Amélie Wallyn

Angoisse et alzheimer : conseils pour qu’il se sente mieux.

1 personne atteinte de la maladie d’Alzheimer sur deux est sujette à des crises d’angoisse. 

En fonction de la personnalité de la personne et de l’évolution de sa maladie, celles-ci peuvent avoir des conséquences impressionnantes… ou incompréhensibles. 

Par ailleurs, il peut être extrêmement difficile pour les personnes concernées et leurs aidants de gérer cette anxiété.

Comprendre les causes et les signes de cette anxiété peut permettre à l’aidant de la prévenir et de la gérer efficacement. Cela peut grandement améliorer la qualité de vie des personnes malades et aider les aidants à mieux faire face à la maladie.

Le but de cet article est de vous fournir des informations et des conseils pratiques pour vous aider à gérer l’anxiété de votre proche atteint de la maladie d’Alzheimer. Je vais y aborder les causes les plus courantes de l’anxiété, les signes à surveiller et les moyens de prévention et de gestion de l’anxiété.

Je sais combien cette situation peut être difficile. Mais comprendre vous permettra de vous sentir moins désarmé face à ce torrent d’émotions qui peut entraîner des crises de larmes et des cris intenses. 

Causes de l’angoisse chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer

causes angoisse alzheimerLes causes de l’anxiété chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer peuvent être variées et multiples, et ces causes peuvent varier d’une personne à l’autre.

Les changements cognitifs et comportementaux dus à la maladie peuvent causer une détresse émotionnelle importante pour les personnes atteintes de la maladie, ce qui peut conduire à l’anxiété.

Voici quelques causes courantes d’anxiété chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer :

  • Changements dans les routines de la personne 

La routine permet à la personne de savoir à quoi s’attendre dans sa journée. Elle n’a plus besoin de chercher à déchiffrer votre comportement, à analyser l’heure de la journée : elle suit un fil conducteur et cela la repose. Elle n’angoisse pas à l’idée de faire une erreur. Il n’y a pas de problème de compréhension et d’étonnement lorsque vous la suivez dans la salle de bains. 

Un changement de routine déstabilise la personne qui ne sait plus ce qu’elle doit faire et se sent fragile.

Votre proche peut être très anxieux face à une situation nouvelle : incompréhension de la situation, peur de comment cela va se passer, peur de ne pas savoir comment se comporter, etc.

  • La perte de repères spatio-temporels

La personne peut ne pas reconnaître les lieux, les objets familiers, avoir du mal à se souvenir de l’heure, du jour ou de la date, et avoir des difficultés à se rappeler des événements récents ou importants de sa vie. Ces symptômes peuvent causer de l’angoisse et de la détresse chez la personne atteinte d’Alzheimer.
Si elle ne sait plus à quelle époque elle est, elle peut s’angoisser de ne pas avoir de nouvelles de ses parents ou d’arriver en retard pour aller chercher les enfants à l’école. 
Si elle ne reconnaît plus son domicile, elle peut s’inquiéter et imaginer avoir été kidnappée, vouloir chercher à fuir cet endroit ou à tout prix vouloir rentrer chez elle.
Si elle ne sait plus s’orienter dans son logement, elle peut s’angoisser en cherchant partout les WC au fur et à mesure que son envie d’uriner devient pressante.

 

  • Difficultés à communiquer ou à comprendre les autres

Si votre proche ne comprend pas vos demandes, il peut angoisser, car il a peur de mal faire les choses.

Il peut également être anxieux s’il ne comprend pas vos indications et ne comprend donc pas que vous lui dites que vous ne sortez que pour 5 minutes. Il se demande où vous allez et peut faire une crise de panique durant ces 5 minutes. 

Si vous ne le comprenez pas, c’est aussi très perturbant. Il a faim, mais ne sait plus se faire à manger ni vous faire comprendre qu’il voudrait manger. Il a mal, mais vous ne comprenez pas et ne pouvez pas le soulager. Il s’inquiète du devenir d’un parent, mais vous ne pouvez pas le rassurer, etc.

  • Fatigue ou douleurs physiques

La personne atteinte d’une maladie d’Alzheimer ne sait pas forcément communiquer ses douleurs. Parfois, elle ne sait pas elle-même ce qui ne va pas, elle sait juste qu’elle ne se sent pas bien. Ces émotions peuvent créer de l’angoisse, car elle ne se comprend pas elle-même et que vous ne la comprenez pas non plus. Elle peut avoir peur que cette situation dure éternellement. Avoir peur d’une maladie grave, de la mort. 

La fatigue augmente aussi l’anxiété de la personne malade. En effet, quand nous sommes fatigués nous sommes extrêmement sensibles et nos capacités cognitives ont moins performantes. La personne a donc plus de mal à s’orienter et à comprendre son quotidien, elle est plus vulnérable aux émotions. Si une chose la contrarie, cela prendra bien plus d’ampleur si elle est fatiguée. Si elle perçoit votre anxiété (même s’il s’agit d’une anxiété qui n’a aucun rapport avec elle), elle l’absorbera d’autant plus facilement et s’inquiétera de savoir ce qui vous inquiète et que vous lui cachez. 

  • Effets secondaires de certains médicaments

On y pense rarement, mais les médicaments peuvent aussi avoir ce type d’effets secondaires. Certains traitements augmentent le risque de dépression et de pensées suicidaires, d’autres causent de l’angoisse. Ma grand-mère avait dû faire remplacer un traitement qui lui donnait d’horribles cauchemars. 

Dans le cas d’une maladie d’Alzheimer, la personne peut ne plus faire la différence entre les cauchemars et la réalité. 

Certains traitements (de type somnifère) vont augmenter les troubles cognitifs. Et donc augmenter l’incompréhension du monde qui l’entoure. Et vivre dans un monde qu’on ne comprend pas et qu’on ne reconnaît pas est extrêmement angoissant. 

Angoisses de la personne qui a conscience de ses troubles cognitifs

  • Diminution de l’autonomie et de la capacité à prendre des décisions

Si votre proche a conscience de ses troubles, cela est normal qu’il y ait un impact sur son moral. C’est très difficile de se voir perdre en capacités, tout en sachant que cela continuera. Il y a la honte de ne plus savoir faire certaines choses et la peur de savoir jusqu’où ça ira. La peur de sortir et de finalement ne plus savoir comment faire pour rentrer. La peur de recevoir des amis et de soudainement ne plus se souvenir de leurs prénoms ou de sortir en oubliant qu’ils doivent passer. 

La conscience des troubles est vraiment très anxiogène. 

  • Préoccupation concernant l’avenir ou la maladie elle-même

Si votre proche est en début de maladie, il a conscience de son diagnostic et peut être très anxieux. On sait que c’est une maladie qui évolue et cela fait peur. 
Votre proche peut avoir peur de vous oublier, peur d’être abandonné, peur d’être maltraité en ehpad (puisque les médias ne parlent quasiment que d’Ehpad maltraitants et rarement des structures qui redonnent le sourire aux personnes âgées).
Il peut avoir peur pour vous et la façon dont vous allez vivre les choses. Peur de laisser une veuve ou des enfants trop jeunes pour perdre un parent. Peur pour sa situation financière qui lui permettra ou non d’obtenir l’accompagnement et les soins désirés. 

Il est important de comprendre que chaque personne atteinte de la maladie est unique et que les déclencheurs d’anxiété peuvent varier d’une personne à l’autre. Il est donc essentiel de trouver les causes spécifiques d’anxiété pour votre proche et de développer des stratégies de prévention et de gestion de l’anxiété qui lui conviennent le mieux.

 

Angoisse et Alzheimer : comment diminuer les sources d’anxiété

alzheimer et anxiétéJe comprends à quel point il peut être difficile de voir un être cher atteint de la maladie d’Alzheimer et de constater qu’il peut être terriblement anxieux à différents moments.

Cette anxiété diminue sa qualité de vie, mais elle a aussi un impact sur ses fonctions cognitives, sur son sommeil, sur sa santé et sur ses relations avec les autres.

Voici quelques suggestions qui pourraient aider à éviter les angoisses de votre proche.

Mettre en place des routines.

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont souvent besoin de routines régulières pour se sentir en sécurité et en contrôle de leur environnement. Les routines leur permettent de prévoir et de comprendre les activités de la journée, ce qui peut réduire leur anxiété et leur confusion.

Lorsque les routines sont perturbées, par exemple lorsqu’il y a des changements dans les activités quotidiennes, dans l’environnement ou dans les personnes qui interagissent avec la personne atteinte d’Alzheimer, cela peut provoquer une angoisse importante. Les personnes malades peuvent avoir des difficultés à comprendre ou à s’adapter à ces changements, ce qui peut augmenter leur confusion et leur détresse émotionnelle. Les changements dans les routines peuvent également causer des difficultés pour la personne malade d’Alzheimer à planifier ou à organiser ses activités, ce qui peut aggraver son anxiété.

Il est donc important de maintenir une routine stable, autant que possible. Lorsque des changements doivent être apportés, il est recommandé de les introduire progressivement et de manière prévisible, en expliquant clairement les changements à la personne souffrant de troubles cognitifs. Cela peut aider à réduire l’anxiété et à faciliter l’adaptation de la personne atteinte d’Alzheimer aux nouveaux changements.

Toute routine est bonne à prendre. Cela peut-être sa routine quotidienne. Par exemple :

 le petit-déjeuner >ensuite la toilette > ensuite une activité de stimulation cognitive > une pause en écoutant de la musique > le déjeuner, etc.

Il peut aussi s’agir de routine alimentaire avec un menu fixe chaque semaine. Une visite tous les dimanches. Un appel visio de ses petits-enfants en votre présence tous les samedis midi, etc. 

Créer un environnement calme

Les personnes atteintes d’Alzheimer peuvent facilement se sentir débordées dans un environnement bruyant ou encombré. Essayez de créer un espace calme et ordonné pour eux, avec une lumière douce et une musique relaxante.

Il faut que son environnement soit le moins stimulant possible, car votre proche ne peut plus se concentrer sur tous les éléments à la fois. 

Pour cela, il faut éviter les radios et TV en fond sonore. Éviter les lampes qui changent de couleurs. Éviter les horloges qui chantent toutes les heures, etc. 

Communiquer de manière appropriée

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent se sentir frustrées ou anxieuses si elles ne comprennent pas ce qui se passe autour d’elles. Essayez de communiquer avec votre proche avec douceur, en utilisant des mots simples et des gestes rassurants. Vous pouvez retrouver ici quelques conseils pour bien se faire comprendre par une personne atteinte de troubles cognitifs. 

Favoriser les activités relaxantes

Les activités relaxantes, comme la méditation ou la lecture, peuvent aider à apaiser les angoisses. Essayez de trouver des activités qui plaisent à votre proche et qui sont relaxantes pour lui/elle.

Cela peut être de choses variées en fonction des personnes : lire, écouter de la musique, peindre, regarder dehors, sortir dans le jardin, etc. 

Lui proposer un temps de paroles et préparer l’avenir.

Si votre proche est en début de maladie, il a sûrement de nombreuses questions au sujet de son avenir. 

Il va peut-être vouloir tout savoir de la maladie. N’hésitez pas à l’orienter vers une association de malades qui pourra lui donner des réponses. Cela peut lui donner la sensation qu’il contrôle encore les choses, qu’il est maître de sa vie, qu’il peut gérer certains aspects de sa maladie (dans les premiers temps, en tout cas).

Vous pouvez diminuer ses angoisses en préparant l’avenir. C’est un sujet difficile à aborder, mais qui peut faire du bien à certaines personnes. Cela vous aidera aussi beaucoup à l’avenir.

  • Lui dire ce que vous pourrez mettre en place pour l’aider, au fur et à mesure.
  • Lui proposer de réaliser un mandat de protection future pour désigner la personne qui protégera ses intérêts quand il n’en sera plus capable.
  • S’il a de mauvaises expériences avec des soignants et de structures, vous pouvez le noter pour lui assurer que vous ne ferez pas appel à ces professionnels (cela peut être le cas si un conjoint ou un parent a également souffert de maladie de type démence).

Tant qu’il a conscience de ses troubles et s’il est volontaire, n’hésitez pas à le mettre à contribution pour instaurer les soins et aides dont il a besoin. Votre proche n’est pas un enfant et peut avoir peur d’être infantilisé et de ne plus avoir de choix. Lui permettre de choisir l’horaire auquel passe l’équipe Alzheimer ou de faire un choix entre deux compagnies de services d’aide à domicile lui permet de se sentir acteur de sa propre vie. 
Bien sûr, passé un certain stade il ne sera plus possible de l’intégrer autant dans le processus de décision. Mais vous pourrez tout de même lui proposer des choix plus dirigés. Par exemple, plutôt que de lui demander quand faire venir l’aide ménagère, vous pourrez lui demander s’il préfère le créneau de 11h ou celui de 15h (en proposant deux choix dont vous savez qu’ils conviennent à son emploi du temps).

N’hésitez pas à lui assurer votre soutien, à lui faire savoir que vous êtes là pour lui quoiqu’il arrive. Et à lui montrer qu’il reste un individu à part entière, capable de vous faire les meilleures lasagnes de l’univers.

Prendre soin de vous

Prendre soin d’un proche atteint de la maladie d’Alzheimer peut être très difficile et peut parfois susciter des sentiments d’anxiété et de stress, d’autant que vous avez aussi toutes les autres contrariétés de la vie à gérer. Cependant, il est important de vous rappeler que votre propre bien-être émotionnel et physique est crucial pour fournir un soutien optimal à votre proche.

En tant qu’aidant, il est possible que vous ne réalisiez pas que votre propre anxiété et votre propre stress peuvent avoir un impact sur l’environnement émotionnel de votre proche atteint de la maladie d’Alzheimer. Vous pourriez avoir l’impression de devoir être fort(e) en tout temps pour soutenir votre proche, mais il est important de vous rappeler que vous avez également besoin de temps pour vous détendre, vous reposer et vous ressourcer.

Lorsqu’un aidant est anxieux ou stressé, cela peut créer une atmosphère émotionnelle négative autour de la personne malade d’Alzheimer, qui peut à son tour aggraver son propre état d’angoisse et de confusion. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent percevoir le stress et l’anxiété de leur aidant comme une menace ou un danger, ce qui peut les amener à se sentir encore plus anxieuses ou confuses.

En prenant soin de vous, vous pourrez fournir un soutien plus calme, stable et rassurant à votre proche atteint de la maladie d’Alzheimer. Des moments de détente et de relaxation, ou même simplement prendre une pause pour respirer profondément, peuvent aider à réduire votre propre stress et votre propre anxiété, ce qui peut également aider à réduire l’anxiété de votre proche.

Rappelez-vous que prendre soin de votre propre bien-être ne signifie pas que vous ne prenez pas soin de votre proche atteint de la maladie d’Alzheimer. Au contraire, cela peut vous aider à fournir un soutien plus efficace et plus aimant à votre proche, tout en veillant également à votre propre santé émotionnelle et physique.

N’hésitez pas également à trouver une personne à votre écoute. Cela peut être un professionnel de l’écoute, mais aussi d’autres aidants rencontrés lors d’un groupe de paroles.

Comment désamorcer une crise d’angoisse bien installée ?

crisse d'angoisse personne alzheimerJ’espère que ces conseils vous aideront à diminuer les angoisses de votre proche qui sont inévitables. Angoisse et alzheimer vont presque systématiquement ensemble, au moins à un stade de la maladie, si ce n’est tous. Nous ne sommes pas tous les mêmes et n’avons pas le même degré d’anxiété, mais face à une telle maladie et un tel bouleversement, il est difficile de ne jamais avoir le moindre coup dur.

Sachez que si des crises d’angoisses surviennent, ce n’est pas de votre faute. Cette maladie est imprévisible et vous ne pouvez pas contrôler son environnement à 100%. Il y aura toujours des imprévus. Ou une fatigue et un mot ou un geste malheureux de votre part ou de celle d’un visiteur. 

L’avantage avec cette maladie, c’est que la crise d’angoisse sera vite oubliée pour votre proche. Mais vous vous en souviendrez et pourrez mieux anticiper sa réaction pour la fois suivante. 

Dans cet article, j’ai donné quelques exemples de cas concrets où des personnes malades ont fait une crise d’angoisse et ce qui a permis à l’aidant de mettre fin à cette crise. Cela peut vous donner des exemples plus visuels des difficultés que peut rencontrer votre proche dans son quotidien. J’y donne également 13 conseils pour désamorcer une crise d’angoisse déjà bien installée et qui se traduit par des larmes, de la colère ou de l’agressivité.

 

A propos de l'auteur Amélie Wallyn

Ergothérapeute et co-auteur de la méthode MALO, je partage mes conseils et outils pour vous aider à maintenir votre proche à domicile le plus longtemps possible !

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