Amélie Wallyn

Aggravation soudaine des symptômes et guerre en Ukraine.

J’ai reçu plusieurs messages ces derniers temps pour me parler d’un proche qui semble encore plus malade ces derniers temps. Une aggravation majeure de certains symptômes voire même l’apparition de nouveaux comportements étranges ont été remarqués par plusieurs lecteurs. 

Leurs proches présentent :

  • une agitation nocturne,
  • des cris plus fréquents, des crises de larmes
  • de la difficulté à se concentrer, à comprendre ce qui lui est dit,
  • une incontinence nocturne,
  • des comportements étranges.

Alors bien sûr, ce sont les symptômes des malades de type Alzheimer, mais l’aggravation soudaine chez plusieurs personnes montre qu’il y a eu un élément déclencheur.

En discutant avec mes lecteurs, nous avons convenus qu’il s’agissait de la guerre en Ukraine.

Nos proches âgés ont connu la guerre dans leur enfance et en ont beaucoup entendu parler par leurs parents. C’est un traumatisme réel.

Pour ceux qui sont déjà confus en temps normal à cause de la maladie, entendre parler de la guerre en Ukraine réveille des souvenirs enfuis.

Ceux qui sont désorientés par une maladie de type Alzheimer (et qui se croient souvent dans le passé) peuvent confondre l’ancienne guerre et la nouvelle, mélanger les époques.

D’autres personnes âgées sans troubles cognitifs peuvent tout simplement avoir peur de revivre des situations très difficiles.

Cela se manifeste par des insomnies et des angoisses, mais il peut aussi y avoir une tendance à cacher de la nourriture, à avoir peur des personnes qui sonnent à la porte, à être tendu au moindre bruit violent…

Les informations parlent beaucoup de la guerre en Ukraine. Cela éveille souvent beaucoup d’émotions chez nos séniors. Soit parce qu’ils savent ce qu’endurent les victimes, soit parce qu’ils ont peur de redevenir victimes à leur tour. N’oublions pas que certains médias font du sensationnel et que les gros titres peuvent être « Allons-nous entrer en guerre pour soutenir l’Ukraine ? » ou « Poutine menace l’Europe avec les armes nucléaires », etc. Certains de nos proches ont du fuir leur pays à une autre époque. Ce qu’il se passe actuellement fait écho à leur propre histoire. 

Bien évidemment, il est possible aussi que tout cela n’affecte pas du tout votre proche. Il sait faire la différence entre ce qu’il a vécu et ce qu’il se passe en ce moment. Il se sent en sécurité. Peut-être aussi qu’il ne se sent pas concerné ou touché par ce qu’il se passe (et ca ne fait pas de lui une personne sans coeur, il a tout simplement d’autres problèmes dans son quotidien qui prennent de la place dans son esprit… et il a déjà entendu parler de très nombreuses guerres durant sa longue vie).

Bref, nous n’avons pas tous les mêmes façons de réagir à ce qu’il se passe, et nous n’avons pas tous le même vécu. Dans ce cas là, ne changez rien à vos habitudes.

 

Comment réagir si votre proche est très affecté par la guerre ?

  • Si vous constatez que votre proche a changé d’attitude récemment, n’hésitez pas à parler de la guerre avec lui. Peut-être qu’il a mal compris la situation actuelle, qu’il a besoin d’être rassuré et que vous expliquiez les choses avec d’autres mots.

 

  • Prenez du temps pour l’écouter s’il a besoin de parler de ses souvenirs. Il vaut mieux extérioriser ses émotions que de les garder pour soi. Nos aînés ont besoin de toute notre bienveillance.

 

  • Si votre proche n’est pas en mesure de comprendre la situation, essayez de faire en sorte qu’il ne soit pas exposé aux informations et aux images de la guerre. Dans tous les cas, quand les personnes sont confuses, il est souvent recommandé d’éviter la télévision et la radio (je décris pourquoi dans cet article).

 

  • Attention aussi si une personne dans son entourage accueille des Ukrainiens. Votre proche peut paniquer en entendant une langue étrangère parce qu’elle peut penser qu’il s’agit d’un envahisseur ennemi, par exemple. Par ailleurs, si votre proche perd la mémoire, il pourrait demander à votre invité qui il est durant votre absence, et celui-ci ne saurait pas se faire comprendre.

Si vous envisagez d’accueillir des réfugiés alors que votre proche vit avec vous, il est important que vous ayez conscience des difficultés que cela peut engendrer pour votre proche. N’hésitez pas à demander aux soignants qui connaissent votre proche s’ils vous déconseillent ou non d’être famille d’accueil.

(Ce qui ne signifie pas que vous ne pouvez pas les aider autrement si vous le souhaitez. J’accueille moi-même une personne ukrainienne et c’est un soulagement d’avoir des bénévoles qui peuvent s’occuper des démarches administratives, qui font des dons du matériel dont nous manquons ou qui acceptent de se déplacer pour aller chercher les dons et les apporter dans les familles d’accueil qui en ont besoin, etc. Il y a mille façons d’aider, quand on en a le désir. Aider ne doit pas se faire au détriment de votre santé ou de celle de votre proche).

J’espère que vous vous portez bien et que vous n’avez pas d’amis ou de famille en danger.

A propos de l'auteur Amélie Wallyn

Ergothérapeute et co-auteur de la méthode MALO, je partage mes conseils et outils pour vous aider à maintenir votre proche à domicile le plus longtemps possible !

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