Dans cet article, je vous ai expliqué qu’à partir d’un moment, une personne qui a la maladie d’Alzheimer peut se voir conseiller de ne plus conduire.
Mais le conseil du médecin ne fait pas tout, et votre proche têtu (ou qui oublie le conseil du médecin), peut ne pas accepter d’arrêter de conduire. Comment faire pour le raisonner et le protéger ?
Je vais vous donner quelques conseils pour le convaincre.
Pourquoi refuse-t-il d’arrêter de conduire ?
- Pouvoir conduire signifie pour beaucoup être libre. Etre maître de ses déplacements s’apparentent pour beaucoup de personnes au fait d’être maître de sa vie. Ils peuvent aller où ils veulent et quand ils le veulent. Renoncer à une telle facilité et une telle liberté peut être très difficile.
- Pour certaines personnes, la conduite est ce qui les empêche de se sentir complètement seul. Rappelez-vous qu’énormément de personnes âgées se sentent isolées et que c’est également le cas pour les personnes qui ont une démence. Conduire leur permet de se rendre chez des amis qui ne peuvent plus se déplacer, ou tout simplement de se rendre à la superette où ils connaissent toutes les caissières…
- La personne qui a une maladie d’Alzheimer ne se rend pas toujours compte de ses difficultés. Beaucoup les minimisent ou ne veulent pas les voir. Pourquoi alors cesser de conduire puisque l’on est persuadé que tout va très bien ?
- Votre proche peut tout simplement oublier qu’il n’a plus le droit de conduire.
Comment le convaincre d’arrêter de conduire ?
- Le mettre face à ses difficultés : discutez avec votre proche des différents accidents qu’il a eu récemment en regardant les griffes et impacts sur la voiture, les éventuels constats… Prendre conscience du danger peut l’aider à se raisonner.
Vous pouvez également évoquer la peur que vous avez en sachant qu’elle prend le volant. Peur qu’elle se blesse mais aussi qu’elle blesse une autre personne. - Si votre proche nie avoir des troubles ou des difficultés, vous pouvez lui proposer de vérifier cela avec le médecin. Vous pouvez alors lui dire que ce sera seulement pour vous rassurer, et que si elle est certaine de ne pas avoir de troubles, les résultats des examens ne doivent pas l’inquiéter. Le médecin prendra alors en charge le problème, en expliquant à votre proche qu’il ne peut plus conduire. Certaines personnes ne peuvent être raisonnées que par une personne du milieu médical qu’elles connaissent et respectent.
- Si votre proche a peur de rester coincer à la maison ou de dépendre de vous, vous pouvez lui montrer la brochure de différents services (dont je parle plus bas) qui lui permettront de se faire conduire là où il en a envie. Laissez-lui les brochures pour qu’ils puissent les consulter en votre absence et se faire doucement à l’idée.
- Dans certains cas d’urgence, la « panne » de la voiture peut être une solution. Débranchez la batterie de la voiture et elle ne pourra ainsi plus démarrer. Malheureusement, ce n’est pas une méthode qui fonctionnera sur le long terme et qui n’est pas à proposer à une personne pleine de ressources et qui pensera à faire venir un dépanneur. De même, votre proche, s’il a encore suffisamment de capacités pour se souvenir de la panne de sa voiture risquera de vous demander à chaque appel quand vous allez la faire réparer. Et son insistance peut devenir très difficile à gérer !
- Il est également possible de cacher les clefs de voiture. Attention toutefois. Dans un premier temps la personne peut ne rien dire parce qu’elle pense avoir oublié où elle les a rangé. Mais si des personnes interviennent à son domicile, elle peut très vite les accuser d’avoir déplacé ou volé ses affaires !
- Déplacer la voiture : si la personne ne voit plus la voiture devant sa fenêtre, elle peut tout simplement ne plus y penser ! En effet, chez certaines personnes avancées dans la maladie, c’est le fait de voir quelque chose qui l’aide à s’en rappeler. Voir la voiture lui donne alors envie d’une balade.
- Certaines personnes revendent la voiture. Mais attention au risque d’agressivité, de colère… Si votre proche ne comprend pas pourquoi vous avez fait cela, votre relation peut devenir très compliquée. Ce n’est pas une option que je recommande avant d’avoir essayé toutes les autres auparavant.
Quelles alternatives à la conduite proposer ?
- Vous pouvez l’accompagner dans certains de ses déplacements et par exemple prendre l’habitude de faire vos courses ensemble une fois par semaine. Pour votre proche, ce sera l’occasion de vous voir un peu plus. De nouvelles habitudes agréables peuvent être prises (comme par exemple, aller boire un café avant de faire les courses)
- Si votre proche n’aimait pas particulièrement sortir mais le faisait par besoin, vous pouvez lui proposer de découvrir les systèmes de livraison à domicile pour les courses, de faire venir les professionnels de santé à domicile, etc… De plus en plus de services se sont développés pour le domicile.
- Si votre proche est en bonne santé, cela peut être l’occasion de marcher un peu plus. On prend trop facilement la voiture pour aller chercher son pain, alors que la marche est très bonne pour santé (pour le coeur mais aussi pour la mémoire !).
- Vous pouvez également l’initier à la prise des transports en commun. Cela sera en plus l’occasion de voir du monde, de discuter aux arrêts de bus… en bref de sociabiliser. (Je précise que cela dépend des troubles de votre proche… il ne faut pas qu’il ait de troubles de l’orientation. Mais s’il a arrêté la conduite à cause de son impulsivité, les transports en commun ne devraient pas être un problème).
- Votre commune ou département propose peut-être des aides au déplacement des personnes âgées. Cela peut prendre la forme de taxi ou de taxi collectifs à réserver par téléphone à l’avance. Contactez le CLIC concerné par le domicile de votre proche pour en savoir plus sur ces aides locales. Les tarifs sont en général calculés en fonction des revenus de la personne, et sont finançables par l’APA.
- Les personnes retraitées de l’AGIRC ou de l’ARCCO de plus de 80 ans peuvent bénéficier de chèque Sortir Plus. Il s’agit de chèques Cesu pré-payés avec lesquels la personne âgée paye le service de transport qu’elle aura reservé pour ses déplacements.
La personne peut demander 3 carnets de chèques Sortir Plus par an, d’une valeur de 150€ chacun. Pour cela, elle devra uniquement verser un 15 à 30€ par chéquier commandé.