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Amélie Wallyn

« Je veux rentrer chez moi » – Comment répondre à un proche qui est déjà chez lui.

Votre proche vous répète peut-être sans cesse qu’il veut rentrer chez lui. Cela peut-être frustrant et déroutant pour vous, surtout s’il est déjà chez lui ou s’il vient d’intégrer un EHPAD.

Le risque ? Que votre proche déprime et perde en autonomie mais aussi, le risque qu’il sorte et se perde dans la ville.

Vous avez peut-être déjà tenté de lui expliquer qu’il est déjà chez lui, ou qu’il ne peut pas retourner dans son précédent logement. Mais avec un proche atteint d’une maladie d’Alzheimer (ou d’une autre forme de démence), les explications logiques ne sont pas comprises ou rassurantes. 

Comme je vous l’expliquais dans cet article, quand une personne atteinte de troubles cognitifs pose une question de façon répétitive, c’est souvent qu’elle a besoin d’être rassurée.
Mais avant de lui répondre, il faut avant tout comprendre pourquoi elle est inquiète et pourquoi elle veut rentrer chez elle. 

Pourquoi une personne atteinte d’Alzheimer demande-t-elle à rentrer chez elle ?

La maladie d’Alzheimer (et maladies apparentées) endommage le cerveau et amène une personne à vivre le monde de différentes manières.

Ainsi, ce que nous entendons par « je veux rentrer chez moi » est souvent une demande de confort plutôt qu’une demande littérale d’aller quelque part.

Ainsi, plusieurs raisons peuvent l’amener à vous poser cette question :

  • votre proche est angoissé, car il lui manque un objet auquel il tient. 
  • il est perturbé par la perte d’un repère ou d’une habitude (qui peut être une habitude du passé).
  • Il ressent une douleur ou un mal-être physique et ressent le besoin d’aller se lover chez lui, confortablement. 

Trouver ce qui déclenche sa question vous aidera à trouver la réponse qui l’aidera vraiment. 

Mais parfois, ce n’est pas évident de deviner ce qui tracasse votre proche. Vous devrez alors faire preuve de créativité et essayer différentes options pour le rassurer. 

Comment réagir au moment où il pose la question ? 

Il faudra du temps pour trouver ce qui contrarie votre proche et apporter une solution. Vous devrez par exemple retrouvez de vieilles photos de sa jeunesse pour les mettre dans les cadres, à la place des photos où il est âgé et ne reconnaît ni son visage ni les membres de sa famille. 

Mais en attendant que vous puissiez mettre en place quelques changements bénéfiques, il va bien falloir faire quelque chose pour calmer votre proche pendant sa crise d’angoisse ou de tristesse. 

Je vous donne 3 conseils pour que votre proche se calme et pense à autre chose qu’au fait de rentrer chez lui (ou ce qu’il imagine être son « chez-lui ».  

Rassurez et réconfortez votre proche. 

Parfois, en disant « Je veux rentrer chez moi », votre proche vous transmet à sa façon qu’il est anxieux et a besoin d’être rassuré. 

En réagissant de manière calme et positive, vous l’aiderez à se poser et à être rassuré. 

Asseyez-vous près de votre proche et parlez-lui avec une voix calme. S’il déambule, asseyez-vous près d’un endroit où il aime s’installer lui aussi, et parlez-lui tranquillement. Il sentira que vous n’êtes pas anxieux et cela le calmera. 

Si votre proche aime le toucher, cela peut-être le bon moment pour lui faire un câlin ou lui proposer un massage des mains. 

Vous pouvez également poser une couverture qu’il aime sur ses genoux et lui proposer une boisson chaude. Tout ce qui le fera se sentir bien. 

Éviter les raisonnements et les explications

Je ne vous conseille pas de donner des explications logiques à un proche atteint d’une forme de démence.  Cela ne fera que le contrarier. Votre proche n’a pas conscience de ses troubles. Il vous dira qu’il sait très bien qu’il n’est pas chez lui. Il pourra imaginer que vous complotez quelque chose contre lui. Car il ressent vraiment qu’il n’est pas chez lui. 

N’essayez pas de leur expliquer qu’ils sont dans leur propre maison ou qu’il vit dans ce nouvel appartement ou chez vous depuis déjà plusieurs années. Votre proche est ému, il a besoin d’être écouté. 

Rediriger son attention et distraire votre proche de sa source de contrariété.

Détourner son attention d’un objet de fixation est une méthode efficace pour apaiser votre proche. C’est une compétence qui s’améliore avec la pratique, alors ne vous découragez pas si les premières tentatives ne fonctionnent pas parfaitement. 

  • Tout d’abord, acceptez sa demande pour lui faire comprendre que vous comprenez son émotion.

Vous pouvez ainsi lui répondre : « D’accord. Nous irons avec le prochain bus qui arrive dans une heure » ou « Nous partirons dès que l’on aura fini la vaisselle. » Cela apaise la situation, car vous ne leur dites pas qu’il a tort. 

  • Ensuite, distrayez votre proche.

Après avoir accepté, redirigez subtilement son attention. Vous pouvez alors lui proposer de faire la vaisselle avec vous pour que vous terminiez plus vite, ou d’aller dans la cuisine chercher son gilet pour ne pas avoir froid dehors. 
Sans un mot, vous pouvez le prendre par le coude et l’amener à la cuisine où vous lui proposerez une boisson chaude et une pâtisserie ensemble. Ou alors où vous regarderez les oiseaux par la fenêtre.
Il suffit de choisir une activité qu’il apprécie. 
À la fin de cette activité, passez tranquillement à une autre activité qui fait partie de sa routine quotidienne. Votre proche aura oublié sa demande de rentrer chez lui, tout comme il aura oublié que vous lui aviez dit oui. 

Il est possible que votre proche ne se laisse pas distraire. Vous pourrez alors être obligé de le laisser se préparer et de monter en voiture. Cependant, sur le chemin, vous aurez d’autres opportunités de détourner son attention du but initial de ce trajet. Vous pourrez par exemple, en passant devant une boulangerie, lui dire que vous avez oublié qu’il vous fallait du pain. Vous pouvez aussi lui proposer de venir avec vous dans la boulangerie pour choisir une pâtisserie qui lui ferait plaisir. Se trouver dans un nouveau lieu avec une tâche sur laquelle se concentrer lui fera probablement oublier comment vous en êtes arrivés là. Et vous pourrez rentrer ensemble déguster votre pâtisserie (en évitant les rues qu’il connaît bien et qui lui feront réaliser qu’il était sur le chemin qui mène à chez lui).

 

Et ensuite ? Comment faire pour qu’il ne veuille plus rentrer là où il ne vit plus ? 

Il faudra trouver ce qui manque à votre proche dans son logement actuel. 

Est-ce que ce sont les photos dans lesquelles il ne se reconnaît pas ? Il suffit de les remplacer par des photos du passé. 

Les meubles qui ne sont plus les siens, s’il vit en résidence autonomie ou en ehpad ? Il est souvent possible de négocier pour apporter un meuble de votre proche. Trouvez celui qui était le plus important pour lui. 

Un proche qui lui manque ? Cela s’estompera peut-être si vous déposez le gilet de l’être qui lui manque sur un coin de fauteuil. 

Les idées sont très nombreuses et ça ne sera pas évident de trouver au premier essai. Ne vous découragez pas. Ce n’est pas évident de deviner les besoins d’une personne qui ne sait pas les exprimer, et qui ne sait parfois même pas de quoi elle a réellement besoin. 

Dans tous les cas, vous ne pourrez pas mal faire. 

N’hésitez pas à aborder le sujet avec des soignants ou des amis. Parfois avoir un point de vue extérieur vous donne de nouvelles idées. 

Par exemple, vous pourrez placer dans la pièce un pot pourri dont l’odeur qui rappellera de bons moments (l’odeur des bouquets de fleurs dans la maison, l’odeur de la pâtisserie de son enfance, etc.).

Vous pourrez peut-être aussi programmer un de ses appareils pour qu’il diffuse de la musique que votre proche aime et qu’il écoutait souvent chez lui. 

Vous trouverez ici d’autres idées de cadeaux à offrir pour que votre proche âgé se sente mieux chez lui.

Il n’y a de limite que notre imagination !

 

A propos de l'auteur Amélie Wallyn

Ergothérapeute et co-auteur de la méthode MALO, je partage mes conseils et outils pour vous aider à maintenir votre proche à domicile le plus longtemps possible !

Ne partez pas sans nous laisser un petit commentaire :)

  • Je suis soignant dans une maison de soins qui « dispose » d’une unité fermée et cette article simple et précis est de bon conseil.

  • Est-ce que le fait que la personne veuille rentrée chez elle alors qu’elle est déjà est un symptôme alzheimer ou on peut le retrouver dans d’autres pathologies ?
    Merci pour votre réponse

    • On peut le retrouver dans différentes pathologies où il y a des pertes de la mémoire récente. La personne oublie que ce domicile est le sien depuis X années, elle n’a plus de souvenir là où elle se trouve. Et elle veut se rendre là où elle a des souvenirs. Souvent aussi, c’est un endroit où elle était avec ses parents et se sentaient en sécurité ou dans bien au début du mariage dans des années très heureuse. C’est une façon inconsciente de vouloir être rassurée et entourée.

  • Merci pour ses précieux conseils. Le placement de nos aînés est très difficile à assumer émotionnellement. Vous m’avez été d’une grande aide.

  • Bonjour Amélie,
    Mon père est atteint de MCL et notre demande d’intervention de l’Esa est soumise à minimum 6 mois d’attente. Donc je suis ravie de pouvoir bénéficier de vos conseils d’ergothérapeute. Effectivement, rentrer chez soi est une obsession depuis les premiers signes de la maladie. D’abord parce qu’il ne reconnaissait plus sa maison où il se croyait en vacances, maintenant suite à son récent déménagement, en ville et en appartement dans une toute autre région.
    Plus de sport possible, plus de jardin, tellement de choses lui sont devenues impossibles, condamné à l’inactivité et à l’anxiété… cela n’est pas étonnant qu’il cherche son « chez soi » où il était encore en possession de ses moyens !

  • Bonjour
    Nous cherchons désespérément une réponse à sa question’ je veux rentrer chez moi. Maman atteinte de la maladie d Alzheimer est en EHPAD depuis un an et croit qu’ elle est dans un hôpital .En effet nous lui avons menti quand elle est partie en maison car elle était totalement contre. C’est une angoisse pour nous à chaque visite elle pleure et moi ça me rend malade mais je ne lui fais pas voir. Merci pour votre aide.

    • Bonjour,
      Vous devriez demander à l’équipe ce qu’ils pensent de la situation. Ils vous diront en fonction de son état de santé s’il est bon de lui dire qu’elle restera finalement sur le long terme car son état de santé ne lui permet pas de retourner à son domicile. Ils ont l’habitude de ces situations.
      Peut-être, en sachant qu’il s’agit de son nouveau domicile, qu’elle commencera à s’y sentir mieux et à s’autoriser à prendre ses marques. Des choses pourront être mises en place pour qu’elle se sente chez elle.

  • merci pour vos conseils. Dommage de ne pas les avoir lus ce midi car je me serais comportée sans doute différemment avec ma mère de 96 ans atteinte de sénilité.

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