Il est assez fréquent qu’une personne atteinte de démence répète les mêmes questions sans cesse.
Il est possible que votre proche vous demande régulièrement où sont les enfants ou bien où est sa mère.
Ou bien qu’elle vous demande plusieurs fois à quelle heure vous allez rentrer sitôt qu’elle vous voit prête.e à partir.
Ces questions épuisent les aidants, lassé de répondre la même chose à chaque fois. Et parfois, malheureusement, l’aidant craque et il répond un peu plus sèchement, et le malade ne comprend pas pourquoi. (Découvrez d’ailleurs ici comment éviter de craquer et de faire un burn-out)
Dans cet article je voulais donc vous aider à comprendre pourquoi votre proche pose ces questions de manière répétitive. Mais je voulais aussi (et surtout) vous indiquer comment faire pour que votre proche ne pose plus ces questions. Vous vous sentirez tous les deux beaucoup mieux !
Pourquoi la personne de démence pose-t-elle des questions de façon répétitive ?
Si vous me lisez depuis un moment, vous savez que j’ai à coeur de vous aider à comprendre votre proche et ses réactions. Comprendre est, à mon sens, la base pour savoir comment déjouer la situation.
Les questions répétitives : l’expression d’une angoisse ou d’un besoin.
En premier lieu, il est important de dissocier les questions classiques des questions répétitives. Elles n’ont pas la même signification.
Si votre proche vous demande où est votre conjoint(e) quand vous entrez seul(e) chez lui, ce n’est pas la même chose que s’il vous demande si vous êtes marié(e) 4 fois pendant que vous lui rendez-visite.
La première question est naturelle, liée à un étonnement et une curiosité. Votre proche s’attendait à vous voir venir tous les deux et se questionne.
Les autres questions, qui reviennent sans cesse, expriment plutôt une angoisse. Est-ce que son enfant réussit sa vie ? Est-ce qu’il est heureux ? Est-ce qu’il ne faudrait pas qu’il revienne vivre chez sa maman pour qu’elle prenne soin de lui ?
On reconnaît la question classique à la question répétitive inquiétante au fait que la réponse importe finalement peu à la personne. Quoi que vous répondiez, elle va poser la question à nouveau. Il n’y a pas de bonne réponse.
Votre proche atteint de démence n’est plus à l’aise avec l’expression orale de ses émotions. Parfois, il n’est même pas capable lui-même de savoir ce qu’il ressent. Cela devient donc impossible de vous faire savoir qu’il a peur d’être seul ou qu’il se sent triste.
Ainsi la question « quand est-ce que tu rentres ? » peut être sa manière de vous faire passer différents messages :
- J’ai peur quand je suis seul. Dans ce cas, qu’est-ce qui a changé dans le quotidien de votre proche ou dans son environnement ? Peut-être qu’il a reçu un appel en votre absence et n’a pas su quoi faire. Peut-être qu’un ami a voulu lui rendre visite, et qu’il s’est senti paniqué à la porte face à cet inconnu qui voulait entrer chez lui.
- Est-ce que tu vas revenir ? Peut-être que votre proche a peur d’être abandonné. Même malade, votre proche a conscience qu’il y a de moins en moins de monde autour de lui. Et qu’il soit en début de maladie ou à un stade plus avancé, cela est effrayant. Un jeune malade aura peur que vous vous lassiez de lui parce qu’il devient une charge pour vous. Un malade plus avancé ne saura pas pourquoi tout le monde disparaît, mais saura que vous êtes son dernier repère qu’il ne veut pas perdre.
- Est-ce que tu seras là pour…. ? Votre proche se rend peut-être compte qu’il n’est plus capable de se faire à manger. En vous demandant quand vous rentrerez, il s’assure que quelqu’un sera là pour l’aider à se nourrir.
Il peut y avoir de nombreux messages possibles derrière la simple question « quand est-ce que tu rentres ? ». Je ne peux pas vous donner la signification que cette question a pour votre proche. Tout simplement parce que cela dépend des gens, mais aussi des périodes de sa vie.
Il faudra donc que vous meniez l’enquête. Qu’est-ce qui a changé dans sa vie récemment ? À quel moment spécifique votre proche pose-t-il sa question répétitive ?
Il est aussi possible que la solution ne soit pas aussi directement liée à la question. N’oubliez pas que votre proche ressent des choses parfois sans les comprendre. Que le cerveau est atteint dans la compréhension et l’expression au sens large.
Et c’est pour cela que des fois, l’apparition d’une question répétitive sera là uniquement pour vous signaler que votre proche est constipé et qu’il a très mal au ventre.
Accompagner un proche atteint d’Alzheimer permet de développer vos compétences de détective. Observation, analyse et déduction seront vos alliés pour déjouer de nombreuses difficultés du quotidien. Sans s’épuiser et sans se fâcher.
Si votre proche une question en boucle, c’est qu’il n’est pas capable de comprendre ses émotions, de les nommer, de les communiquer. La question répétitive est un peu comme le moment où le cerveau se rend compte qu’il est bloqué, qu’il n’arrive pas à avancer. Il s’accroche donc à une chose qui passe et qu’il connaît : la question déjà formulée un nombre incalculable de fois.
La démence : une maladie de l’oubli… et qui inclut les questions déjà posées.
Alzheimer est une maladie de la mémoire. Votre proche n’a donc pas conscience du fait qu’il vous a déjà posé la question de nombreuses fois.
Cela est vrai, que ce soit pour des questions classiques, ou pour des questions répétitives liées à l’angoisse.
Pour les questions répétitives, votre proche sort les premiers mots qui lui passent par la tête. La première phrase cohérente qu’il arrive à formuler. Sans se rendre compte que s’il arrive mieux à formuler cette phrase qu’une autre, c’est parce qu’il l’a déjà formulée un grand nombre de fois, ou même seulement quelques minutes avant. Bien sûr, tout cela se fait inconsciemment, votre proche n’a pas conscience de ce qui se passe.
L’exemple de Mme L, qui demande où est sa mère à chaque visite de sa fille.
Depuis deux mois, chaque fois que Laure va rendre visite à sa mère, celle-ci lui demande où est sa propre mère. La mère de Mme L est décédée depuis plus de quinze ans et Mme L en était parfaitement consciente avant la maladie.
Laure, perturbée, a parlé de la situation avec sa soeur et avec l’infirmière pour savoir ce qu’elles répondaient dans cette situation. Elle a été surprise d’apprendre que sa mère ne posait absolument pas cette question aux autres personnes qui lui rendaient visite.
Laure a continué à répondre à sa mère, en essayant toutes les réponses possibles. La vérité qui faisait pleurer sa mère. Les mensonges pour ne pas faire pleurer sa mère. Les changements de sujets pour ne pas répondre du tout. Mais rien n’y faisait.
Pourquoi sa mère s’était-elle mise à lui poser cette question répétitive du jour au lendemain ? Pourquoi à elle seule ?
Quand Laure m’a contacté pour la première fois. On a essayé de faire le point sur la situation.
Ce qui déclenchait la question en boucle de Mme L devait être lié à quelque chose en lien avec Laure. Je lui ai donc demandé si elle pratiquait une activité nouvelle avec Mme L . Si quelque chose dans son attitude avait changé.
Mais nous n’arrivions pas à trouver ce qui pouvait déclencher la question répétitive de Mme L.
Jusqu’au jour où pour me présenter les voeux de bonne année, Laura m’a envoyé une photo d’elle accompagnée de sa mère et sa soeur.
Je me suis rendu compte que Laure ressemblait particulièrement à sa mère, contrairement à sa soeur qui avait dû hériter du père.
Je lui ai fait cette remarque, lui demandant si par hasard elle ressemblait également à sa grand-mère. Ce qu’elle m’a rapidement confirmé.
Mais cela ne résolvait pas entièrement notre mystère. Mme L. avait commencé ses questions répétitives seulement deux mois avant. Pourtant, elle était à un stade avancé de la maladie depuis bien plus longtemps.
Toutes ces remarques et ces questionnements ont permis à Laure de trouver la solution à cette enquête. Deux mois auparavant, elle s’était offert un moment chez le coiffeur et en avait profité pour changer de tête en se faisant une couleur. Et cette couleur renforçait sa ressemblance avec sa grand-mère.
Mme L. désorientée par la maladie, ne savait plus en quelle année nous étions. Elle ne savait plus son âge et ne se souvenait pas du décès de sa mère. La ressemblance entre sa fille et sa mère venait titiller son inconscient. En lui rappelant l’image de sa mère, Laure donnait à sa mère l’envie de voir sa grand-mère. Comme quand on tombe sur une photo d’un ami que l’on n’a plus vu depuis longtemps et que cela nous donne envie de l’appeler pour prendre de ses nouvelles.
Laure a été soulagée de trouver la source de la question répétitive de sa mère. Parce que même si c’est anodin, elle finissait par s’épuiser, de chercher des réponses à donner. Par se fatiguer d’entendre encore et encore les mêmes questions à chaque visite. Elle m’a écrit qu’elle allait reprendre sa couleur de cheveux habituelle pour voir si tout rentrait dans l’ordre.
Je n’ai plus eu de nouvelle depuis, et j’image que Laure et Mme L ont retrouvé un quotidien plus serein.
L’exemple de Mr P. qui ne cesse de demander à sa fille s’ils sont bientôt arrivés quand ils font la route vers l’accueil de jour.
« On arrivera à quelle heure? », « On est bientôt arrivé ? »
C’est systématique. Dès que Florence emmène Mr P à l’accueil de jour, celui-ci s’impatiente dans la voiture.
« Pourtant, il connaît le trajet par coeur parce qu’il travaillait pas loin » me dit-elle.
Elle appréhende de l’emmener à l’accueil de jour, car son père s’énerve parfois dans la voiture et s’agite lorsqu’il y a de la circulation. Elle a peur qu’il sorte de la voiture sur un coup de colère. Elle se fatigue au volant à force de répondre à ses questions constantes, et parce qu’elle a peur qu’une mauvaise réponse ne déclenche la colère de son père.
« Je ne comprends pas. Il connaît la route, je lui dis d’aller aux WC avant de partir, il n’a pas peur en voiture. »
Je lui demande s’il se comporte également ainsi sur le retour et sur les autres trajets en voiture. Elle me répond qu’elle n’y avait jamais fait attention, mais que non. Il est plus calme lors des autres déplacements. « Peut-être que c’est l’accueil de jour qui l’angoisse ? » me demande-t-elle. « Pourtant, il est content quand il en rentre. Et il a l’air pressé d’y arriver quand j’arrive chez lui au matin ».
Puis, en écrivant un autre article sur les fugues, une idée me traverse l’esprit. Dans cet article, j’écris que certaines personnes sortent de chez elle, persuadées qu’elles doivent se rendre au travail. Parfois on les retrouve à leur ancien lieu de travail, parfois, elles se perdent en chemin.
Je remonte donc le fil des mails échangés avec la fille de Mr P. Elle m’a dit qu’il ne travaillait pas très loin. Est-ce que son inconfort en voiture et ses questions répétitives n’auraient pas un lien avec le travail ? Est-ce que par hasard Mr P n’aurait pas l’impression que sa fille le conduit en travail en retard ?
J’en parle à Florence, qui me dit ne pas savoir à quelle heure son père travaillait. Elle lui a posé la question et il lui aurait répondu « Mais enfin depuis le temps, tu sais bien que je pars tous les matins de la maison à 8h30 pour arriver avant 9 heures ! »
Quand on lui parlait de travail ou que quelque chose lui faisait penser au travail, Mr P. était convaincu d’être encore actif professionnellement. Par contre en dehors de ces rappels, il profitait tranquillement de sa retraite chez lui.
Florence, sachant que l’accueil de jour n’ouvrait pas ses portes avant 9heures, ne partait pas de chez Mr P pour 8h30. De ce fait, Mr P., en passant devant des rues et bâtiments connus, réalisait qu’ils n’arriveraient pas à l’heure devant le lieu de son ancien travail.
Florence, qui n’avait pas la possibilité de partir plus tôt de chez elle pour emmener son père à l’accueil de jour, ne trouvait pas de solution à ce problème. Les questions répétitives continuaient donc, même si elle insistait auprès de son père sur le fait qu’ils allaient à l’accueil de jour. Impossible de raisonner son père, malade. Pour lui, elle le déposait au travail. Elle essayait de le convaincre en lui disant qu’elle ne l’avait jamais emmené au travail, qu’il y allait tout seul. Mais on ne peut pas faire changer d’avis une personne atteinte de démence grâce à un argumentaire.
Quelques mois plus tard, elle m’a dit qu’elle avait trouvé la solution depuis quelque temps et que le trajet se passait beaucoup mieux. Elle avait tout simplement changé d’itinéraire pour ne pas passer par la route qu’empruntait son père pour aller au travail.
Mr P ne posait plus tant de questions sur la durée du trajet, et arrivait plus serein à l’accueil de jour.
En résumé, comment réagir face aux questions répétitives ?
- Bon, c’est évident, mais quand même, je le note : ne pas s’énerver. Votre proche est malade. Il n’a pas conscience de vous harceler avec sa question répétitive. Il ne le fait pas pour vous torturer. S’énerver ne fera que l’angoisser parce qu’il ne comprendra pas ce qu’il se passe. Et son angoisse ainsi créée… pourra renforcer la fréquence d’apparition de sa question répétitive.
- Ne pas oublier qu’au fond, ce que la question n’est qu’un prétexte à autre chose. Votre proche n’attend pas de réponse à cette question. Il s’agit du symptôme d’une angoisse qu’il ne sait comment exprimer.
- En attendant de trouver comment supprimer la question, répondez à votre proche ou trouvez une diversion. Il risque de s’énerver si vous ne lui répondez pas ou si vous ne lui changez pas de suite les idées. Il ne sait pas que vous lui avez déjà répondu 40 fois. D’ailleurs, il ne faut pas lui dire que vous avez répondu 40 fois. Soit il est en début de maladie et cela lui fera du mal de réaliser qu’il perd à ce point la mémoire, soit il est plus avancé dans la maladie et il ne vous croira pas.
- Menez l’enquête et notez :
– Depuis quand il pose cette question;
– À quel moment il pose la question,
– À qui il pose cette question répétitive,
– Ce qui a changé dans son environnement depuis qu’il pose la question
- Si rien n’a changé récemment, peut-être que votre proche ressent une douleur qu’il n’arrive pas à formuler. Vérifiez qu’il est bien hydraté, qu’il n’a pas de problèmes de transit, de blessure…
Et surtout, n’oubliez pas. Les questions répétitives de votre proche sont vite agaçantes pour vous. Mais elles ne sont pas agréables pour votre proche non plus, car elles sont souvent le signe d’un bouleversement, d’une douleur, d’un stress, d’une incompréhension.
Si réussir à lui répondre en gardant patience et calme est une bonne chose, le mieux à faire pour vous deux est de trouver la cause de cette question et de remédier à la situation.
Merci pour cet article très intéressant qui nous donne bien des pistes pour trouver ou garder le chemin de la sérénité auprès de nos proches ou patients Alzheimer. L’ergothérapie est un métier encore trop méconnu où la prise en soins globale de la personne tant dans la préservation de son autonomie que celle de son bien-être est pourtant un vrai plus!
Un Grand merci ! Vos articles m’aide et me rassure.
Bonjour,
Vous n’imaginez pas l’aide que vous nous apportez. Je lis vos articles régulièrement, ils m’aident à comprendre un grand nombre de situations.
Ma mère a été diagnostiquée il y plus de 10 ans , mon père et moi l’accompagnons au mieux.
Merci infiniment
Je suis vraiment heureuse de pouvoir vous aider dans des situations de vie difficiles. Merci pour votre message.
Bonjour Madame, merci pour vos articles, je suis aide soignante et mon travaille est d accompagner les patients atteints de la maladie d’alzheimer, je suis en quelques sortes « aidante » moi aussi et vos articles me permettent de désamorcer certaines situations en gardant toujours à l’esprit que toutes ces situations difficiles ne sont que l’expression d’angoisses profondes et douloureuses.
Bonjour, oui vous êtes une aidante professionnelle et il est important aussi que vous soyez à l’aise et que vous puissiez expliquer à la famille les réactions de leur proche et pourquoi vous agissez de telle ou telle façon. Cela leur permet de pouvoir aider leur proche en votre absence.
Bonjour
Merci beaucoup pour vos partages de situations toutes différentes les unes des autres. Ma maman qui a 83 ans et qui était tres active jusqu’à juste avant la maladie, me dit tous les jours « je ne sais pas pourquoi je suis comme çà, qu’est ce qui m’arrive et cela ira mieux demain » et je ne sais pas quoi lui dire pour la rassurer
Bonjour, vous pouvez aller dans ce sens et lui dire que la vie est ainsi, des hauts et des bas. Sans parler de la maladie. Et enchaîner sur un autre sujet, lui proposer une activité qu’elle apprécie ou autre.
Merci ma mère fait des phrases à répétition 1 jour sur 2 elle est ailleurs se déshabille enleve sa chemise de nuit
Je ne sais pas quoi faire
Merci pour vos conseils
Merci pour vos explications,ma mère a 96 ans et perd un peu la mémoire.Elle n’a pas de maladie diagnostiquée mais quelques troubles cognitifs.
Elle me pose aussi toujours les mêmes questions : où es-tu? Comment vont mes enfants?Je te vois qd? Alors que je la vois tous les jours .Je comprends mieux maintenant .
Hier je suis allée « garder » ma cousine de 87 ans qui est atteinte de cette maladie. Son mari doit suivre un traitement (rayons) pour un cancer de la prostate. En deux heures elle a dû poser les mêmes questions une centaine de fois : « Où est Jo (son mari), « Michel (le mien) est à la maison? » « Tu veux boire quelque chose ? » J’ai répondu patiemment chaque fois mais au bout de ces 2 heures j’avais les nerfs en pelote. Je dois y retourner encore trois fois et je dois dire que je l’appréhende, comment faire pour ne pas péter les plombs? Je sais bien que sa question sur l’absence de son mari traduit son angoisse car elle est entièrement dépendante de lui mais ces questions répétées encore et encore m’ont lessivée.
Bonjour,
Vous pouvez détourner son attention ou trouver une activité qui la détend (car elle est sûrement angoissée). Si son esprit est occupé, elle sera moins angoissée et ne posera plus ces questions. Qu’aime-t-elle ? Un massage des mains ? Préparer une patisserie à deux ? Si elle peut se déplacer, une promenade en dehors de chez elle peut lui faire du bien, car elle ne sera pas confrontée à l’absence de son mari au domicile.
bonjour amélie,
j’aime beaucoup ce que vous écrivez, mais il m’arrive de ne pas tout lire tant le mot « démence » est insupportable, je travaille avec des personnes atteintes d’alzheimer et nous disons que ces personnes ont des troubles cognitifs. d’ailleurs le mot démence a été supprimé du dictionnaire des maladies aux étas unis.
qu’en pensez vous ?
merci amélie et bonne continuation
Bonjour, je suis désolée que vous soyez si dérangée par ce terme. Ce mot n’est devenu dérangeant que pour ce que l’on en a fait. Il désigne à la base un groupe de maladie, comme le mot cancer. Et comme je ne peux appeler par un autre mot une maladie telle que le diabète, je ne peux appeler autrement une démence vasculaire. Car il s’agit de son nom et l’accepter est une première étape dans l’acceptation de la maladie et des changements à venir. Ce n’est en aucun cas une insulte.
Personne ayant des troubles cognitifs n’est pas assez précis pour être utilisés régulièrement. En effet, cela englobe à la fois les personnes trop peu stimulées qui certes perdent un peu la mémoire mais n’en arriveront jamais au même stade qu’une personne atteinte d’une maladie d’Alzheimer avancée. Mais cela inclue également une personne ayant eu un AVC, un traumatisme crânien ou une carence alimentaire. L’évolution et le vécu au niveau psychologique ne sont pas les mêmes.
Par ailleurs, une personne ayant un trouble cognitif n’aura pas forcément de difficulté pour la marche ou l’équilibre, de troubles sévères de la déglutition. Le terme démence implique ces troubles associés et le fait que les capacités ne seront pas récupérées. Et donc qu’il faut stabiliser et préparer le terrain pour l’avenir.
Mais je comprends que ce terme puisse être difficile à lire, à cause de l’utilisation populaire de ce mot dans un sens lié à la « folie » (d’ailleurs, je n’aime pas non plus le terme folie ou l’utilisation abusive des noms des maladies psychiatriques). En travaillant en psychiatrie, j’ai lutté pour que les personnes schizophrènes n’aient pas honte de leur maladie. Pour qu’elles connaissent réellement leurs symptômes également (et ne prennent pas pour vraies les informations données aux infos par des journalistes qui ne font pas forcément de recherches auparavant, ou celles encore plus fantasmées que l’on trouve dans les romans). Je fais la même chose pour les personnes atteintes de démence. Elles ont une maladie diagnostiquées qui ont ce nom. Et elles le vivraient mieux si les gens savaient ce que cela signifie avant d’utiliser ce mot dans leurs blagues ou récits non scientifiques, ou pour parler d’une personne qui n’a pourtant encore reçu aucun diagnostic médical.
Si la dénomination venait à changer en France, je corrigerai mes articles bien entendu. Mais en attendant, j’appelle un chat un chat, car le nom de cette maladie est encore ce qu’il y a de mieux pour la nommer de façon précise.
bonjour ! ma maman est en unité alzeimer depuis 1 an et demi et chaque jour quand je repars elle s’angoisse et s’énerve parfois cris et pleurs car elle veut rentrer chez elle ! que faire ? sachant que j’essaie avec l’aide de la psychologue et de ma sœur de changer certaines choses !
Bonjour,
Il faudrait trouver ce qui la perturbe dans l’établissement, ce qui fait qu’elle ne se sente pas chez elle. Parfois, un cadre bien placé ou une couverture qui vient de chez elle peut lui faire du bien. Peut-être que chez elle, elle pratiquait une activité qu’elle ne peut plus faire dans l’unité Alzheimer ? Cela peut être faire un peu de ménage ou de cuisine qui lui manque. Elle peut s’ennuyer. Par exemple, dans certaines structures, les résidents aident à plier les serviettes de bain ou de table ainsi que les torchons. Cela les occupe pour une tâche répétitive et assez simple, ils se sentent intégrés et utiles.
C’est vraiment au cas par cas.
Bonjour,
Merci beaucoup pour votre blog très intéressant. Je suis aide a domicile chez une dame de 86 ans en début d’Alzheimer. Elle a été hospitalisée quelques semaines et elle est partie sur deux pieds (avec déambulateur), elle revient grabataire (quel mot horrible !) Elle ne bouge plus de son lit et a une sonde urinaire.
Je lui ai donné à manger, je l’ai installé, ai laissé une lumière car le noir l’effrayait, j’ai caressé son visage…
Par contre, je n’ai pas su répondre à sa demande « enlève-moi mes chaussures, je ne vais pas dormir si mes chaussures ! » Elle était pieds nus dans son lit. J’ai fait semblant de retirer ses chaussures, j’ai touché ses pieds… Qu’aurais- je pu faire d’autre ???? Il faut dire qu’avec les gestes barrière c’est encore moins facile….
Merci pour une éventuelle piste de réflexion. Cordialement
Bonjour, vous avez très bien réagi en ne la contrariant pas.
Peut-être que cette dame a un diabète et ne sent plus très bien ses pieds.
Peut-être avait-elle l’habitude de se déchausser et de se mettre une crème sur les pieds avant de dormir.
Autant d’habitudes perturbées par sa nouvelle situation, et qui la rend confuse.
Continuez ainsi, vous faites les choses très bien.
Prenez bien soin d’elle et aussi de vous car le virus concerne tout le monde.
Ma mère me demande toujours comment vont les enfants, même si je n’en ai pas. Je crois qu’elle me confond avec ma soeur ou qu’elle se dit qu’à mon âge je dois avoir des enfants et fait semblant de se souvenir d’eux, car elle a encore toute sa tête.
Ce n’est pas très grave mais assez pénible quand même car ça me rappelle de mauvais souvenirs à chaque fois qu’elle me pose cette question.
Effectivement, je comprends que cela puisse être pénible et douloureux. Peut-être que votre mère est malheureuse à l’idée de ne plus connaître les prénoms des personnes de sa famille. Elle serait peut-être contente d’avoir un petit arbre généalogique pour se rappeler de tout ce petit monde ? Proposez-lui d’en réaliser un avec elle, cela fera une activité agréable à faire ensemble.
Commencez l’arbre par elle (afficher ses parents peut la rendre triste de se rappeler qu’ils ne sont plus là, ou peut au contraire la perturber et elle demandera alors à les voir).
Faites au plus simple et placez seulement ses enfants sur l’arbre, ainsi que leurs enfants. Quand on ajoute les compagnons des enfants et des petits-enfants, cela devient vite compliqué.
Il se peut qu’un jour il faille enlever cet arbre généalogique, parce que cela l’angoissera trop de voir qu’elle ne se souvient plus des gens. Ou parce qu’elle sera persuadé qu’il est faux (et qu’elle n’a que 30 ans).
Je donne plus de conseils sur les arbres généalogiques dans cet article.
Belle journée à vous
Bonjour,
C’est exactement ça. Mon père avait changé d’attitude et posait toujours les mêmes questions sans lien avec le sujet. On a vu ensuite qu’il avait un fécalome. Quand le médecin l’a enlevé, mon père est devenu comme avant…
Oui, trop souvent on se dit juste que c’est la maladie et qu’il n’y a rien à y faire. Alors que souvent, les changements d’attitude, les questions répétitives, la confusion, l’agressivité sont liés à un problème que l’on peut facilement résoudre. Pour le bien de chacun 🙂
Belle journée à vous.