatismes crâniens, des infections cérébrales, des tumeurs ou des maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer ou la démence à corps de Lewy, peuvent être responsables de troubles de la mémoire chez les seniors.

Faire la différence entre perte de mémoire et d’autres troubles

Une personne déshydratée peut se retrouver très confuse. C’est également le cas en cas d’infection (type infection urinaire) chez une personne âgée fragile. Cela peut aller très vite. Cette confusion empêchera la personne de se concentrer, d’être cohérente et de mémoriser quoi que ce soit. Des troubles qui apparaissent ainsi brutalement doivent impérativement être signalés rapidement à un médecin pour soigner l’infection / réhydrater / mais aussi pour vérifier qu’il n’y a pas un autre problème médial de type AVC ou rupture d’anévrisme en cours.

Une surdité peut aussi faire penser à une perte de mémoire. L’aidant s’étonne que son proche ne se souvienne plus de ses rendez-vous, qu’il semble avoir oublié qu’on lui a parlé d’un sujet 5 minutes après… en vérité la personne n’a pas oublié, elle n’a juste jamais entendu les informations.  Et comme souvent les personnes âgées sont gênées d’admettre qu’elles n’entendent pas et de faire répéter…

Aussi, attention à l’intérêt que la personne âgée porte à l’information. Elle peut ne pas se souvenir du sport pratiqué par ses petits-enfants, si de toute façon elle ne les voit pas et ne connait pas ce sport. Elle n’a pas fait l’effort de le mémoriser. De la même façon, elle peut ne plus savoir ce qu’elle a mangé à midi. Ses journées se ressemblent toutes et elle mange par obligation plus que par plaisir. Elle aura pris un plat au hasard dans son réfrigérateur et l’aura oublié sitôt avalé. 

Comment aborder le sujet avec sensibilité

Reconnaître les signaux sans porter de jugement

Il est fondamental d’aborder la question de la perte de mémoire chez les personnes âgées avec délicatesse pour préserver leur dignité et leur bien-être. Identifier les signes de troubles de la mémoire sans préjugés est essentiel. Des symptômes tels que l’oubli d’événements récents, la confusion, les difficultés à reconnaître des proches, ou l’incapacité à percevoir sa propre perte de mémoire doivent être accueillis avec empathie et compréhension.

Il est vital de distinguer ces symptômes d’une simple étourderie, car ils peuvent être les premiers signes d’une condition plus sérieuse, comme la maladie d’Alzheimer. En étant attentif sans pour autant alarmer, vous encouragez la personne à consulter un professionnel de santé sans la stigmatiser ou la faire se sentir exposée. Et sans s’auto-diagnostiquer avant même les premiers examens.

Conseils pour engager la conversation

Entamer une discussion sur la perte de mémoire avec une personne âgée demande une approche soignée et respectueuse. Voici quelques conseils pour aborder ce sujet de façon constructive :

Choisir le bon moment : Préférez un moment où la personne est détendue et ouverte à la discussion. Évitez les périodes de stress ou de fatigue, susceptibles de compliquer la conversation. Ne choisissez pas un moment où elle vient d’oublier quelque chose où elle pensera que vous ne lui parlait qu’à cause d’un seul oubli. Cette conversation peut prendre du temps. Choisissez un moment où personne ne viendra vous déranger.

Utiliser un ton empathique : Adressez-vous à elle avec empathie et compréhension, en évitant des termes pouvant être perçus comme stigmatisants. Exprimez votre soutien et votre inquiétude par des phrases telles que « Je me fais du souci pour toi » ou « Je suis là pour t’aider ».

Faire preuve de patience : La conversation peut nécessiter du temps et de la patience. Permettez à la personne de partager ses sentiments et ses préoccupations sans interruption ni pression.

Proposer un soutien concret : Proposez des aides pratiques, comme l’accompagnement à une consultation médicale. Cela peut rassurer la personne et renforcer son sentiment de soutien.

Respecter son autonomie : Il est essentiel de respecter l’indépendance de la personne et de ne pas la considérer comme incapable de prendre ses propres décisions. Encouragez sa participation aux discussions et décisions relatives à sa santé et à son bien-être. Elle n’a pas besoin de se décider à consulter dans la semaine. Il vaut mieux qu’elle prenne son temps, mais qu’ensuite elle adhère aux soins.

Si elle ne reconnait pas ses troubles :

personne âgée qui perd la mémoireIl est possible que la personne soit dans le déni, ou qu’elle ne veuille pas vous avouer ses troubles. Elle sait qu’il y a un problème, mais n’en parlera pas.
Il faut déterminer pourquoi elle cache ses pertes de mémoire. Est-ce qu’elle a peur que vous ne la fassiez déménager en EHPAD ? Est-ce qu’elle a peur de vous ajouter un fardeau sur les épaules ? Est-ce qu’elle a peur de devenir une personne faible qui ne sert plus à rien ? Est-ce qu’elle estime juste que ca ne vous regarde pas ? Est-ce qu’elle pense qu’il n’y a rien à faire de toute façon ?
Déterminer la cause vous aidera à trouver les bons mots pour la rassurer. Cela contribuera à lui faire accepter les examens médicaux.

Mas il est aussi possible que ce soit déjà la maladie qui l’empêche de percevoir ses symptômes. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer présentent souvent une anosognosie. Elles n’ont pas conscience de leur maladie et leur cerveau comble les trous de mémoire, trouve des raisons aux choses étonnantes qui se produisent. Ce n’est pas volontaire de la part de la personne.

L’anosognosie complique les soins et le diagnostic. La personne ne veut pas consulter puisqu’elle va bien. Dans ces cas là, il est possible de dire que le médecin va faire un bilan sanguin globale pour vérifier l’état de santé de la personne. Qu’il y a tel ou tel bilan à faire tous les X temps à partir de tel âge, etc. Cela n’empêchera pas de lui annoncer en douceur les résultats de ces examens. (Puis de ne plus en parler si cela la met en colère à cause de l’anosognosie).

Stimuler la mémoire et l’engagement

Une fois la perte de mémoire constatée, on se demande souvent quoi faire. 

Qu’il s’agisse d’une maladie d’Alzheimer ou non, qu’il y ait une maladie ou non, la stimulation cognitive est un bon point de départ.

Comme je l’ai dit plus haut, le cerveau a besoin d’être en activité. Un peu comme un muscle qui dégonfle si on arrête le sport pour passer ses journées dans le canapé. 

Seulement, stimuler la mémoire de la personne, ca s’apprend. 

Il ne s’agit pas de faire n’importe quel jeu. Mais il faut choisir une activité qui est centrée sur la mémoire. Qui est suffisamment difficile pour faire travailler la personne sans être trop difficile pour la décourager et la mettre en échec. Qui ne l’épuise pas. Qui lui donne envie de faire encore de telles activités au fil du temps (car la stimulation doit être réalisée tout au long de la vie).

Il est aussi important de se rappeler qu’il n’y a pas que la mémoire à stimuler. Bien souvent, les maladies qui entrainent des oublis impactent aussi les autres fonctions cognitives. Aider une personne qui perd la mémoire, c’est donc aussi l’aider à se concentrer, à communiquer, à s’orienter dans le temps, à être capable de se rappeler de la fonction de chaque objet et de la façon dont il faut le manipuler, etc.

Activités cognitives adaptées

Stimuler efficacement la mémoire et l’engagement des seniors implique une diversité d’activités cognitives spécifiquement choisies pour répondre à leurs besoins et intérêts. 

Les jeux de société peuvent être utilisés pour stimuler les fonctions cognitives. Les jeux de mémoire, comme le Memory, sont parfaits pour booster différents types de mémoire. Adaptés au niveau cognitif de chaque participant, ils offrent un divertissement tout en sollicitant l’esprit.
La difficulté est de trouver le jeu qui stimule la fonction cognitive souhaitée, avec le bon niveau de difficulté. Il faut que les règles soient simples à comprendre car la personne âgée n’a pas envie de se lancer dans un apprentissage (et n’en est plus capable si elle a des troubles cognitifs). Il faut également trouver le temps pour jouer à suffisamment de jeux pour que ce soit stimulant. 

Les activités artistiques, incluant le dessin, la peinture, la danse ou la musique, offrent également des stimulations cognitives. Elles activent différentes zones cérébrales et luttent contre l’ennui en proposant une gamme d’expériences enrichissantes. Reproduire une oeuvre stimule par exemple l’orientation spatiale et la concentration. Danser stimule l’orientation dans l’espace et la mémoire pour retenir les pas d’une chorégraphie. 

Amélie Wallyn methode malo, outil stimulation cognitive personnes AlzheimerLa Méthode MALO a été conçue pour permettre à l’aidant de stimuler son proche facilement en 40 minutes par semaine. Les activités sont ludiques et ne demandent aucun matériel. L’objectif est que l’aidant et l’aidé passent un bon moment ensemble, en stimulant la personne malade, et sans stress supplémentaire pour l’aidant. 

Encourager les souvenirs à travers la musique

La musique est une méthode efficace pour raviver les souvenirs et stimuler la mémoire chez les seniors. Écouter des chansons ou des mélodies familières peut réactiver les connexions neuronales liées aux expériences vécues, facilitant ainsi le rappel de moments spécifiques. La musique a le pouvoir d’évoquer des émotions et de créer des associations, ce qui la rend particulièrement bénéfique pour améliorer l’humeur et les capacités cognitives.

Chanter, activité ludique et engageante, sollicite à la fois la mémoire musicale et verbale. Chanter des titres familiers peut non seulement améliorer l’humeur mais aussi renforcer les liens sociaux au sein d’un groupe.

La personne peut également juste taper des pieds en rythme, ou se laisser aller à danser si elle en sent le désir. 

La musique peut être utilisée au sein d’autres ateliers pour donner du rythme à un atelier sportif, ou compliquer une stimulation cognitive.

Adopter des stratégies de communication efficaces

Éviter la confrontation et adopter une approche empathique

Communiquer efficacement avec une personne âgée qui perd la mémoire demande une approche à la fois délicate et empathique. Il est essentiel d’éviter les confrontations, susceptibles d’aggraver la situation et de générer des tensions.

Plutôt que de pointer du doigt les erreurs de mémoire, mieux vaut valider les sentiments de la personne et faire preuve d’empathie. Par exemple, face à des souvenirs confus sur un événement ou une personne, privilégiez la validation de l’émotion plutôt que la correction des faits.

Il est également essentiel de garder un ton calme et patient, même dans les moments tendus, en évitant toute marque d’irritation. La personne n’est pas responsable de ses pertes de mémoire. Si elle en a conscience, ces oublis doivent la chagriner ou lui faire peur. Et sinon, elle a juste la sensation de dire la vérité et que vous inventez n’importe quoi pour la faire douter.

L’utilisation de phrases courtes et simples, tout en évitant les questions complexes, contribue à réduire la confusion et la frustration. Si la phrase est simple, la personne vous comprendra mieux et donc répondra mieux.

Il est recommandé de créer un environnement calme et sans distractions, favorisant ainsi la concentration sur la conversation et une meilleure compréhension des informations échangées. Si la personne écoute la télévision pendant que vous parlez, elle mélangera les informations et ne parviendra pas à mémoriser ce que vous lui avez dit.

Techniques de validation pour gérer les oublis et les émotions qui en découlent.

Face à la confusion ou aux délires, l’emploi de techniques de validation s’avère très bénéfique. La redirection, elle, permet de gérer ces situations avec douceur.

La validation est le fait de mettre un mot sur ce que la personne ressent. « Je comprends que cela t’angoisse de ne pas retrouver tes affaires. Tu dois être en colère sur la personne que tu penses responsable ».

La personne se sent ainsi comprise. Peu importe que la vérité est qu’elle perd la mémoire et ne se souvient juste pas qu’elle a déplacé elle-même ses affaires. Sur le moment, elle souffre. Elle a peur. Elle est en colère. Elle a besoin d’être écoutée et rassurée. De savoir que quelqu’un est là pour la protéger, la soutenir ou trouver une solution.

Si la personne évoque quelqu’un de décédé comme s’il était encore vivant, vous pourriez dire : « Tu sembles avoir de bons souvenirs avec cette personne. Raconte-moi un peu plus… ». Vous ne l’empêchez ainsi pas de parler de quelqu’un qui lui manque. Elle peut faire revenir à elle cette personne à travers ses souvenirs d’elle. Et elle se plonge dans des souvenirs heureux et apaisants, le temps de se sentir de nouveau assez bien pour affronter le présent. 

Une fois la personne écoutée et un peu apaisée, vous pouvez enchaîner pour lui permettre de trouver du bonheur dans le présent. Proposez une collation, une promenade, un soin des mains. Tout ce qui peut l’aider à rester détendue.

Maintenir l’autonomie et la dignité

Encourager les tâches quotidiennes et les hobbies

Maintenir l’autonomie et la dignité des personnes âgées en perte de mémoire signifie les encourager à participer aux tâches quotidiennes et à continuer leurs hobbies. Les impliquer dans des activités domestiques simples, telles que plier le linge, dresser la table ou arroser les plantes, peut renforcer leur sentiment d’utilité et d’estime de soi. Ces tâches simples aident à préserver leur indépendance et leur confiance en eux.

Les hobbies et les loisirs jouent un rôle important dans le maintien de l’autonomie et de la dignité. Encourager les personnes âgées à s’adonner à des activités qu’elles apprécient, telles que la peinture, la couture, le jardinage ou la musique, contribue à garder leurs capacités cognitives et motrices actives. De plus, ces activités stimulent l’esprit et encouragent une vie sociale dynamique, éléments clés pour le bien-être émotionnel.

Les activités physiques douces, comme la marche ou la gym adaptée sont aussi recommandées. Elles contribuent au maintien de la force musculaire, de l’équilibre et de la mobilité, réduisant ainsi les risques de chutes et de dépendance.

La personne perd la mémoire, mais elle garde sa dignitié. Se retrouver dépendante en tout ne l’aidera pas à se sentir bien dans son corps, ni à avoir envie d’entretenir ce qui lui reste de mémoire. Et si elle baisse les bras, attention au risque de glissement.

Adapter les activités à la progression de la perte de mémoire

Il est essentiel d’adapter les activités aux besoins évolutifs de la personne à mesure que la perte de mémoire s’intensifie. Simplifier les tâches en les divisant en étapes plus petites et plus simples peut diminuer la confusion et la frustration. Par exemple, aider la personne à suivre une recette simple, étape par étape, si elle rencontre des difficultés à préparer un repas complet.

L’utilisation d’aides visuelles et de rappels peut s’avérer bénéfique pour aider la personne à se souvenir des événements importants et à maintenir ses routines quotidiennes. Ces outils visuels peuvent être ajustés au fur et à mesure que les besoins de la personne changent.

La collaboration avec des professionnels, tels que des ergothérapeutes ou des neuropsychologues, est précieuse pour adapter les activités en fonction de l’évolution de la maladie. Ces experts peuvent évaluer les capacités de la personne et proposer des activités sur mesure qui stimulent de manière adéquate ses facultés cognitives et motrices. Ils peuvent vous donner des pistes pour aider la personne à continuer de cuisiner grâce à quelques aménagements, à laver sa maison avec vous ou l’auxiliaire. 

De nombreux aménagements ou stratégies existent pour permettre à la personne de continuer à participer. La personne a besoin de faire des choses, de continuer à vivre malgré les pertes de mémoire.

Mettre en place un environnement soutenant

Sécuriser l’espace de vie pour prévenir les accidents

Assurer un environnement sécurisé et bien adapté est primordial pour les seniors avec des troubles de la mémoire. Cela signifie adopter plusieurs stratégies pour éviter les accidents et rendre l’espace de vie plus accessible.

Les troubles de la mémoire sont souvent liés à des troubles de l’attention. Il est essentiel d’éliminer les risques de chute en dégageant les obstacles au sol, en mettant en place des barres d’appui dans les endroits clés comme les salles de bain, et en optant pour des tapis antidérapants. Un bilan de l’équilibre peut être réalisé de temps en temps, et vous pouvez faire venir un ergothérapeute à domicile pour obtenir des petits conseils (les assurances et caisses de retraites proposent parfois un bilan gratuit pour renforcer les chances de bien vieillir à domicile).

Un éclairage adéquat est tout aussi important. Il contribue à réduire la confusion visuelle, les syndromes du coucher de soleil, et à prévenir les chutes. Veillez à ce que chaque partie de la maison, y compris les escaliers, les couloirs et les salles de bain, soit bien éclairée.

Il est également essentiel d’installer des équipements de sécurité tels que des détecteurs de fumée et de monoxyde de carbone, et de les vérifier régulièrement. Disposer de systèmes d’alerte pour les chutes ou autres urgences, comme des bracelets ou pendentifs d’alerte équipés de géolocalisation, est également bénéfique.

Ensuite, en fonction de l’importance des perte de mémoire et des troubles cognitifs, d’autres dispositifs pourront être envisagés et être mis à jours en fonction de l’évolution des troubles. C’est notamment le cas en cuisine, pour l’accès aux médicaments, aux produits ménagers, etc.

Utiliser des aides mémoires et repères visuels

Les aides mémoires et les repères visuels sont indispensables pour aider les personnes âgées à s’orienter dans le temps et l’espace. Un tableau-éphéméride, par exemple, peut afficher l’heure, le jour, le mois et l’année,  ou des photos pour signaler les anniversaires.

Les alarmes et rappels peuvent servir à se souvenir d’événements importants comme les rendez-vous médicaux ou la prise de médicaments. 

Il est aussi essentiel de marquer clairement les placards, tiroirs et objets importants pour simplifier l’espace de vie et limiter la confusion. Utiliser des images et des repères visuels, comme des fiches ou des livres d’images, peut faciliter la communication et la prise de décision au quotidien. Un(e) ergothérapeute peut vous aider à savoir quelles informations afficher, sous quel format et quel nombre. Car il faut faire attention à ne pas infantiliser la personne et à ne pas la surcharger d’information (s’il y a des affiches et des mémos partout, elle ne saura plus où regarder et ils ne serviront plus à rien d’autre qu’à l’angoisser). 

Soutenir les aidants familiaux

Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres

Accompagner une personne âgée souffrant de pertes de mémoire représente un défi majeur, à la fois sur le plan physique et psychologique. Pour les aidants, il est essentiel de veiller à leur propre santé et bien-être afin d’éviter le burn-out et de continuer à fournir un soutien de haute qualité. L’épuisement des aidants, un phénomène fréquent, peut conduire à des problèmes de santé mentale et physique, à l’isolement social, et à la négligence de leur propre vie.

Il est essentiel de s’accorder des pauses régulières et de profiter de moments de répit. Les aidants doivent prendre du temps pour eux, que ce soit pour se reposer, s’adonner à des loisirs, ou simplement être avec amis et famille. Cela contribue à diminuer le stress et à trouver un équilibre entre le rôle d’aidant et leur vie personnelle.

Le soutien psychologique joue un rôle tout aussi important. Consulter des psychologues spécialisés dans l’accompagnement des aidants peut aider à gérer les émotions et à développer des stratégies pour améliorer le quotidien. Ce type de soutien est disponible via des associations, des centres sociaux, ou des plateformes dédiées.
Il est aussi possible de parler avec d’autres aidants, qui comprennent la situation et l’ambivalance des émotions ressentis. Car si l’aidant aime son proche et sait qu’il n’est pas responsable de sa maladie, cela ne signifie pas pour autant qu’il ne peut pas parfois lui en vouloir. Ou en avoir marre et vouloir que tout s’arrête. Puis se sentir coupable de ces émotions.

Ressources et soutien disponibles pour les aidants

De nombreuses ressources et formes de soutien existent pour aider les aidants à assumer leur rôle de manière plus aisée et moins stressante. Les services d’accompagnement et de répit proposent un large éventail d’options, incluant des accueils de jour, des services de répit à domicile, des ateliers, des rencontres entre aidants, ainsi que des activités sociales et culturelles. Ces services répondent aux besoins des aidants en leur offrant du temps libre, du soutien individuel ou collectif, et un accompagnement personnalisé pour la personne aidée.

Les associations de soutien aux aidants, telles que l’Association Française des Aidants ou France Alzheimer, jouent un rôle essentiel en offrant un soutien moral, des conseils juridiques et des informations pratiques. Elles organisent des formations, des ateliers et des groupes de parole, permettant aux aidants de partager leurs expériences et de bénéficier de conseils avisés.

Les lignes d’écoute et les ressources en ligne représentent également des outils inestimables. Des services comme Allo Alzheimer ou Avec Nos Proches offrent un soutien et des conseils immédiats.

Ne vous isolez pas. Seul vous pouvez surmonter bien des choses. Mais avec une équipe derrière vous, vous pouvez vivre les choses. Et ca fait une grande différence. 

Collaboration avec les professionnels de santé

Importance d’un diagnostic précoce et d’un plan de soin personnalisé

La détection précoce et l’élaboration d’un plan de soin sur mesure sont déterminants pour une gestion efficace des troubles de la mémoire, y compris pour des maladies comme Alzheimer. Le rôle du médecin généraliste est essentiel en tant que premier point de contact, effectuant une évaluation complète et orientant le patient vers des spécialistes au besoin.

Ce professionnel assure le suivi et coordonne l’intervention des différents acteurs de santé impliqués dans le traitement. Un diagnostic précoce aide à identifier les causes des troubles de la mémoire, permettant de développer un plan de soin adapté. Certaines maladies peuvent être soignées, d’autres non. Mais le fait qu’on ne puisse pas guérir ne signifie pas qu’on ne peut pas les ralentir, ou au moins améliorer le confort de vie de la personne malade.

Un plan de soin personnalisé est créé en collaboration avec une équipe multidisciplinaire, incluant neurologues, neuropsychologues, ergothérapeutes, orthophonistes et infirmiers, tenant compte des besoins uniques du patient, de son environnement et de ses habitudes quotidiennes pour maintenir son autonomie et sa qualité de vie. Les professionnels peuvent intervenir sur différents plans : stimulation physique et cognitive, gestion d’un traitement médicamenteux, aménagement du domicile, conseils alimentaires, etc.

Quand envisager une aide à domicile ou un hébergement spécialisé

À mesure que la maladie évolue, l’aide à domicile ou l’hébergement spécialisé peut devenir nécessaire. Les services comme ceux proposés par les Ssiad et les équipes spécialisées Alzheimer fournissent un soutien personnalisé mêlant soins médicaux et activités thérapeutiques.
Une assistance sociale, permettant au patient de rester chez lui avec un soutien adapté.
Si les besoins du patient excèdent ce que l’aide à domicile peut fournir, l’hébergement spécialisé peut être une option. Les EHPAD et les USLD offrent des soins spécialisés 24h/24 dans un cadre sécurisé et adapté aux personnes avec des troubles cognitifs avancés, en coordination avec les professionnels de santé pour une prise en charge complète.

La décision entre aide à domicile et hébergement spécialisé doit tenir compte des besoins spécifiques du patient, de son projet de vie et des ressources disponibles, en concertation avec les professionnels de santé et les aidants, pour assurer le maintien de la qualité de vie et de l’autonomie du patient. 

Conclusion

Soutenir une personne âgée confrontée à des pertes de mémoire, notamment dans le cas de la maladie d’Alzheimer, exige une démarche à la fois globale et empreinte d’empathie. Comprendre les symptômes et les différentes phases de cette maladie est fondamental pour ajuster efficacement les méthodes d’assistance.

Travailler de concert avec les professionnels de santé est vital pour obtenir un diagnostic précoce et élaborer un programme de soins sur mesure. Il est primordial de préserver l’autonomie et la dignité de l’individu en favorisant l’exécution des activités quotidiennes et la pratique de loisirs, ainsi qu’en aménageant son cadre de vie pour qu’il soit le plus adapté possible.

Il est tout aussi important que les aidants prennent soin de leur propre bien-être pour prévenir le surmenage et tirer parti des ressources et du soutien disponibles. Des professionnels sont là pour accompagner la personne malade, conseiller l’aidant mais aussi préserver la santé de l’aidant.

FAQ

Comment réagir face à une personne qui perd la mémoire ?

Face à une personne perdant la mémoire, il est essentiel de rester calme et de faire preuve d’empathie. Acceptez sa réalité sans essayer de la corriger ou de la pousser à se rappeler des détails récents.

Présentez les visiteurs pour éviter toute confusion et privilégiez les discussions autour de souvenirs joyeux ou d’événements du passé. Évitez les questions pouvant la faire se sentir incompétente, telles que « Te souviens-tu de… ? » et ne soulignez pas les erreurs de dates ou de noms. Partagez ses souvenirs et restez attentif à ses émotions pour créer un environnement sécurisant et confortable.

Comment aider une personne qui oublie tout ?

Pour soutenir quelqu’un qui oublie régulièrement, il est important de se montrer compréhensif face à son anxiété et à sa gêne dues à ses oublis. Voici quelques stratégies clés :

  • Maintenez des routines pour minimiser les changements dans son quotidien et utilisez des repères visuels, comme des agendas visibles ou des horloges affichant la date.
  • Proposez des solutions pratiques, comme un endroit dédié pour ses clés et ses documents d’identité, tout en évitant de le faire sentir infantilisé.
  • Encouragez la participation à des activités appréciées, qu’il s’agisse de lire, de dessiner, de tricoter, ou d’aider aux tâches ménagères. Cela peut lui apporter un sentiment d’utilité.
  • Communiquez de manière apaisante, en parlant lentement, avec une voix douce et en lui laissant le temps de comprendre et de répondre.
  • Faites-vous accompagner pour savoir à chaque étape comment adapter ses activités ou son environnement à l’avancée de ses troubles.

Une personne qui oublie se met-elle forcément en danger ? 

Non pas forcément. Cela dépendra du caractère de la personne et de ses habitudes.
Pour éviter que la personne fasse des choses dont elle n’est plus capable, il faut la garder le plus sereine possible. L’angoisse lui donnera envie de retourner dans le passé (et donc de conduire pour aller au travail, par exemple). Il faudra souvent s’adapter pour qu’elle se sente bien chez elle et dans le présent. 
Malheureusement, il faudra aussi prendre quelques mesures pour la protéger, en s’appuyant sur ses habitudes et réactions. Il ne sert à rien de modifier toute la maison si la personne ne met déjà plus un pied en cuisine. Parfois, c’est en voulant changer un élément par mesure de sécurité préventive qu’on attirera l’attention de la personne sur le changement et que cela entrainera des crises (et d’autres prises de risque). Tout est toujours à observer et évaluer. 

 

A propos de l'auteur Amélie Wallyn

Ergothérapeute et co-auteur de la méthode MALO, je partage mes conseils et outils pour vous aider à maintenir votre proche à domicile le plus longtemps possible !

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