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Amélie Wallyn

Incontinence chez la personne atteinte d’Alzheimer : solutions pratiques

La maladie d'Alzheimer et l'incontinence présentent des défis pour les patients et leurs familles. 

Dans cet article, je voulais vous proposer des solutions pour améliorer leur qualité de vie et la votre.

Je vais parler des causes générales de l'incontinence urinaire, mais aussi des spécificités liées aux maladies neuro-évolutives. Les troubles cognitifs peuvent en effet causer ces troubles urinaires, et il est parfois possible de s'adapter pour les éviter.

Je vous parlerai aussi de l'importance de choisir des protections adéquates pour une meilleure absorption et le maintien de la dignité.

Enfin, nous verrons ensemble comment éviter que cette incontinence viennent engendrer d'autres problèmes de santé à votre proche atteint d'Alzheimer.

Comprendre l'incontinence chez les personnes atteintes d'Alzheimer


Déterminer la cause de l'incontinence

On oublie souvent que les personnes atteintes d'Alzheimer sont des personnes comme les autres. Et donc qu'elles souffrent des mêmes problématiques que d'autres personnes de leur âge.

20% des plus de 80 ans à domicile sont incontinents. 50% des personnes âgées hospitalisées ou vivant en EHPAD ont des soucis d'incontinence. Et ce n'est pas forcément une question de démence. 

Les points généraux à vérifier quand une personne commence une incontinence sont : 

  • l'absence d'infection urinaire
  • les problèmes de prostates
  • un problème de périnée (suite à une absence de rééducation après les accouchements, et qui s'est aggravé avec le vieillissement normal du corps).
  • si la personne a du mal à se déplacer ou à se lever, et arrive donc trop tard aux WC (ou urine en faisant l'effort de se lever).  

Certains facteurs peuvent intensifier les problèmes d'incontinence. Les médicaments, y compris les diurétiques, somnifères et anxiolytiques, peuvent réduire le contrôle de la vessie ou augmenter la production d'urine.

Les infections urinaires, la constipation ou les problèmes de prostate peuvent également jouer un rôle. Les obstacles environnementaux et vestimentaires peuvent nuire à un accès rapide et facile aux toilettes.

Un diagnostic précis est crucial pour identifier et soigner les conditions sous-jacentes. Adapter l'environnement peut également réduire les risques d'accidents.

Les stades de la maladie d'Alzheimer et l'apparition de l'incontinence

L'apparition de l'incontinence urinaire liée à la maladie d'Alzheimer survient souvent aux stades moyens et avancés. Les troubles cognitifs rendent compliqué le fait de savoir qu'il faut aller aux WC, de trouver où se trouve les WC, comment les utiliser et comment se déshabiller à temps. 

Dans cet article, j'aborde également le fait que la personne peut ne plus savoir comment s'essuyer (et comment faire quand la personne atteinte d'Alzheimer ne s'essuie plus aux WC)

- La personne ne sait plus où se trouvent les WC.

- Elle se lève pour aller aux WC et oublie ce qu'elle avait l'intention de faire.

- Elle ne sait plus se déshabiller seule (la manipulation des boutons devient compliquée avec la maladie d'Alzheimer)

- La personne ne sait plus s'orienter dans la journée et peut donc boire beaucoup avant de se coucher, ou consommer du café/des tisanes le soir. 

- La personne peut avoir peur dans les WC. C'est un lieu peu accueillant, où elle est seule.

- La détérioration des capacités cognitives limite la capacité à reconnaître ses besoins physiologiques essentiels, comme aller aux toilettes. La personne n'a pas conscience que cette sensation étrange dans la vessie correspond à un besoin d'uriner. 

Les aidants doivent savoir que l'incontinence peut être gérée avec des stratégies et des soins adaptés, bien qu'elle soit un symptôme de la maladie.


Stratégies pratiques pour gérer l'incontinence

Aménagement de l’espace de vie pour faciliter l’accès aux toilettes

Il est crucial d'adapter l'espace de vie pour les personnes souffrant d'Alzheimer et d'incontinence. 

Assurer un chemin bien éclairé et clairement identifié vers les toilettes facilite l'orientation.

- Utiliser des pictogrammes pour indiquer les toilettes aide à leur identification rapide.

- Vous pouvez utiliser un chemin lumineux (avec des veilleuses ou du scotch phosphorescent) pour l'aider à trouver les toilettes la nuit. 

- Vous pouvez proposer une chaise-percée dans les pièces que la personne atteinte d'Alzheimer fréquente le plus.

- Vous pouvez redécorer les WC. Il est conseillé d'avoir un abattant de toilettes qui contraste avec la couleur du sol et des murs.

 

Établir une routine régulière de visites aux toilettes

Créer une routine régulière pour aller aux toilettes aide à gérer l'incontinence. Il est conseillé de fixer des heures précises pour ces visites. 

La personne ne pensera pas d'elle-même qu'elle a besoin d'aller aux WC, et n'a pas la notion du temps pour réaliser qu'elle n'y est pas allée depuis longtemps. 

Par contre, votre proche est sensible aux routines qui s'intègrent plus facilement dans sa mémoire et ses automatismes. Ainsi, il sera plus facile de le faire aller aux WC régulièrement si vous lui donnez un repère fixe (après chaque repas, par exemple).

Observer les signes indiquant le besoin d'aller aux toilettes, comme l'agitation, et encourager la communication de ces besoins sont également utiles.

Choix de vêtements adaptés et facilement modifiables

Le choix des vêtements joue un rôle important dans la gestion de l'incontinence.

Pensez à proposer des vêtements sans bouton qui peuvent être difficiles à enlever (tant pour un problème cognitif que pour un problème moteur lié à l'arthrose ou de sensibilité liés au diabète).

De la même façon, éliminez les bretelles ou les ceintures classiques. Si un maintien u pantalon est indispensable (ou que la personne en a besoin psychologiquement après une vie à porter des ceintures), il existe des ceintures sans boucle. Ce n'est pas initialement prévu pour les personnes atteintes d'incontinence ou d'Alzheimer, mais cela peut tout de même être utile dans ce cas.

Il est crucial de sélectionner des vêtements qui combinent dignité et praticité. Il existe de plus en plus de pantalons élégants mais à la taille élastique, ou bien avec un bouton-pression.


Choisir et utiliser les protections d'incontinence appropriées

Il est possible que malgré tous ces conseils, vous ne puissiez pas faire cesser l'incontinence de votre proche. Ou bien qu'il soit hostile aux changements que vous proposez. 

Dans ce cas, cela ne sert à rien d'insister et d'enchaîner les fuites urinaires et/ou fécales. Il existe de nombreuses sortes de protections, adaptées chacune à un type d'incontinence.

Évaluer le bon type de protection : Changes complets vs Pants

Face à l'incontinence causée par la maladie d'Alzheimer, il est important de sélectionner la protection adaptée aux besoins du patient. Une évaluation personnalisée, considérant la fréquence des fuites, le confort, l'autonomie et la dignité de la personne incontinente, est essentielle pour trouver la solution la plus adéquate.

Les changes complets sont recommandés pour les cas d'incontinence importante ou chez les patients alités, car ils offrent une meilleure couverture et absorption. Pour une personne qui ne se lève pas, un change de type "couche" est le plus adapté car elles sont plus faciles à glisser sous la personne puis à scratcher sur les côtés.

Les pants ressemblent à des slips. Ils sont parfaits pour les personnes qui peuvent se lever ou qui s'habillent seules. Ce sont des protections urinaires et fécales faciles à mettre, car elles s'enfilent comme des sous-vêtements traditionnels. 
C'est aussi moins perturbant au niveau cognitif pour la personne atteinte d'Alzheimer. Il n'y a pas d'apprentissage à faire. Parfois, elles ne se rendent même pas compte de la différence entre la protection et un slip. Il existe d'ailleurs des pants noirs pour enlever l'image de la "couche"de bébé blanche.

Il y a des pants de différentes épaisseurs en fonction des besoins en termes d'absorption.

Il existe aussi des protections à coller aux sous-vêtements. Ce ne sont pas des serviettes hygiéniques puisqu'elles sont conçues pour absorber plus vite, mais ça en a l'aspect. Je ne recommande pas forcément ce type de protection pour une personne atteinte d'Alzheimer, car il faut penser à enlever le papier sous la partie autocollante et être capable de bien la placer.  C'est aussi moins absorbant et prévu uniquement pour les petites fuites urinaires à l'effort.

Gardez en tête qu'il est possible de varier les types de protection en fonction des moments de la journée. Choisissez un pants épais pour la nuit, et un plus discret pour la journée, par exemple.


Conseils pour une utilisation confortable et discrète des protections

Une fois la protection choisie, son usage doit maximiser le confort et la discrétion. S'assurer que la protection est à la bonne taille est crucial pour éviter fuites et irritations. 

Il est important de changer régulièrement les protections pour garder la peau sèche et limiter les odeurs. Porter des vêtements  amples contribue à un changement plus aisé, qu'il soit réalisé par la personne ou par un aidant. 

Pour un usage discret, privilégier des protections qui ne font pas de bruit et restent invisibles sous les vêtements est bénéfique pour préserver la vie privée et la confiance en soi. Les personnes atteintes d'Alzheimer et d'incontinence peuvent sortir à l'extérieur ou rendre visite a des proches sans avoir à se sentir gênées.

Gérer le changement des protections avec dignité et respect

Le remplacement des protections d'incontinence est un acte intime qui doit se faire avec dignité et respect.

Il faut permettre à la personne d'être le plus autonome possible.

Si on les commande pour elle, la personne peut choisir de les ranger elle-même.

Votre proche peut décider de vider sa poubelle à protection lui-même.

Vous pouvez disposer un petit meuble près des WC sur lequel se trouvent toujours quelques protections (s'il en fait tomber une, par exemple). Choisissez un meuble coloré sur lequel la protection se verra facilement.

S'il a tendance à laisser trainer sa protection sale, vous pouvez lui proposer une poubelle sans couvercle avec toujours une protection sale à l'intérieur qui sert d'exemple (ou bien coller une photo sur la poubelle).

Si votre proche a besoin d'aide pour se changer, il faut lui expliquer les actions entreprises et leurs raisons pour la rassurer et encourager sa coopération. Peut-être peut-il essuyer l'avant et vous laisser faire l'arrière ?

Les gestes doivent être doux et rassurants. Il est important de respecter l'intimité de l'individu en protégeant les zones non concernées pendant le changement. Adapter les mouvements en cas de douleur ou d'inconfort de la personne est crucial.

Soyez observateur et surveillez si votre proche touche ses parties intimes en journée. Cela peut être le signe qu'il a une infection ou une mycose. En effet, si la personne ne change pas régulièrement sa couche ou si elle ne sait pas correctement se laver et s'essuyer, elle reste dans une humidité propice au développement des bactéries et champignons. 

Astuces pour se faciliter la vie et préserver l'estime de soi d'une personne atteinte d'incontinence.

Si votre proche est âgé ou atteint de troubles cognitifs, il est probable pour que vous deviez vous occuper du ménage lorsqu'il y a une fuite urinaire. 

Même en portant des protections, des fuites peuvent arriver. Cela arrive si la protection est trop peu changée ou si elle est mal mise (surtout chez les hommes, dont le sexe peut être mal placé et sortir du sous-vêtement par le haut ou sur les côtés). 

Pour protéger les meubles

Pour vous éviter du travail et protéger les meubles auxquels votre proche tient, je vous propose : 

- Installez une alèse de qualité dans son lit, avec un côté imperméable.

- De mettre une alèse en papier sur son fauteuil, et de poser un plaid dessus pour qu'elle ne se voie pas. Vous en trouverez moins cher et en différentes tailles dans le rayon animaux de magasins comme Action (et ce sont les mêmes que pour les humains).

- Si votre proche atteint d'Alzheimer a des chaises avec une assise en rotin, prévoyez d'acheter des galettes de chaises avec un tissu imperméable (se trouvent facilement dans le mobilier de jardin). 

- S’il y a un canapé qui est utilisé, vous pouvez utiliser une alèse de lit simple.

Autres astuces

- Installez tout de même une chaise percée et gardez les toilettes accessibles. La personne porte une protection, mais elle peut réussir à aller aux toilettes de temps en temps. C'est sain pour son moral et son autonomie. 

- Prévoyez une grande poubelle dans la salle de bains. Les protections prennent de la place et une petite poubelle ne pourra pas forcément accueillir toutes les protections d'une journée.

- Si la personne se change sur les WC, prévoyez des lingettes nettoyantes et une serviette pour que la personne puisse se faire une petite toilette lorsqu'elle change de protection. 

Conclusion

L'incontinence chez les personnes atteintes d'Alzheimer n'est pas toujours irrémédiable. Beaucoup de solutions peuvent être proposées avant de passer de manière permanente aux protections urinaires.
 
Et même si celles-ci sont utilisées, je vous encourage vraiment à favoriser l'autonomie de la personne pour essayer d'aller aux WC malgré tout, ou pour faire le maximum de choses concernant son hygiène personnelle. 

A propos de l'auteur Amélie Wallyn

Ergothérapeute et co-auteur de la méthode MALO, je partage mes conseils et outils pour vous aider à maintenir votre proche à domicile le plus longtemps possible !

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