Aujourd'hui, je vais vous présenter l'échelle de Scheltens, un instrument de mesure utilisé par les professionnels de la santé pour détecter le niveau d'atrophie de l'hippocampe notamment chez les personnes qui se plaignent de troubles de la mémoire.
Vous vous demandez peut-être ce qu'est l'hippocampe et pourquoi cela compte tant ? Eh bien, l'hippocampe est une petite partie du cerveau qui joue un rôle crucial dans la mémoire.
L'atrophie hippocampique peut être naturelle et liée à l'âge. Notre cerveau vieillit lui aussi, et c'est bien normal. Il s'agit d'une leucopathie non inquiétante.
Mais quand l'atrophie est importante et rapide, cela peut-être le signe d'une maladie d'Alzheimer. En effet, l'hippocampe est l'une des premières zones du cerveau à être touchées par cette maladie.
L'échelle de Scheltens sert justement à évaluer le niveau d'atteinte de l'hippocampe à travers une échelle de 0 à 4.
À quoi sert l'hippocampe ?
C'est une toute petite partie du cerveau (environ 3 cm3) qui joue un rôle essentiel dans la mémoire et les apprentissages. Il fait partie du système limbique, une zone du cerveau qui gère nos comportements, nos émotions et optimise notre mémoire.
L'hippocampe se trouve dans le lobe temporal médian, tout près de vos oreilles et de vos tempes. Il ressemble à l'animal marin portant le même nom. L'hippocampe existe en double, avec un exemplaire dans chaque hémisphère droit et gauche de votre cerveau.
Quel est le rôle de l'hippocampe ?
L'hippocampe fait partie du système limbique, la zone qui gère nos émotions et nos comportements. C'est un peu comme le chef d'orchestre de notre cerveau émotionnel.
Il est aussi responsable de notre mémoire et de notre apprentissage.
Il se charge de deux types de mémoires : la mémoire épisodique qui enregistre tous les faits et événements marquants de notre vie, et la mémoire spatiale, qui garde en mémoire toutes les informations liées à l'espace.
L'hippocampe est un peu comme notre archiviste personnel. Il stocke les souvenirs et nous aide à reconnaître les objets, les sons et même les personnes. C'est grâce à lui que nous pouvons retrouver notre conjoint dans une foule, nous rappeler de cette chanson qui nous met de bonne humeur, ou revivre ce moment mémorable lors de notre dernière fête de famille.
Quelles maladies impactent l'hippocampe ?
Beaucoup de recherches sont réalisées au sujet de l'hippocampe pour comprendre différentes maladies. Une atrophie de l'hippocampe peut survenir dans différentes maladies comme :
- La leucopathie
- La dépression,
- La schizophrénie,
- L'épilepsie,
- L'hypertension artérielle,
- La maladie de Cushing,
- Le stress post-traumatique.
Mais le plus souvent, lorsqu'on détecte une atrophie de l'hippocampe, le diagnostic posé est celui de la maladie d'Alzheimer.
Cependant, une atrophie légère de l'hippocampe peut être un signe normal de vieillissement.
Quel est le lien entre la maladie d'Alzheimer et l'atrophie de l'hippocampe ?
L'hippocampe et les régions cérébrales associées sont souvent les premières à être touchées dans la maladie d'Alzheimer. Cette atrophie de l'hippocampe entraîne des difficultés pour former de nouveaux souvenirs et apprendre de nouvelles informations. Les personnes atteintes peuvent avoir du mal à se rappeler ce qu'elles ont fait récemment ou même ce qu'elles viennent de dire.
Cependant, il est important de noter que l'hippocampe est moins impliqué dans la récupération des souvenirs anciens. C'est pourquoi les personnes aux premiers stades de la maladie d'Alzheimer conservent souvent des souvenirs de leur enfance. Au début, l'atrophie de l'hippocampe se développe, mais le cortex, une autre région du cerveau, n'est affecté que plus tard.
Cette atrophie précoce de l'hippocampe explique pourquoi les problèmes de mémoire sont l'un des premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer.
Les symptômes de l'atrophie de l'hippocampe liée à la maladie d'Alzheimer et à certaines autres formes de maladie neurodégénératives peuvent être les suivants :
- Des pertes de mémoire handicapantes, où la personne oublie des rendez-vous et des événements importants.
- Des difficultés à résoudre des problèmes et à planifier.
- Une désorientation dans le temps et l'espace, où la personne peut se perdre dans un lieu connu ou ne plus 'y retrouver dans le rythme de ses journées.
- Des difficultés à effectuer des activités qui étaient pourtant familières.
- Des troubles liés à l'usage des mots, tant à l'oral qu'à l'écrit, où elle peut avoir du mal à s'exprimer ou à comprendre les autres.
- Un jugement affaibli, où elle peut prendre des décisions moins appropriées.
- Des changements d'humeur ou de personnalité, où elle peut être plus irritable, anxieuse ou déprimée.
Ces symptômes peuvent être difficiles à vivre, tant pour les personnes atteintes que pour leurs proches. Il est important de soutenir et d'accompagner avec compassion ceux qui font face à ces défis, en cherchant des moyens de maintenir leur qualité de vie et leur bien-être.
Qu'est-ce que l'échelle de Scheltens ?
L'échelle de Scheltens est une échelle réalisée aprè observation d'une IRM cérébrale. Elle permet d'analyser l'atrophie hippocampique qui est le signe de différentes maladies et engendre des troubles de l'humeur et des pertes de mémoire.
On y observe la taille de l'hippocampe, de la fissure choroïdienne et de la corne temporale.
Les différents grades de l'échelle de Scheltens.
L'échelle de Scheltens est composée de quatre grades qui évaluent la taille de différents éléments anatomiques observés dans une coupe frontale du cerveau.
Grade Scheltens 0
Aucun liquide céphalo-rachidien (LCR) n'est visible autour de l'hippocampe. Il n'y a pas d'atrophie hippocampique. C'est l'état "normal" de référence, ce qui ne signifie pas forcément que la personne est malade si elle ne présente pas un grade 0.
Grade Scheltens 1
On remarque un léger élargissement de la fissure choroïdienne, mais la taille de l’hippocampe et de la corne temporale sont toujours normales.
Grade Scheltens 2
Les changements deviennent plus évidents :
- Une fissure choroïdienne légèrement plus large.
- Une légère expansion de la corne temporale.
- Une légère perte de hauteur de l'hippocampe.
Grade Scheltens 3
Les changements deviennent plus marqués :
- Une fissure choroïdienne nettement plus large.
- Une expansion modérée de la corne temporale.
- Une perte modérée de hauteur de l'hippocampe.
Grade Scheltens 4
C'est le niveau le plus élevé d'atrophie hippocampique :
- Une fissure choroïdienne nettement plus large.
- Une corne temporale fortement élargie.
- Une grave perte de volume de l'hippocampe.
Ces grades nous aident à évaluer les changements et les altérations de l'hippocampe, et sont importants pour comprendre l'évolution de l'atrophie et de la maladie.
Résultat de l'échelle de Scheltens : vieillissement normal ou pathologie ?
Un stade 1 ou 2 sur l'échelle de Scheltens :
Le résultat est à considérer en fonction de l'âge de la personne.
En effet, en vieillissant il est normal que le volume de l'hippocampe réduise.
Des imageries ont été réalisées chez des personnes ne présentant pas de maladie neurocognitive, puis 5 ans plus tard. Voici les résultats de l'étude.
Stade sur l'échelle de Scheltens | 75 ans | 80 ans |
---|---|---|
Stade 0 | 1,5% | 1,5% |
Stade 1 | 48% | 38% |
1,5 | 27% | 20% |
Stade 2 | 10% | 20% |
Stade 4 | 0 | 0,49% |
3% des personnes ont développé par la suite une MCI ou une démence.
À 75 ans, 1 personne avait un stade à 0, une personne était au stade 1, 2 étaient au stade 2 et 2 étaient au stade 3.
Il est important de noter que lorsque l'hippocampe présente une atrophie au stade 1 ou 2 selon l'échelle de Scheltens, cela peut indiquer un déficit cognitif léger, connu sous le nom de MCI (trouble cognitif léger). Cette condition peut entraîner des troubles cognitifs similaires à ceux de la maladie d'Alzheimer, tels que des problèmes de concentration, de communication, de mémoire et d'orientation. Cependant, il est rassurant de savoir que cela ne conduit pas nécessairement à la redoutée démence.
Des études ont démontré que la taille de l'hippocampe et son niveau d'atrophie peuvent prédire si le déclin cognitif léger évoluera vers la maladie d'Alzheimer. Ainsi, plus la réduction du volume de l'hippocampe est significative et rapide, plus il y a de risques de développer cette pathologie.
En revanche, il est réconfortant de savoir que si un patient présentant un déficit cognitif léger obtient un score de 0 sur l'échelle de Scheltens, il y a très peu de chances qu'il développe la maladie d'Alzheimer (à l'exception des patients jeunes).
Un stade de 3 ou 4 sur l'échelle de Scheltens :
Le plus souvent, ce stade est associé à une forme avancée de la maladie d'Alzheimer.
Cependant, comme je l'explique plus bas, d'autres maladies peuvent entraîner une réduction du volume de l'hippocampe et un stade 3 ou 4 sur l'échelle de Scheltens. Le diagnostic ne peut donc être posé qu'en complément d'autres examens.
Peut-on différencier la maladie d'Alzheimer d'une autre démence grâce à l'échelle de Scheltens ?
L'échelle de Scheltens sert à mesurer l'atrophie hippocampique.
L'hippocampe des personnes atteintes d'Alzheimer montre des signes d'atrophie dès un stade précoce de la maladie.
Mais cette atrophie est présente chez d'autres personnes comme le démontre l'étude de Barkhof et coll., 2012.
Dans cette étude, il est retrouvé que :
- 100% des personnes atteintes d'Alzheimer présentent une réduction du volume de l'hippocampe.
- 87% des personnes atteintes d'une démence vasculaire sont concernées.
- 62% des personnes souffrant d'une maladie à corps de Lewy présentent une réduction du volume hippocampique, mais celle-ci est beaucoup moins importante que dans la maladie d'Alzheimer.
- et 4% des personnes ne présentant aucune de ses maladies et pour qui les imageries ont été réalisées afin de comparer les résultats des différents groupes.
Donc on ne peut pas établir un diagnostic de maladie d'Alzheimer en se basant uniquement sur l'échelle de Scheltens.
Peut-on empêcher l'atrophie de l'hippocampe ?
On sait aujourd'hui que l'hippocampe, cette petite région du cerveau, a une capacité étonnante à évoluer et à se modifier au fil du temps, ce que l'on appelle la plasticité cérébrale. De nombreuses études ont démontré que même si l'hippocampe a tendance à se rétrécir avec l'âge, il est possible de ralentir, voire inverser, ce processus grâce à l'exercice physique et à la stimulation cognitive.
Bonjour, auriez-vous la source précise de l’étude de Barkhof et coll., 2012 ?
Je vous remercie
le COVId nous ayant atteints en Mars 2019, j’ai d’abord pensé que les troubles cognitifs qui affectaient mon épouse pouvait être dû à cette infection. Hélas, 3 IRM plus tard le diagnostics semble pencher pour une reconnaissance alzheimer. Maintenant mon challenge et de parvenir à l’accompagner tout en ne devenant pas « fou » car cette maladie étant évolutive l’adaptation de mon comportement doit être quotidien et me déstabilise. Et dire, oui ma chérie, c’est bien… alors que pour la même raison vous réprimanderiez votre enfant est bien difficile . Merci pour vos conseils et réconforts.
Mon épouse (76ans) diagnostiquée, trouble cognitifs légers en 2022 vient de passé un IRM cérébral et celui-ci évoque, suivant l’échelle de scheltens, un niveau 4. Je vous remercie pour votre article et conscient de l’évolution vers Alzheimer, vais m’efforcer de suivre vos conseils.
Bonjour mon mari a 75ans stade 3 mais pratiquement aveugle du a des nevrites optiques visionner à 0 d un œil et de 0/20 à l autre de gros troubles les de l orientation plus de mémoire et ancien bipolaire stabilised3puis longtemps je ne le vois pas faire des exercices pour la mémoire le kine ne lui sert à rien il ne marche pratiquement pas il glisse sur ses pieds je vais prendre rv avec un neuro et un gériatre il est déjà gir 3 avec une aide de l apa je ne sais comment méritées car s’il ne dort pas il me solli ite sans cesse merci de me lire
Je suis diagnostiquée depuis avril 2024 grade 3 de Sheltsens et grade 2 de fazekas
J’ai une therapeute pour cours de mémoire (une fois semaine)je conduis mavoiture
Merci pour tous vos renseignements qui confirme ce que pensais. Pas de médecin dans la région. Difficile de avoir un pronostic sauf qu’il avait déjà passé un examen de la sorte.
Merci pour votre aide.
Merci d’avance
J’ai hâte de découvrir vos fiches de stimulation cognitive
Article très intéressant et instructif, nous éclairant sur cette pathologie et ouvrant un champ de possibles autre que le diagnostic Alzheimer.
Bonjour
Votre site est très bien fait et je vous remercie
Mon mari a été diagnostiqué il y a 1 mois et sans me l avouer je craignais depuis au moins 1.5 an cette maladie
Une remarque ou plutôt une question
Peut on éviter de seulement parler des personnes âgées atteintes d alzheimer ? Même je sais bien qu’elles sont la très grande majorité
Ou plutôt je reformule : ou trouver de l information et de l aide sur cette maladie et qui ne soit pas à destination de malades de plus de 70 ans et de leurs aidants
Est ce possible ?
Je vous remercie et encore une fois un immense bravo pour la qualité de vos écrits
Nous sommes anéantis mais vous m apportez beaucoup
Bonjour, oui ce site est destiné aux aidants de personnes âgées (qu’elles soient malades ou non).
Voici le lien vers le centre de référence pour les malades Alzheimer jeunes CNRMAJ : http://www.centre-alzheimer-jeunes.fr/
Courage 🙂
Vous, vs adressé aux services de votre département où ils ont des aides, relayage pour les aidant.
Vous avez raison heureusement que ce site existe ce Qui nous permet d’avancer. Le drame des déserts médicaux. Bon courage. Madame. Je suis en plein dedans aussi. Muguette