La majorité des aidants de personnes Alzheimer angoissent à l’idée de voir leur relation avec leur parent se détériorer et disparaître à cause des symptômes de la maladie : troubles de la mémoire, de la concentration, du langage, du comportement…
Heureusement, il est possible de communiquer avec son proche sereinement pendant plus longtemps en changeant nos habitudes et en utilisant certaines techniques.
En effet, il faut prendre en compte le fait que la personne ne comprend plus tout. Par ailleurs, si autre chose détourne son attention, elle peut cesser de nous écouter au milieu d’une phrase. Ces problèmes de communication peuvent alors entrainer de la frustration pour vous qui avez peur de perdre votre relation avec votre proche, mais aussi pour la personne malade, qui peut devenir agressive parce qu’elle ne comprend pas ce que vous attendez d’elle et qu’elle a l’impression de se faire réprimander, insulter… Chaque mot, chaque geste peut être interprété différemment par une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Je vais donc vous donner quelques conseils qui changeront vos habitudes mais qui permettront de garder une bonne relation avec votre proche pendant plus longtemps.
Le Guide de la bonne communication avec une personne atteinte d’Alzheimer :
Évitez les distractions
Créez une ambiance sécurisante et évitez les stimuli susceptibles de déconcentrer votre proche et d’absorber toute son attention et son énergie pendant la conversation.
Pour cela, pensez à éteindre la télévision ou la radio. Ne lui parlez pas quand il est occupé à faire une autre activité ( il faut également absolument éviter de parler durant les repas, pour éviter les fausses routes alimentaires ! ).
Si vous êtes à plusieurs, parlez chacun à votre tour. Votre proche n’est plus capable de suivre deux conversations en même temps.
Écoutez attentivement votre proche
Il est impossible d’attendre de votre proche qu’il vous écoute attentivement, si vous n’en faites pas autant. Votre proche est malade mais reste humain. Laissez-le exprimer son avis, ses goûts… Même s’il se qu’il vous raconte vous semble absurde, votre proche a besoin de parler, peut importe le sujet abordé.
Répondez à ses questions, réagissez à ses propos (et oui, exclamez vous face au courage qu’il a eu durant tel ou tel épisode de sa vie, même s’il vous le raconte pour la 15e fois ! Il en a sûrement fait autant pour vous quand vous étiez enfant).
S’il n’articule pas et que vous en comprenez pas, posez-lui des questions.
Si à un certain stade de la maladie ses propos deviennent incohérents et si ses phrases n’en sont plus, Hochez la tête, souriez puis détournez son attention vers un autre sujet.
Ne critiquez pas votre proche !
Appréciez vous la critique ? Ou que l’on vous reprenne quand vous avez fait une faute de français ou que vous vous méprenez sur un détail lorsque vous racontez un souvenir qui vous tient à coeur ? Personne n’aime cela. Et les personnes qui ont Alzheimer encore moins ! Mettez vous à sa place : parce qu’il a la maladie d’Alzheimer, tout le monde se sent le droit de lui faire la leçon et de le reprendre. Comme s’il était redevenu un enfant, alors qu’il reste un parent qui mérite le respect de son estime de soi.
II mélange peut-être deux souvenirs, mais ou est le mal ? Il se souvient de ces deux événements et est heureux de vous les raconter. Cela ne porte pas à conséquence. Le corriger ne l’aidera pas à mieux se souvenir. Ce n’est pas la peine d’essayer de figer ses souvenirs, de les graver dans le marbre. La maladie est là, et les souvenirs de la personne s’embrouilleront. Parfois, écouter les confusions d’une personne qui a la maladie d’Alzheimer peut être source d’apprentissage. On découvre comment il a vécu tel ou tel moment, ou ce qu’il aurait aimé avoir dit ou fait à cette occasion…
Evitez de le contredire
- Quand votre proche vous fait un reproche, acceptez-le. Même s’il vous accuse d’un geste imaginaire ! Votre proche ne peut pas admettre qu’il a tord. Il se souvient de ce geste que vous avez soit-disant fait comme vous vous souvenez de ce que vous avez mangé à midi. Il est sûr de lui. De ce fait, commencer à argumenter ne fera que vous contrarier tous les deux, et le ton pourrait monter et devenir agressif. Il vaut mieux écouter, et vous excuser puis passer rapidement à autre chose. Dans le pire des cas, quittez la pièce en utilisant un prétexte (comme un appel). Il y a de fortes chances pour que votre proche soit passé à autre chose à votre retour.
- S’il s’inquiète d’un rendez-vous imaginaire, d’un geste maladroit imaginaire de la part d’un voisin ou autre… changez-lui les idées. Et tous les moyens sont bons pour cela. Vous pouvez faire tomber un objet à terre pour orienter la conversation sur votre maladresse, regarder le fond de votre tasse puis proposer de resservir du café, trouver une transition (par exemple, lui demander ce que devient l’autre voisin…).
Utilisez des phrases simples
Evitez de faire des phrases trop longues. La personne risque de se déconcentrer au milieu et du coup de ne plus saisir la fin de la phrase.
Evitez également les phrases avec des négations.
Ex : Au lieu de dire » Ca va ? Tu n’as pas trop chaud ? », demandez-lui « As-tu trop chaud? »
Quand vous parlez d’une personne ou d’un objet, utilisez son nom plutôt qu’un pronom.
Ex : Laura n’a pas école le mercredi. Le mercredi c’est le jour du sport. Du coup, Laura aime le mercredi.
La personne malade a du mal à rester concentrée, a des troubles de la mémoire… Il peut donc ne plus se souvenir de qui ou de quoi il était question au début de la conversation, et ne plus réussir à savoir ce qui se cache derrière les pronoms.
De même, cessez d’utiliser le mot « mais ». Il y a de forte chance pour que votre proche reste bloqué sur le début de la phrase.
Ex : Si vous lui dites « Tu es râleur parfois, mais c’est ce qui fait ton charme », la personne ne verra pas cela comme un mot doux mais comme une agression car elle sera restée fixée au début de la phrase.
Faites attention au ton de votre voix
Même à un stade avancé de la maladie, les personnes sont sensibles à la tonalité de la voix. Elles y sont même plus sensibles que les personnes qui ont encore toutes leurs capacités de langage, car c’est la seule chose qu’elles comprennent, c’est ce à quoi elles se raccrochent pour savoir si la personne en face est hostile ou amicale.
Nous ressentons instinctivement des émotions différentes face à une personne qui parle avec le sourire, ou avec une voix grave.
Toutefois, évitez les tonalités trop enjouées : en parlant ainsi, vous articulez moins. Il est nécessaire de parler calmement et clairement.
De même, pensez à mettre vos ennuis de côtés quand vous arrivez auprès de votre proche. Vous êtes peut-être énervé parce que vous avez passé le trajet à râler sur des mauvais conducteurs, mais il ne doit plus y en avoir une seule trace dans votre voix, car votre proche pourrait penser que cet agacement est lié à quelque chose que vous ressentez envers lui.
Que faut-il dire ou ne pas dire à une personne atteinte d’Alzheimer ?
Parfois, il devient délicat d’avoir une conversation avec une personne malade parce que l’on a peur de mal faire, de vexer la personne. Je vous ai donc rédigé un autre article (que vous trouverez
en cliquant ici) pour vous expliquer les sujets qu’il vaut mieux éviter, mais aussi pour vous indiquer comment réagir face à certaines situations.
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je suis aide soignante dans une unité fermée Alzheimer et je suis a la recherche de petites histoires courtes pour lire a nos résidents ainsi que des jeux ludiques et facile
merci d’avance cordialement