La dépression est un trouble que l’on associe à la maladie d’Alzheimer, mais peu de gens savent en quoi la dépression peut avoir un lien avec la maladie d’Alzheimer. Est-ce une cause, une conséquence, une coincidence ? Par ailleurs, comment savoir si son proche souffre de dépression et que faire pour l’aider ? Dans cet article, je vais tenter de répondre à toutes ces questions qui m’ont souvent été posées.
Quand soupçonne-t-on une dépression ?
En France, près de 8 millions de personnes ont vécu ou vivront un épisode dépressif au cours de leur vie, et pourtant les symptômes de cette maladie ne sont pas forcément bien connus.
Les critères de diagnostic de la dépression sont :
– Une humeur dépressive presque toute la journée, presque tous les jours, exprimée par la personne et pouvant se manifester par des pleurs.
– Une perte de l’intérêt pour toutes les activités, que ce soit des activités de vie quotidienne (se doucher, faire à manger) ou des activités de loisirs. Cela va à l’encontre des habitudes de vie de la personne. Une dame coquette vous recevra sans maquillage ou en robe de chambre, un passionné de randonnée ne sortira plus de chez lui.
– Une perte ou un gain de poids important en dehors d’un régime, ou une augmentation ou une diminution de l’appétit. La personne ne mangera rien, vous trouverez des repas périmés dans le réfrigérateur, ou alors celle-ci fera les plaquarts et grignottera toute la journée (comme quand on a le blues et qu’on se réfugie derrière l’écran de la télévision avec des gateaux et plaques de chocolat, mais sur une plus longue durée)
– Une insomnie ou hypersomnie presque tous les jours (la personne se réveillera bien avant l’heure habituelle, ou le contraire. Elle pourra de même faire des siestes de plusieurs heures la journée).
– Un état d’agitation presque tous les jours (la personne déambule chez elle, bouge les objets, ne tient pas en place) ou un ralentissement psychomoteur (la personne est très lente pour réaliser chaque activité, elle marche plus lentement, met beaucoup de temps à faire la vaisselle).
– Une fatigue fréquente.
– Un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée.
– Une diminution de la capacité à se concentrer ou une difficulté à faire des choix, à prendre des décisions.
– Des pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), et des idées suicidaires récurrentes (même sans plan précis pour se suicider).
Ces critères de diagnostic sont évidemment non cumulatifs, votre proche peut être diagnostiqué comme souffrant de dépression même s’il ne présente que quelques uns de ces symptômes.
Le médecin ou psychiatre notera la présence ou non de ces symptômes, après un entretien avec la personne et/ou avec un de ses proches. Il faut savoir que la dépression est fréquente chez les personnes âgées. Celle-ci peut mener à des troubles cognitifs (perturbation de la concentration et de la mémoire) et à une importante perte d’autonomie (manque d’intérêt pour les activités de la vie quotidienne qui peuvent mener à une incapacité à les réaliser). La dépression des personnes âgées peut également mener à des tentatives de suicides (par dénutrition ou absorption excessive de médicaments) voire à des décès. Il est donc important d’inciter votre proche âgé à consulter si vous avez le moindre doute.
La dépression est souvent liée à un syndrome de glissement. Là où la dépression s’installe lentement, le syndrome de glissement arrive très brutalement et cause des dégâts majeurs sur la santé de la personne âgée.
Néanmoins, la dépression doit tout autant attirer l’attention de l’aidant et des soignants pour pouvoir améliorer la qualité de vie de la personne âgée et préserver sa santé au long terme.
La dépression peut cacher un début de maladie d’Alzheimer
Dans la moitié des cas, la maladie d’Alzheimer commence par une période dépression. Cela ralentit le diagnostic de maladie d’Alzheimer, car ses symptômes sont confondus avec ceux de la dépression. Il faut parfois attendre que la dépression soit traitée avant de découvrir la maladie d’Alzheimer sous-jacente. Toutefois, certaines choses peuvent mettre la puce à l’oreille des médecins. En effet, lors de l’entretien, ceux-ci peuvent se demander s’il s’agit d’une première dépression ou s’il y a déjà eu des antécédents. De même, le médecin se demandera s’il y a eu un événement qui a ou non déclenché cette dépression. Les réponses à ces questions ne peuvent pas permettre de faire un diagnostic plutôt qu’un autre. En effet, une dépression peut commencer sans cause apparente. Cependant, ses réponses peuvent inciter le médecin traitant à orienter son patient à un neurologue, ou à demander des examens complémentaires permettant de diagnostiquer plus sûrement un début de maladie d’Alzheimer.
La dépression peut être un symptôme de la maladie d’Alzheimer
50% des personnes atteintes d’une maladie d’Alzheimer souffrent un jour ou l’autre de dépression. La dépression chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer peut faire s’aggraver celle-ci. En effet, une personne dépressive peut perdre le goût de faire travailler sa mémoire, elle peut également se décourager et ne plus prendre le traitement qui permet de ralentir l’évolution de la maladie.
Ce symptôme de la maladie d’Alzheimer peut s’expliquer de différentes façons:
– Une atteinte de la partie du cerveau qui régule les humeurs.
– Une prise de conscience de sa perte d’autonomie.
– La connaissance de la maladie et donc la crainte de l’avenir (peur de perdre son autonomie, de devoir entrer en institution, de mourir…)
Accepter le diagnostic de la maladie d’Alzheimer n’est pas une chose facile. Il s’agit de se confronter à des pensées douloureuses. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que la maladie d’Alzheimer est une maladie crainte par beaucoup. Il ne faut pas hésiter à proposer à son proche un accompagnement par des professionnels adaptés.
Comment aider mon proche âgé qui souffre de dépression ?
Déjà, l’emmener chez le médecin, c’est l’aider. Beaucoup de personnes en dépression ne consultent pas. En effet, elles n’ont pas la motivation pour se déplacer, elles se sentent dévalorisée et pensent que parler à leur médecin serait une faiblesse qui les dévaloriseraient encore plus. D’autres personnes estiment que c’est sans intérêt, que personne ne peut agir pour les aider, qu’il n’y a qu’à attendre la fin.
Le médecin fera son diagnostic. Il orientera vers un psychiatre ou un psychologue, pourra prescrire un traitement anti-dépresseur.
De votre côté, ne donnez pas de traitement à la personne sans avis du médecin. En effet, certains traitements peuvent empirer la situation dans certains cas. C’est notamment le cas de certains somnifères, qui peuvent accentuer les troubles cognitifs (entraîner une confusion, un manque de concentration, une désorientation…).
Vous pouvez tout de même aider la personne en la stimulant. Vous pouvez faire avec elle les activités qu’elle ne trouve plus la force de faire quand elle est seule. Attention, « faire avec » est différent de « faire à la place de ». Il ne faudrait pas inciter la personne en dépression à ne rien faire et l’entraîner vers une perte d’autonomie. Si les activités ensemble se passent mal, cessez. Le but n’est pas d’entrer en conflit avec votre proche. Cela ne vous fera pas de bien, et cela ne l’aidera pas non plus ! Vivre avec un proche en dépression ce n’est pas facile. Alors évitez-vous au moins les conflits et passez le relai à des professionnels ou à des associations (pour connaître ceux qui peuvent intervenir, demandez des informations au CLIC responsable du secteur où réside la personne en dépression).
Même si la personne est peu communicative, vous pouvez continuer à lui parler. Parfois ils n’ont pas le courage ou l’idée de parler, mais ils peuvent écouter. Cela les maintient dans le réel et peut les aider à se sentir entouré.
Pour finir,
La maladie d’Alzheimer est une maladie psychiquement difficile à vivre, qui peut parfois s’accompagner d’une dépression. Mais la dépression n’est pas une fatalité, elle peut se soigner. Parlez avec vos proches qui montrent des traits dépressifs, ou contactez directement son médecin traitant si le dialogue est difficile. Mais ne restez surtout pas sans rien faire face à ce qui représente un risque majeur de perte d’autonomie et de décès.
Mon père qui est atteint d’Alzeimer parle à tout le monde de ces idées suicidaires. Il dit que si un jour il doit aller au foyer de personnes âgés, il se sauvera, ira se perdre dans les bois en plein hiver et qu’on ne le retrouvera plus jamais. Il raconte aussi que ma mère lui crie dessus alors que ce n’est pas vrai. C’est plutôt lui qui crie après elle. Bref, elle ne sait pas comment affronter cette situation car elle a peur que si elle contacte le médecin, mon père se fâche. Il la suit partout. Elle n’a jamais de répit.
Votre père a sûrement besoin de beaucoup de réassurance. Il a peur d’être abandonné. Il est possible d’en parler avec lui, de lui die que vous et votre maman êtes là avec lui. Que vous n’allez nulle part.
Peut-être a-t-il besoin de savoir où votre mère se rend quand elle change de pièce, pour être certain qu’il ne se retrouve pas seul dans la maison. Elle peut lui dire où elle va et quand elle revient. Elle peut aussi lui dire des choses comme « Je vais faire à manger. Finis ton journal. Je serai là quand tu auras fini ta lecture ».
Il ne faut pas hésiter à faire appel aux médecins. Même s’il se fâche, ce sera temporaire. C’est une question de santé et de sécurité pour eux deux.
Jai la maladie et j ai du mal à faire les choses non pas Intellectuellement mais je ne fais pas..rv chez le médecin par exemple ou organisation etc
mon compagnon fais a ma place par exemple les courses alors que je peux Intellectuellement mais je ne décidé pas de faire
Bonjour, est-ce qu’en dehors de cette difficulté à commencer les choses vous avez le moral ? Car ce que vous décrivez peut être un symptôme de la maladie, mais peut aussi cacher une dépression.
Vous pouvez proposer à votre mari de faire les choses avec vous, ou au moins de les commencer avec vous. Cela vous aidera à trouver la motivation et à trouver par quoi commencer (car parfois, les personnes malades ont juste du mal à s’organiser et à avoir par quoi commencer, et donc ne commence jamais). Une fois l’activité démarrée, vos réflexes prendront le dessus pour la terminer.
Je ne suis pas un proche de la maladie alzheimer mais la personne qui recherche 1 aide.
Je suis bipolaire type 1 en soins depuis de nombreuses années actuellement en hdj 1 fois par semaine pour 1 atelier mémoire.
J’ai un traitement pour la bipolarité et aussi des anti depresseurs et 1 anxioletique car je suis bpco et certaines molécules ne font pas bon ménage.
Je suis sous oxygène 12 h par jour et bronchodilatateur ma psychologue m ‘ a dit ce matin que j ‘ avais un état dépressif car grand manque de motivation et beaucoup de pertes de mémoire immédiate au dernier irm en 2021 en conclusion était inscrit leucopathie vasculo dégénérative j ‘ aimerais recevoir vos fiches merci de m ‘ avoir lu cordialement
Bonjour,
J’espère que les fiches pourront vous aider. N’hésitez pas à en parler à votre médecin et à l’accueil de jour pour savoir si c’est adapté.
merci pour ces très bons renseignements
Bonjour, un médecin peut-il « obliger » une patiente à voir un spécialiste si elle n’est pas d’accord. En sachant qu’elle perd la mémoire? Car sinon comment faire pour lui donner un traitement?
Merci
Bonjour,
Non, un médecin ne peut rien imposer à une patiente tant qu’elle n’est pas reconnue inapte à prendre la décision elle-même (démarches légales à effectuer au tribunal) ou qu’il n’y a pas de mise en danger grave (dans quel cas l’obligation serait d’entrer dans un EHPAD ou autre structure).
La personne doit accepter de rencontrer le spécialiste. Il faut en discuter avec elle. Je donne ici quelques pistes pour la convaincre : https://autonome-a-domicile.com/convaincre-examens-alzheimer/
Bonne journée
Bonjour. Je ne savais pas que l’ergotherapeute pouvait aider des gens dépressifs. Puis je savoir la nature de l’aide? Merci
Bonjour,
L’ergothérapeute peut intervenir auprès de nombreuses personnes différentes. J’ai par exemple exercé en psychiatrie durant 3 ans.
L’ergothérapeute propose des activités spécifiques en fonction des difficultés de la personne. Pour une personne agoraphobe, l’ergothérapeute peut proposer une activité à 2 dans une salle fermée, puis dans une salle porte ouverte, puis dans un groupe avec 2-3 autres personnes, puis dans un plus grand groupe, puis en ville…
Pour une personne qui se dévalorise, cela peut être des activités valorisantes comme la création d’un objet, l’apprentissage d’une nouveau loisir.
Pour une personne qui a tendance à ne pas savoir exprimer ce qu’elle ressent, cela peut être une activité chant puis une activité écriture…
Les formes sont vraiment variées. Tout dépend de l’ergothérapeute et du patient, de sa personnalité, de ses troubles, de sa situation…
Ma mère âgée de 84 ans à azheimer et la elle m appelle et menace de se tuer avec des médicaments puis je la croire je suis inquiète elle a peur de tout
Bonjour,
En fait, on ne peut jamais savoir quand une personne parle de se suicider si elle va le faire ou non. Peu importe qu’elle ait Alzheimer dans ces cas là. Sa menace montre dans tous les cas une réelle souffrance. Je vous encourage vivement à en parler à son médecin qui proposera un traitement ou vous orientera vers un spécialiste.
Votre mère dit-elle pourquoi elle pense se suicider ? Est-ce que c’est régulier et dans un même contexte ? Cela peut vous aider à trouver comment arranger les choses.
J’espère que cela passera car ce sera moins inquiétant pour vous et surtout parce que cela voudra dire que votre mère se sent mieux.