Dès qu’on me demande quelle est ma profession, je sais que ma réponse va en laisser plus d’un perplexe ! La majorité du temps, cette question est suivie de nombreuses autres, dont la plus courante : « ça a l’air intéressant, mais qu’est-ce que l’ergothérapie ? » ou  » C’est quoi la définition d’ergothérapeute ? « .

Aujourd’hui, je décide donc d’anticiper vos questions et d’y répondre dans ce tout premier article. C’est un vaste sujet, mais je vais tenter de vous en faire une définition assez concise.

Dans le cadre de cet article, je vais toutefois me consacrer au rôle d’un ergothérapeute dans le cadre de la maladie d’Alzheimer et expliquer à quoi peut ressembler l’intervention d’un ergothérapeute auprès d’une personne atteinte de démence. 

Définition ergothérapeute :

L’ergothérapeute est un professionnel du domaine paramédical qui intervient sur prescription médicale à domicile ou en structure. Il peut exercer dans différents domaines (pédiatrie, traumatologie, neurologie, psychiatrie, gériatrie…). Sa mission est de rendre ou de maintenir l’autonomie de la personne. Cela peut passer par de la rééducation, ou de la réadaptation.

Prise en charge en ergothérapie :

Avant tout, l’ergothérapeute effectue un bilan. Il s’agit d’évaluer quelles sont les difficultés de la personne, ses capacités restantes, ses habitudes de vie et son projet de vie. Cela, afin de personnaliser au maximum la prise en charge de chacun.

Le bilan de l’ergothérapeute.

Les bilans réalisés par l’ergothérapeute sont variés et dépendent de la  pathologie de la personne et du contexte. Ne vous étonnez pas si l’évaluation de l’ergothérapeute est plus ou moins importante que ce que je vais lister ci-dessous. 

Il y a une évaluation de l’autonomie.

Cela peut se retranscrire par :

• un entretien oral, pour répondre remplir une grille d’autonomie. Cela peut avoir lieu, ou non, en présence d’un aidant familial. Parfois, si l’aidant n’est pas présent, l’ergothérapeute le contactera par la suite pour comparer les réponses de l’aidant et celle du patient. En effet, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, de nombreux malades sont dans le déni de la maladie et de leurs troubles. Leurs réponses aux questions peuvent donc être faussées. 

• En plus des différentes questions sur l’autonomie et les gestes de la vie quotidienne, l’ergothérapeute peut pratiquer une observation pendant que la personne réalise la tâche en question. On appelle cela une mise en situation. 

Par exemple, l’ergothérapeute peut réaliser une évaluation cuisine. Cela lui permet d’observer comment la personne fait à manger.
Est-ce qu’elle se met en danger ?
Est-ce qu’elle parvient à faire les choses dans l’ordre ?
Est-ce que la cuisine est adaptée ? (La personne ne trouve pas ses affaires. Ou elle risque de tomber en attrapant des assiettes en hauteur. Le mode de cuisson est dangereux pour une personne atteinte d’une maladie évolutive, etc.)

Bien sûr, cette mise en situation dépend des besoins que l’ergothérapeute a décelés lors de son entretien avec la personne atteinte d’Alzheimer et son aidant. Cela peut également être une mise en situation pour la toilette, pour faire la vaisselle, pour aller faire les courses, etc. 

Évaluation des fonctions cognitives :

L’ergothérapeute pourra pratiquer de rapides bilans pour connaître les troubles cognitifs de la personne atteinte d’Alzheimer. Ce sont des bilans qui sont parfois les mêmes que chez le neurologue, ou qui y font penser. Toutefois, l’ergothérapeute sera toujours intéressé par le bilan complet du neurologue (qui est parfois plus poussé). 

Différentes fonctions cognitives peuvent être évaluées : 

• mémoire
• concentration
• langage
• orientation dans le temps et l’espace
• praxies
• etc.

Cela permet à l’ergothérapeute de savoir ce qui risquera d’être difficile au quotidien pour la personne atteinte d’Alzheimer. Cela lui permettra aussi de savoir quels types d’activité proposer pour stimuler la personne, et de déterminer le niveau à choisir. En effet, le critère de base dans la prise en soin est de ne pas mettre la personne en échec. Il faut que le niveau de difficulté soit étudié de manière à ce que la personne doive se concentrer pour répondre, sans pour autant la démoraliser en lui proposant quelque chose qu’elle sera incapable de faire. 

Bilan de l’équilibre : 

Beaucoup de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer présentent un trouble de l’équilibre. L’ergothérapeute propose un rapide bilan. Si un trouble de l’équilibre est trouvé, l’ergothérapeute l’indique au médecin en conseillant la prescription de séances de kinésithérapie. Le kinésithérapeute pourra alors faire un bilan plus poussé et faire un travail adapté sur l’équilibre et la marche. 

Parallèlement, l’ergothérapeute pourra proposer des adaptations de domicile en fonction des troubles retrouvés. Cela peut-être des réhausseurs : lits, fauteuil, WC.  Cela peut également être des barres d’appui à des points stratégiques. 

Ce qui nous amène au bilan suivant. 

Bilan environnemental : 

Afin d’adapter au mieux le logement de la personne, l’ergothérapeute visitera chaque pièce et prendre de nombreux facteurs en note. 

• Est-ce qu’il y a des marches dans le logement ?
• Est-ce qu’il y a des tapis ? 
• Est-ce que le logement est encombré ou non ? 
• Est-ce qu’il y a un éclairage automatique pour aller aux WC de nuit, ou pour les déambulations nocturnes de certaines personnes atteintes d’Alzheimer ?

Dans la salle de bains, l’ergothérapeute regardera : 

• est-ce une douche ou une baignoire ? 
• la lumière est-elle suffisante ? 
• est-ce qu’il y a de l’équipement déjà installé (type barre d’appui, siège de douche, etc.)

Dans la cuisine, l’ergothérapeute pourra observer les modes de cuisson et le rangement de la vaisselle. 

Et ainsi de suite pour chaque pièce.

Dans le bilan environnemental, l’ergothérapeute fera également la liste des habitudes de vie. 

• Est-ce que la personne atteinte d’Alzheimer vit avec une autre personne ? 
• Est-ce que d’autres professionnels passent au domicile ? Est-ce que la personne à d’autres soins ? 
• Est-ce qu’il y a un animal de compagnie ? 
• Etc.

D’autres bilans existent et peuvent être proposés en fonction de la situation de la personne. Parfois, certaines personnes ont d’autres pathologies associées. Il peut alors être intéressant de faire des bilans des préhensions, des tests de motricité, etc. 

Quels soins d’ergothérapie pour une personne atteinte d’Alzheimer ? 

L’ergothérapeute s’appuie sur son bilan pour savoir quels sont les besoins de la personne atteinte d’Alzheimer.

L’ergothérapeute proposera des adaptations du domicile.

Cela peut être de l’achat de matériel, comme une chaise percée ou un réhausse-WC. 

Il s’agit parfois aussi d’objets du quotidien qui facilite la vie de la personne malade : une horloge qui indique la date, un agenda tenu par les aidants familiaux et professionnels… 

Cela peut également être des mémos pour le quotidien, comme des étiquettes pour indiquer ce qui se trouve dans le placard ou dans les différentes pièces. Cela peut également être des fiches pour savoir comment utiliser le téléphone. Ou encore une affiche rappelant à la personne de mettre du liquide vaisselle dans son eau. 

L’ergothérapeute pourra alors réaliser plusieurs mises en situation afin d’aider la personne atteinte d’Alzheimer à utiliser les nouveaux mémos. À la longue, cela deviendra une habitude et le malade redeviendra autonome grâce à cette adaptation du quotidien. 

Dans le cas où la personne chute malgré les différents outils mis en place, l’ergothérapeute peut apprendre à celle-ci une manière de se relever après une chute, ou comment se déplacer jusqu’à un système d’alerte. Il / Elle peut conseiller la famille sur les différents systèmes d’alerte et de surveillance. 

L’ergothérapeute peut également proposer de la stimulation cognitive. Le but de la stimulation cognitive est de ralentir l’avancée des symptômes. Cela permet de faire travailler le muscle cerveau, car on perd plus facilement ce que l’on n’utilise pas. 

Comment bénéficier de la prise en soins par un(e) ergothérapeute ? 

L’ergothérapeute intervient sur prescription médicale. 

Les consultations peuvent avoir lieu à domicile, en cabinet, dans le cadre d’une hospitalisation ou d’un séjour en rééducation. 
Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, les patients bénéficient le plus souvent d’ergothérapie via le passage de l’ESA, le passage d’un ergothérapeute libéral à domicile ou alors lorsque la personne vit en Ehpad (même si c’est dommage d’attendre si longtemps). 

En libéral, l’ergothérapie n’est malheureusement pas remboursée par la sécurité sociale. Par contre certaines mutuelles et caisses de retraite remboursent quelques séances. Renseignez-vous !

En ehpad, ou lors d’une hospitalisation, le patient ne doit pas payer les séances d’ergothérapie. 

Pour conclure :

L’ergothérapeute peut agir de différentes façons. Sa prise en charge est toujours adaptée à la personne. Toutes les personnes souffrant de la même pathologie n’auront pas forcément les mêmes besoins. En effet, les envies des personnes leur sont personnelles, leur état de santé également (la maladie ne s’exprime pas de la même manière chez chacun, certains peuvent avoir d’autres pathologies associées…).

Pour toutes ces raisons, il est difficile de définir précisément ce qu’est un ergothérapeute : ses prises en charges et domaines d’action sont tellement variés !

J’espère en tout cas vous avoir permis de découvrir un peu cette profession et vous avoir donné l’envie d’en savoir plus ! Si c’est le cas, vous pouvez vous rendre sur le site de l’association nationale française des ergothérapeutes en cliquant ici. 

Connaissiez-vous l’ergothérapie avant cet article ? Dans quel contexte aviez-vous déjà rencontré un ergothérapeute ?
N’hésitez pas à poser vos questions ou à raconter vos expériences dans les commentaires et n’oubliez pas : bien vieillir chez soi, c’est un choix !