La maladie d’Alzheimer fait peur. Je reçois de nombreux mail de personnes qui se plaignent de troubles de mémoire et qui me demandent s’ils ont Alzheimer ou pas. Bien sûr, je ne peux leur répondre car je ne suis pas médecin, mais surtout parce qu’on ne diagnostique pas une maladie d’Alzheimer juste en lisant le mail d’une personne.
Parfois aussi on me demande « est-ce que le médecin peut s’être trompé?« , » comment fait-on le diagnostic d’une maladie d’Alzheimer ? » car il est parfois difficile d’accepter le diagnostic, mais aussi parce que parfois certaines personnes ne présentent pas les symptômes habituels ou parce que la maladie n’évolue pas rapidement.
J’ai donc décidé d’écrire une série d’article sur la maladie d’Alzheimer. Dans cet article, je vais vous parler de la démarche à effectuer pour savoir si c’est Alzheimer ou non. Certains ne passent pas par toutes les étapes citées, d’autres passent par des étapes supplémentaires. Cela dépend des situations particulières, des structures qui existent proche de chez vous et des symptômes qui sont présents. Toutefois, j’ai essayé de retranscrire ici le parcours moyen pour arriver jusqu’au diagnostic.
Et pour aller plus loin, vous pourrez consulter ce dossier complet sur la maladie d’Alzheimer.
Le commencement : la plainte de la famille ou de la personne concernée
Avant de commencer les examens, il faut qu’une personne remarque des symptômes inquiétants. Cela peut être la personne concernée qui se rend compte qu’elle oublie de plus en plus souvent ses rendez-vous mais c’est généralement un membre de la famille qui donne l’alerte. Il est en effet difficile d’être objectif envers nous-même et de prendre du recul sur nos oublis. Bien souvent, on les pense bénins et liés à la fatigue et on oublie que cela fait déjà plusieurs mois que cela a commencé.
Les proches ne sont pas toujours objectifs eux-même. Il est difficile de se dire que son proche a peut-être une maladie d’Alzheimer. Alors on ferme les yeux. Jusqu’à ce que ca ne soit plus possible parce que les oublis deviennent graves et fréquents. C’est en général le moment où les proches passent à l’action et avertissent le médecin, inquiets.
Alors il ne s’agit pas toujours d’une maladie d’Alzheimer (heureusement !) et souvent la personne qui a des pertes de mémoire reproche à son proche d’avoir alerté tout le monde pour pas grand chose. Cependant, le proche ne doit pas se laisser faire. Il a raison d’alerter le médecin lorsqu’il voit une modification de l’état de santé ou du comportement de son proche. C’est cela qui peut permettre le diagnostic précoce d’Alzheimer ou d’une autre maladie. Et comme vous le savez, diagnostic précoce rime bien souvent avec meilleur traitement.
Si la maladie d’Alzheimer ne se guérit actuellement pas, on peut par contre ralentir son évolution. En agissant dès le début on peut ainsi permettre à la personne de rester autonome chez elle plusieurs années supplémentaires !
La consultation chez le médecin traitant
Le médecin traitant écoute les plaintes et pose si besoin des questions supplémentaires. Il met les symptômes en lien avec d’éventuelles maladies déjà connues chez la personne. Par exemple, une anxiété peut entraîner des troubles de la mémoire parce que la personne a beaucoup de mal à se concentrer sur les informations à retenir. Certains médicaments également. Beaucoup de personnes de moins de 60 ans s’inquiètent au sujet d’une maladie d’Alzheimer, alors que les malades de moins de 60 ans représentent seulement 1 à 2% des malades. La maladie d’Alzheimer fait peur et peut souvent conduire à un faux auto-diagnostic de la part de la personne atteinte de perte de la mémoire ou de ses proches, d’où l’intérêt d’en parler au médecin avant de s’affoler. En fonction des âges, certaines maladies sont bien plus fréquentes que la maladie d’Alzheimer.
Après avoir vérifié et modifié les traitements et mis les symptômes en lien avec différentes maladies, le médecin peut décider de pousser la recherche un peu plus loin. Il oriente alors la personne malade vers un spécialiste. Cela peut être un neurologue, un médecin gériatre ou un médecin d’un service de consultation mémoire. Cela dépend de l’âge de la personne, de ses symptômes mais aussi de son lieu de résidence (certaines personnes vivant malheureusement dans des déserts médicaux où il est compliqué de trouver certains spécialistes).
Une consultation chez un spécialiste : neurologue, médecin gériatre ou consultation mémoire.
Le médecin spécialiste va ensuite faire des bilans à la personne. Ils prennent la forme d’exercices et servent à déterminer s’il y a des troubles de mémoire conséquents mais aussi à observer les autres fonctions cognitives. En effet, la maladie d’Alzheimer ne touche pas que la mémoire, mais aussi la capacité à se concentrer, à s’orienter dans le temps et l’espace, à communiquer… C’est une maladie neurodégénérative qui touche plusieurs zones du cerveau. Ces bilans permettent au médecin spécialiste de savoir l’ampleur des troubles mais aussi d’orienter son diagnostic vers une maladie ou une autre. En effet, de nombreuses maladies autre que la maladie d’Alzheimer peuvent entraîner un trouble de la mémoire.
Le médecin complétera ses bilans par une discussion avec la personne afin de connaître ses antécédents, son hygiène de vie et ainsi déterminer s’il n’y a pas de surmenage ou de dépression, voir même une consommation de toxiques (drogue ou alcool) qui pourrait expliquer la perte de mémoire.
- Si les troubles de la mémoire sont légers et qu’il n’y a pas d’autres troubles cognitifs, le médecin spécialiste propose un suivi régulier afin de surveiller l’évolution ou non de la perte de mémoire.
- Si le médecin suspecte que les pertes de mémoire sont causées par une dépression, il peut proposer un traitement adapté ou un suivi chez un psychiatre ou psychologue.
- Si la personne présente un trouble de la mémoire et d’au moins une autre fonction cognitive, le spécialiste peut réaliser des bilans neurospcyhologiques plus poussés afin d’évaluer plus précisément la mémoire épisodique (cliquez ici pour lire un article où je vous explique en quoi consiste les différents types de mémoire). Il évalue ensuite la flexibilité mentale (capacité à passer d’une consigne à une autre), les capacités d’inhibition (la capacité à faire abstraction du bruit lorsqu’on est concentré sur autre chose), la visualisation dans l’espace…
Dernière étape avant le diagnostic de maladie d’Alzheimer ou non : l’IRM
Pour compléter ses examens, le neurologue peut demander une IRM. Cela permet de vérifier la présence ou non d’autres pathologies (tumeurs, AVC, traumatisme crânien…). Cela permet également de constater la présence ou non de lésions caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.
Ces lésions apparaissent au début dans des zones caractéristiques telles que l’hippocampe qui joue un rôle important pour la mémoire puis elles s’étendent et touchent tout le cerveau.
Avec les différents examens et l’IRM, le médecin expert est donc en mesure de déterminer de quelle maladie il s’agit, du stade d’évolution de la maladie et du traitement à mettre en place.
N’oubliez donc pas :
Il n’y a aucun mal à aller voir le médecin en cas de doute, même s’il ne retrouve rien à l’examen. Il vaut mieux une fausse alerte qu’une maladie qu’on a laissé évoluer sans intervenir. Pour les maladies qui entraînent des troubles cognitifs, le diagnostic précoce permet de gagner parfois plusieurs années d’autonomie supplémentaire ! Alors même si le diagnostic fait peur, il vaut mieux savoir ce dont souffre notre proche et savoir comment l’aider à retrouver ses fonctions cognitifs ou à ne pas perdre trop rapidement la mémoire !
Merci de ces quelques conseils et informations simples et rassurants. Pas facile de savoir quoi faire ou vers qui se tourner dans des situations de doute et d’avoir confiance en une démarche pour un proche.