Amélie Wallyn

Alzheimer : à partir de quand ne peut-on plus conduire ?

Mise à jour à destination des résidents français : 

En France, il a été voté en avril 2022 qu'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer ne peut plus conduire et ce, dès le stade 3. Pourtant, le stade 3 correspond à un stade très léger de la maladie où il est encore difficile de déterminer qu'il s'agit d'une maladie d'Alzheimer et non d'une simple fatigue.
Les associations représentant les malades et leurs familles font appel de la décision. 

En effet, il était auparavant possible de continuer à conduire sous conditions. En fonction des capacités résiduelles de la personne, elle pouvait être autorisée à continuer de conduire dans des lieux connus en pleine journée, par exemple. 

Interdire la conduite aussi tôt dans la maladie n'encourage pas la personne à se faire diagnostiquer de manière précoce. 

Cela peut également engendrer des troubles cognitifs plus rapides. En effet, sans alternative à la conduite, la personne peut se retrouvée isolée. Hors les activités effectué à l'extérieur, les rencontres avec des amis sont une importante forme de stimulation cognitive. Ces sorties maintiennent la personne dans la société. Elle fait l'effort de s'habiller, de s'orienter dans les jours de la semaine et les moments de la journée. 

Il faut donc trouver comment convaincre une personne encore en plutôt bonne santé de respecter la loi et de cesser de conduire. Et ce n'est pas facile. Il faut aussi trouver des solutions qui sont encore très peu nombreuses. Les transports en commun ne sont adaptés qu'à une personne en tout début de maladie et qui habite en ville, car ensuite elle risque de se perdre. Des taxi sont mis en place par certaines communes, mais ce n'est pas une action généralisée et qui a un coût. Des chèques sortir + permettent à la personne âgée de faire appel à des taxis, mais le nombre est limité et surtout, ces chèques sont destinés aux séniors de plus de 80 ans. 

Des efforts devront être réalisés par l'état pour que les malades ne dépérissent pas à leur domicile et que les aidants ne se transforment pas en chauffeurs privés pour leur proche. 

Nous sommes devenus dépendants à nos voitures, que nous utilisons pour la majorité de nos déplacements. Nous l’utilisons pour faire nos courses, rendre visite à nos amis, nous rendre à nos rendez-vous. Pour beaucoup, la possibilité de conduire est synonyme de liberté.

La maladie d’Alzheimer vient perturber tout cela. En effet, à partir d’un moment, le médecin déconseille la conduite à la personne qui a la maladie d’Alzheimer. Pourquoi ?

Une de mes lectrices m’a posé la question récemment en commentaire d’un autre article. Je me suis dis que le sujet pouvait intéresser un grand nombre d’entre vous.

Vous m’avez aussi demandé : « A partir de quand une personne Alzheimer ne peut plus conduire ? » « Quelles démarches il faut faire par rapport à la conduite ? », « Faut-il prévenir l’assurance ? », « Quels sont les risques si on ne déclare pas à l’assurance et à la préfecture que son proche a Alzheimer ? ».

Je vais donc détailler avec vous toutes les capacités dont nous avons besoin pour conduire, pour que vous compreniez pourquoi le médecin fait de tels indications et pour que vous puissiez l’aider à repérer à quel moment votre proche n’aura plus les capacités nécessaires à une conduite sécuritaire.

De quelles aptitudes avons nous besoin pour conduire en toute sécurité ? 

conduite personne âgéeVous ne vous souvenez probablement pas de ce que vous ressentiez à l’époque où vous appreniez à conduire. Pourtant, c’est à ce moment là qu’on a le plus conscience de toutes les capacités nécessaires pour savoir conduire. Pour rappel, voici donc les différentes fonctions cognitives auxquelles on fait appel pour conduire, même si on ne s’en rend pas forcément compte :

  • La mémoire : On utilise la mémoire pour se souvenir de notre trajet, de la présence de priorités à droites, de feux rouges… quand bien sûr on connait la route que l’on emprunte. On l’utilise également pour se souvenir de la signification des panneaux et du code de la route.
    Nous utilisons aussi notre « mémoire des gestes », la mémoire procédurale, pour se souvenir des mouvements à faire pour passer les vitesses par exemple. Heureusement, cette mémoire est préservée pendant plus longtemps chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
  • L’attention soutenue : quand on conduit, il n’est pas question de se déconcentrer et de ne pas voir le piéton qui traverse, le ballon qui arrive à vive allure vers la voiture, ou le poteau qui nous gène pour faire une marche arrière quand on veut quitter notre place de stationnement ! Nous avons besoin de resté concentré, et parfois pendant plusieurs heures ! Un vrai travail !
  • Une bonne perception de l’espace :  quand on est sur la file du milieu et que l’on regarde dans le rétroviseur, il faut savoir si la voiture que l’on voit est sur la file de droite ou sur la file de gauche. De même, pour se garer en créneau, il faut savoir si on a la place nécessaire pour le faire…. Enfin, il faut être capable de ne pas se perdre dans une ville que l’on pensait pourtant connaître.
  • Il faut également faire preuve de jugement, pour prendre la bonne décision au bon moment. Un manque de jugement implique de mauvais réflexes dans une situation surprenante ou dangereuse.

Vous réalisez ainsi que toutes ces capacités dont on a besoin pour conduire sereinement sont des fonctions cognitives qui sont atteintes chez les personnes qui ont la maladie d’Alzheimer. C’est pour cela qu’il y a toujours un moment de la maladie où la question finira par se poser (sauf bien sûr si la personne n’a jamais conduit 😉 ).

Qui décide si votre proche peut encore conduire, s’il peut conduire sous condition, ou s’il doit arrêter de conduire ? 

Il est très rare que ce soient les personnes malades qui se posent la question de la fin de la conduite. Et cela pour plusieurs raisons :

  • ils ne se rendent pas compte de leurs difficultés,
  • ils sous-estiment leurs difficultés,
  • ils ne veulent pas qu’on leur retire la voiture et font donc semblant de ne pas avoir de difficultée
  • ils oublient avoir eu des accidents (j’avais une patiente qui cumulait les constats chez elle, mélangés à divers papiers, et qui pourtant niait complètement avoir déjà eu un accident de voiture).

Ce sera donc au médecin ou aux aidants de faire attention à ces difficultés croissantes et à repérer le moment où la conduite sera remise en question.

Les examens à effectuer dans le cadre de la conduite : 

Souvent, c’est l’aidant qui soumettra ses doutes au médecin. Le médecin manque en effet d’éléments en ne voyant que la personne de temps en temps dans son cabinet. L’aidant peut se rendre compte que le moment d’évoquer la conduite est arrivé en observant la voiture de son proche ou un montant en voiture avec lui.

  • Il y aura eu un accident ;
  • La voiture sera rayée suite à des accrochages bénins (au moment de se garer, mauvaise appréciation des distances dans des rues étroites…)
  • Il y aura des contraventions dans la boite au lettres pour infraction au code de la route;
  • La personne conduira à une vitesse inadaptée (souvent la même vitesse en ville ou sur route)
  • Elle s’énervera plus facilement au volant;
  • Elle peut se perdre sur des chemins connus;
  • Et elle peut avoir des difficultés encore plus importantes qu’on ne peut pas louper de constater quand on est passager (ne pas circuler sur la bonne voie, taper dans les rétroviseurs des voitures stationnées, confondre les pédales, réaction trop lente en cas de freinage intense de la voiture de devant…).

Si l’aidant confie ses doutes, c’est le médecin qui prend la décision de préconiser un arrêt de la conduite ou non. Il réalisera quelques tests, discutera avec l’aidant et le malade. S’il pense que la personne doit diminuer ou arrêter la conduite, il fera les démarches en ce sens. Mais il peut également orienter la personne vers le CARA (le centre d’aptitude à la conduite), pour qu’elle fasse une évaluation plus poussée et soit évaluée par une personne neutre (car le médecin de famille ne l’est plus toujours).

évaluation conduite alzheimerLe CARA est le centre d’aptitude à la conduite. Ce centre effectue une batterie complète de tests. Il s’agit de tests des fonctions cognitives par des neuropsychologues mais aussi de test de conduites dans un simulateur ou en condition réelle avec un examinateur comme passager. Ces différents tests permettent de faire un parallèle entre troubles des fonctions cognitives et troubles de la conduite. Suite à ces évaluations

Autorisation de conduite malgré la maladie d’Alzheimer :  sous quelles conditions ? 

Si le CARA détermine que votre proche peut encore conduire, il est également probable pour que cela soit sous conditions. Une personne atteinte d’Alzheimer peut ainsi :

  • se voir interdire de conduire la nuit (pendant laquelle il est plus difficile de maintenir son attention et où nos repères spatiaux peuvent être modifiées),
  • voir ses déplacements limités à quelques kilomètres aux alentours du domicile (la personne connait les routes, il y a donc moins de risque de se perdre, moins besoin de se concentrer sur une route « nouvelle »…)
  • être obligée de conduire en présence d’un « co-voitureur », comme lors de la conduite accompagnée.

Les interdictions sont ainsi vraiment personnalisées aux difficultés constatées et aux troubles de la personne.

Cela permet à la personne malade de ne pas prendre de risque pour elle-même et pour les autres usagers. Mais cela lui permet également de garder une certaine autonomie et d’utiliser sa voiture pour quelques déplacements du quotidien. C’est un bon compromis, mais qui doit être ré-évalué régulièrement afin de l’adapter aux évolutions de la maladie.

Dans tous les cas, l’attestation affirmant que la personne peut conduire ou conduire sous condition est temporaire. Elle doit être renouvelée tous les 6 mois à 1 an. 

Attention, si c’est le médecin qui détermine que la personne ne peut plus conduire, il faut avertir la préfecture. En fonction des situations, la préfecture peut alors demander une consultation auprès du CARA ou d’un médecin spécialisé. Ce n’est pas le rôle du médecin ou du neurologue de faire ces démarches.

Le médecin de votre proche l’autorise à conduire ? Il y a tout de même des démarches à effectuer !

permis de conduire alzheimerDès que la personne est diagnostiquée atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle doit prévenir son assurance auto. L’assurance annulera ou modifiera le contrat en fonction des éléments envoyés avec accusé de réception. Si la démarche n’est pas faite, l’assurance peut ne pas couvrir la personne en cas d’accident (même si elle n’est pas responsable de cet accident !).
Que la personne puisse conduire ou non, il est donc important de faire ces démarches. Si possible, envoyez une attestation d’autorisation à la conduite réalisée par le neurologue ou le CARA.

Quels sont les risques si la personne conduit malgré cette contre-indication ?

C’est assez compliqué de trouver des informations concrètes sur le sujet. Les conséquences dépendent de chaque situation, du degré de conscience de la personne atteinte, des examens qu’elle avait déjà pratiqué…

Conduire malgré une contre-indication revient à conduire sans permis. L’assurance ne prend rien en charge et la personne malade doit donc dédommager les victimes.

Au tribunal, la personne âgée peut être déclarée irresponsable de ses actes mais certains tribunaux se sont déjà retournés contre les proches pour homicide involontaire, estimant que les proches auraient du empêcher leur proche de conduire. C’est notamment le cas lorsqu’elle n’ont pas « dénoncées » la situation de leur proche à la préfecture. Les familles ne pouvaient pas être condamnées à cause d’un vide juridique. En effet, il n’y a pour le moment aucune loi obligeant les proches à « dénoncer » une personne qui a la maladie d’Alzheimer à la préfecture. (En tout cas, je n’en ai pas trouvé en faisant quelques recherches, mais je précise que je n’ai aucune formation en droit et des informations auraient pu m’échapper).
Dans tous les cas, même si elles ne sont pas condamnées, cela fait un poids psychologique sur les familles et demande aussi beaucoup d’énergie et de temps dans des démarches diverses et variées. Sans compter que si vous en arrivez là, c’est que votre proche est peut-être gravement accidenté, et qu’il a peut-être tué quelqu’un : un drame pour la famille des victimes comme pour votre famille.

Pour aller plus loin : 

Je sais que ce n’est pas toujours facile de convaincre son proche de ne plus conduire. J’avais souvent des familles désespérées qui se fachaient souvent avec leur proche au sujet de la voiture.

J’ai écrit ici un article complet pour vous donner quelques conseils pour le convaincre et le protéger (et protéger les autres usagers de la route). J’évoquerai également les alternatives à la conduite, car je sais que vos proches ont malgré tout besoin de se déplacer, et que votre rôle d’aidant n’est pas de les conduire partout.

A bientôt !

A propos de l'auteur Amélie Wallyn

Ergothérapeute et co-auteur de la méthode MALO, je partage mes conseils et outils pour vous aider à maintenir votre proche à domicile le plus longtemps possible !

Ne partez pas sans nous laisser un petit commentaire :)

  • Appréhender la problématique de la conduite d un véhicule lorsqu il y a un diagnostic Alzeimer pour une personne isolée à la campagne me paraît insurmontable aujourd hui quelle décision sera la meilleure ? Merci pour tous ces éclaircissements sur la question !
    Est il judicieux de prévenir son assureur ? Cressent
    Malheureusement la solution la plus simple sera de rendre inutilisable le véhicule…

  • Couper un malade, très précocement diagnostiqué, de toute possibilité de se rendre chez des amis, clubs.. revient à le couper de toute vie sociale ce qui est totalement contre-productif. A partir du moment où un test de conduite à été fait par une autorité compétente il ne devrait pas y avoir de problème.

    • C’est bien ce que pensent les professionnels et associations. Il aurait été plus productif d’augmenter le nombre de structures compétentes et équipées pour la réalisation des évaluations de conduite et de demander à ce que cette évaluation soit réalisée fréquemment. Les choses sont peut-être amenée à évoluer. A voir dans le temps malheureusement.

    • Malheureusement, si vous êtes en France, c’est tout à fait normal. Depuis peu, un décret est passé interdisant la conduite aux personnes ayant des troubles cognitifs diagnostiqués. Et donc peu importe le niveau d’avancement de la maladie. Des associations de malades, de gériatre et d’aidants tentent de faire modifier cette décision (surtout qu’aucune alternative à la conduite n’a été proposée). Mais pour le moment, les médecins informent de cette interdiction de conduire.

  • Bonjour, votre article ne tient absolument pas compte de l’arrêté d’avril 2022, »Toute personne diagnostiquée Alzheimer n’a plus le droit de conduire » …..

    • Bonjour,
      Vous n’avez pas du lire l’encadré en haut de l’article destiné aux résidents français. Car cet encadré évoque l’arrêté d’avril 2022 et informe de cette interdiction de conduire et des appels effectués par les associations de malades et de geriatres pour faire modifier cet arrêté.
      Le reste de l’article, écrit avant l’arrêté, n’a pas été supprimé car j’ai beaucoup de lecteurs d’autres pays francophone ou de français ne résidant pas en France. Ces informations peuvent les intéresser.

  • Merci pour votre reflexion sur ce sujet compliqué. J’ ai une petite question : la voiture sans permis est elle une alternative qui permet à la personne de garder une autonomie de déplacement?
    Merci pour votre réponse.

    • Bonjour,
      Il me semble que la loi prévoit une interdiction de conduite, donc je suppose que cela inclut les voitures sans permis. Mais il faudrait se renseigner auprès d’un professionnel du droit.
      Dans tous les cas, si la personne ne conduisait pas déjà une voiture sans permis avant la maladie, je ne recommande pas d’acheter ce type de voiture. La personne a en effet des troubles cognitifs et pourrait ne pas se rappeler des règles de conduite propre à ces voitures (interdiction d’accès à certaines routes, notamment).

  • Que faire quand des enfants dénoncent leur père à la préfecture pour lui interdire la conduite alors qu’aucun diagnostic n est posé.Un des enfants ne l a pas vu conduire depuis des années,l autre l a fait conduire dix minutes.Moi je vois qu’il conduit bien ( retour de l étranger avec plus de 2000 km quand il a reçu la lettre de la préfecture.. scandaleux ces contrôles si le dénonciateur s sont malveillants.

    • Bonjour, s’il n’y a pas de diagnostic, la préfecture ne fera surement rien de cette dénonciation. Ils ont besoin de documents et de preuves, j’imagine. Je pense qu’au pire des cas, ils demanderont à votre père de voir un expert qui se prononcera sur sa capacité à conduire. Sinon, on pourrait tous dénoncer n’importe qui sans raison et personne ne pourrait plus conduire. Il peut également aller voir un expert de lui-même pour prouver ses aptitudes.
      Ses autres enfants ont sûrement peur pour lui, ils n’agissent pas sans raison. Leur avez-vous demandé plus d’explications ?

  • Bonjour,

    Le papa de ma compagne est atteint d’Alzheimer à un stade très léger. A fortiori, le médecin généraliste aurait émis une recommandation négative pour qu’il conduise. Or il ne s’est jamais perdu, n’a jamais eu le moindre accrochage et pratique de petits trajets sans difficultés.
    La recommandation est-elle envoyée en préfecture avec suppression du permis? Si oui comment s’ y opposer considérant son état à un stade pour le moment peu avancé et pouvant conduire aussi accompagné?

    • Bonjour,
      Je ne peux malheureusement pas savoir si le médecin a fait des démarches pour signaler les difficultés de votre proche ou non. Ce n’est en général pas le cas, mais cela dépend des situations et si le médecin est agréé ou non, etc.
      Le mieux serait de contacter la CARA pour qu’ils effectuent des test avec votre proches (test cognitifs, test en situation de conduite, etc.) et ils pourront vous délivrer un document vous indiquant que la conduite n’est pas contre-indiquée pour le moment ou alors dans quelles conditions elle est autorisée (de jour, accompagnée, à moins de X km de chez lui, etc.) Cela sera le plus sécuritaire car même si votre beau-père n’a jamais eu d’accident pour le moment, cela ne signifie pas qu’il conduit prudemment… il peut juste avoir eu de la chance. Seuls des experts pourront savoir où il en est vraiment.

  • Bravo pour votre article qui est très clair et réaliste !

    Se pose la question du comment empêcher la conduite quand la personne ne veut pas arrêter ….

    Merci encore

  • j’ai vécu cette étape avec Papa qui développait une démence vasculaire. pour lui il conduisait bien et il fallait qu’il continue à aller faire les courses. son état s’est aggravé et j’ai dû le placer après un mois d’hôpital…………. période très délicate.
    j’ai récupéré la voiture abimée surtout aux parechocs et la carrosserie abimée par endroit, tout ça en très peu de temps.
    heureusement aucun accrochage avec autrui, j’étais plutôt rassurée.

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