Je vous avais déjà expliqué dans cet article comment un médecin peut faire le diagnostic (ou non) d’une maladie d’Alzheimer chez son patient.
Seulement, vous êtes plusieurs à m’avoir demandé comment convaincre son proche d’aller chez le médecin pour faire ses examens.
En effet, souvent les personnes atteintes de la maladie sont dans le déni. Au tout début de la maladie, elles mettent leurs oubli sur le compte de la fatigue, de la surcharge ou du stress. Ensuite, elles n’ont même plus conscience de leurs oublis et de leurs troubles. C’est ce que l’on appelle l’anosognosie.
J’ai donc réuni dans cet article toutes les astuces et les conseils que j’ai pu donner à certains de mes lecteurs par mail, afin de vous en faire tous bénéficier.
Pourquoi mon proche ne veut pas faire les examens ?
Tout dépend de sa personnalité et de l’avancement de sa maladie.
Au début de la maladie, cela peut être :
- par manque de temps : du fait de ses troubles, la personne est moins efficace dans ses activités quotidiennes, elles lui prennent plus de temps. Il se sent stressé et débordé.
- par peur : il a peur du diagnostic et de ses conséquences et préfère ne pas y penser. Il repousse l’inéluctable.
- par fierté : il ne veut pas reconnaître que ses capacités sont en baisse, qu’il peut être affaibli. Et donc s’il ne reconnait pas avoir des pertes de mémoire, pourquoi irait-il consulter pour cela ?
Vous connaissez votre proche, vous pouvez deviner ses raisons. Vous pourrez ainsi le raisonner et argumenter de manière plus convaincante.
Vous savez également si c’est une maladie qui lui a toujours fait peur, s’il a un proche qui en a souffert.
A un stade plus avancé de la maladie :
- à cause de l’anosognosie : cela ressemble un peu à un déni de la maladie. La personne ne se rend pas compte qu’elle a des troubles de la mémoire et invente des excuses pour justifier certains faits qu’elle a oubliée. Par exemple, si elle a oublié où elle a rangé son porte-feuille, elle va dire que son aide-ménagère lui a volé.
Dans le groupe d’aidants familiaux que j’ai créé, il y a une aidante qui se fait accuser par sa mère d’avoir piraté son téléphone parce que chaque fois qu’elle essaie de passer un coup de téléphone, c’est sur sa fille qu’elle tombe. Bien sûr, c’est juste parce qu’elle ne sait plus se servir de son téléphone, et qu’il est impossible pour elle de le reconnaître. De plus, les troubles de l’humeur que l’on peut constater chez certains malades accentuent encore leur imagination.
- parce qu’ils ont peur d’être placés en institution. Certaines personnes imaginent qu’à partir du moment où on leur diagnostique une maladie d’Alzheimer, elles devront entrer en EHPAD.
Comment convaincre mon proche de faire les examens pour Alzheimer ?
S’il vous pensez qu’il a peur de la maladie et de son évolution
- Informez vous sur cette maladie, et expliquez ses conséquences à votre proche. Beaucoup imaginent que l’évolution est fulgurante, qu’en un rien de temps ils sont complètement dépendant. Ils s’imaginent devoir quitter leur maison dans l’année, oublier le visage de leur famille. La maladie évolue plus rapidement que cela, et il y a des moyens de ralentir son évolution. De plus, il y a des tas de possibilités pour préserver le maintien à domicile pendant très longtemps.
Dites-lui que par contre, pour que les choses se passent au mieux, il faut prendre cette maladie en charge au plus tôt. Que plus il attendra pour savoir s’il est atteint ou non, plus il perd du temps pour lutter contre l’évolution de la maladie. - Vous pouvez également lui dire qu’il n’a peut-être pas cette maladie, et que dans ce cas tout le temps passer à hésiter avant de faire les examens est un temps perdu à stresser inutilement.
S’il se montre trop fier pour admettre qu’il oublie parfois des choses
- Vous pouvez le mettre au défi de vous le prouver. Dites-lui que s’il n’a pas de problème, le médecin ne trouvera rien. Que s’il est si sûr de ne pas avoir de problème, il n’a pas à avoir peur de faire les examens. Et que s’il avez raison et qu’il n’y a pas de troubles de la mémoire constaté, vous vous ferez pardonner (en lui faisant son repas préféré / en l’accompagnant voir un match de foot / en invitant ses copains ou sa mère à dîner…).
- Vous pouvez également noter en secret chaque fois qu’il oublie quelque chose en précisant la date. Au bout de la semaine, montrez-lui le papier. Il sera obligé de constater ses oublis. Il peut continuer à répondre que ce ne sont que des petites choses, que c’est parce qu’il est fatigué. Mais vous pourrez continuer les semaines suivante. Jusqu’à ce que vous puissiez lui dire que s’il est fatigué ainsi depuis un mois, il est peut-être temps d’aller voir le médecin pour voir si ce n’est pas une carence alimentaire.
Jouez sur sa peur du médecin
- Vous pouvez le menacer d’en parler au médecin (et de montrer la liste de ses oublis) qu’il soit d’accord ou non. Certaines personnes ont peur de se faire réprimander par le médecin et préféreront agir d’eux même pour ne pas passer pour de vilains petits garçons (je mets cela au masculin car j’ai remarqué que ca fonctionne bien plus souvent chez les hommes que chez les femmes).
Vous pouvez également jouer sur les émotions
- Vous pouvez lui dire que cela vous fait peur, et que vous aimeriez savoir de quoi sera fait votre avenir. Que s’il est malade, il y a des démarches que vous devez entreprendre pour vous protéger financière (lui, vous et vos enfants), pour ralentir la maladie… Dites lui que vous avez besoin de savoir pour être soulagée, que l’incertitude vous pèse.
Et autrement :
- Si votre proche est à un stade plus avancé de la maladie et refuse de reconnaître ses troubles de la mémoire, vous pouvez appeler son médecin traitant et l’avertir de la situation. A la prochaine consultation pour un motif bénin (type renouvellement de traitement, rhume…), le médecin pourra proposer à la personne de faire un petit bilan de mémoire comme si cela faisait partie de la routine habituelle tension-respiration-poids.
Pour finir
Avez tous ces conseils, vous devez peut-être vous dire que je suis un peu manipulatrice (rire). Mais je vous rassure, c’est que j’ai rencontré beaucoup de famille et que certaines d’elles m’ont expliqué leurs astuces pour convaincre leur parent/conjoint.
Si votre proche refuse les examens, n’hésitez pas à en parler à son entourage (peut-être qu’une autre personne arrivera plus facilement à le convaincre) ou au médecin. Chacun aura ses techniques et votre proche se comportera différemment avec chacune de ses personnes en fonction de sa relation avec elle.
Bonjour, une astuce pour convaincre quelqu’un qui ne va strictement jamais chez le medecin? Personne n’arrive à convaincre mon père. Il a 59 ans, on a je crois tout essayé pour l’emmener chez le docteur. Et c’est impossible, il refuse catégoriquement et peut devenir violent verbalement. J’essaie de protéger ma maman qui vit avec lui de toute forme de violence, mais je crains qu’il ne se passe quelque chose de grave, il s’attire trop d’ennuie autant sur la route , qu’au travail, et à la maison. Je ne peux pas le mettre de force dans ma voiture pour l’emmener chez le medecin tout de même.
Effectivement, il ne faut surtout pas le mettre de force dans la voiture. On ne sait pas quel comportement il pourrait avoir et il pourrait se mettre en danger en sortant de la voiture au premier stop ou feu rouge, ou bien vous mettre tous en danger en perturbant votre conduite.
Est-ce qu’il pourrait croire à une nouvelle règle imposant un bilan de santé aux personnes de 60 ans?
mon mari semble a un stade avancé de la maladie et il dit que je raconte n’importe quoi
il porte à la maison ses vetements de randonnée
il a perdu 4 kilos en 3 mois
il oublie même ce que je lui dit dans la minute
il NIE ,et je suis seule loin de nos filles
nos amis ne reviennent plus à la maison et trouvent des excuses, ils se sont certainement aperçus qu’il ne pouvait suivre une conversation
il doit se lever longtemps à l’avance pour mettre la table du petit déjeuner
il mange vite
il salive au point de baver
pourquoi son généraliste qui est aussi le mien ne s’en aperçoit pas ?
MERCI pour une possible réponse
Bonjour, parfois la personne malade arrive à donner l’apparence que tout va bien quand il s’agit d’un temps court et d’une personne qui ne le connait pas très bien. Le médecin généraliste n’est pas non plus un spécialiste. Est-ce que des examens ont été réalisés pour la perte de poids et l’hypersalivation ?
Vous pouvez aller voir un neurologue sans ordonnance pour avoir un autre avis, ou vous rendre dans une consultation mémoire s’il y en a dans votre secteur.