Amélie Wallyn

Offrir un animal à une personne âgée : bonne ou mauvaise idée ?

animal et personne âgée

On entend souvent parler du bienfaits des animaux sur les personnes malades, ou sur les personnes âgées. On entends malheureusement aussi souvent des histoires de maltraitance animale ou d’abandon. Il m’est arrivée deux fois au travail d’entendre les histoires de personnes âgées qui avaient du abandonner leur animal car il devenait dangereux pour leur santé (les chiens avaient provoqués des chutes lors des promenades).
C’est pour cela qu’aujourd’hui, je voulais faire un point sur ce qu’apportent les animaux aux personnes âgées mais aussi et surtout sur les données à prendre en compte avant d’offrir un animal à une personne âgée. Car si de manière générale on ne prend pas un animal sur un coup de tête, c’est encore plus le cas lorsqu’il s’agit un animal de compagnie pour une personne âgée qui présente certaines faiblesses et difficultés. 

Les bienfaits de la présence d’un animal sur les personnes âgées :

  • Eviter la dépression chez la personne âgée en diminuant la sensation de solitude, en créant une relation avec le chien, en se sentant utile pour « quelqu’un ».
  • Favoriser les rencontres (lors de la promenade du chien avec les autres propriétaires d’animaux par exemple)
  • Permet à la personne de trouver la motivation de sortir, de se lever le matin, d’aller faire des courses car il faut s’occuper de leur animal qu’ils adorent.
  • Permet à la personne d’avoir des repères dans le temps que ce soit des repères dans la journée (heure de sortir le chien, heure des croquettes), dans la semaine (jour pour nettoyer la litière) et même dans l’année (moment de renouveler vermifuges, antipuces et vaccins)
  • La présence d’un animal a d’autres vertus thérapeutiques. Elle permet par exemple de lutter contre le stress ou d’améliorer sa confiance en soi. De nombreuses structures développent donc le soin par la présence d’un animal au sein de la structure pour quelques moments de tendresse ou pour des ateliers autour de l’animal. Vous pouvez retrouver plus d’information sur le site : www.institutdezootherapie.fr

Les raisons pour lesquelles offrir un animal à une personne âgée n’est pas toujours une bonne idée :

un animal pour bien vieillir chez soi ?

  • Chez moi, il y a deux chats et ils sont vraiment adorables (ce sont les deux boules de poils en photo ci-dessus). Mais quand il fait sombre et que je me déplace sans allumer la lumière, je ne vois pas toujours que mon chat noir s’est allongé juste derrière moi au risque de me faire tomber quand je veux faire demi-tour. Je ne vois pas toujours non plus leurs petites balles au milieu du couloir le matin quand je ne suis pas bien réveillée. Et il n’y a pas de raison pour que ca ne soit pas le cas de votre proche âgé. La différence entre votre proche et moi, c’est qu’il a peut-être déjà des troubles de l’équilibre et qu’il ne saura pas se rattraper s’il trébuche à cause d’un jouet. Mais c’est aussi que ses os sont plus fragiles que les miens, et qu’une fracture à son âge ne se remet pas aussi facilement qu’au mien.
  • La personne âgée perd en force et en endurance. Elle n’est plus forcément capable de retenir un animal qui tire sur sa laisse durant la promenade, même si c’est un tout petit chien. Par ailleurs, elle ne pourra pas courir si le chien tire sur sa laisse parce qu’il s’enfuit car il a eu peur du bruit d’un camion ou d’un plus gros chien.  Par ailleurs, si vous lui offrez un jeune animal, celui-ci aura besoin de jouer. De jouer beaucoup !  Et ca peut facilement devenir fatiguant.
  • Les personnes âgées ne sont plus toutes aptes à conduire. Est-ce que le vétérinaire est assez proche pour s’y rendre à pied même plusieurs fois par semaine si l’animal est gravement malade ? Le toiletteur ?
  • Si la personne âgée a une maladie évolutive, continuera-t-elle à être assez autonome pour s’occuper de son animal ? N’entrera-t-elle pas en institution où les animaux sont rarement autorisés ? Si la personne est âgée et en mauvais état de santé, vivra-t-elle aussi longtemps que son animal ? Ne sera-t-elle pas régulièrement hospitalisée et sans personne pour s’occuper de son animal ? 

Quels compromis sont possibles ?

  • Pour les personnes qui ont un risque de perte d’équilibre, il est possible de lui proposer un animal qui ne se déplace pas dans le domicile. Cela peut-être un rongeur en cage, ou un oiseau. Par ailleurs, un grand chien se voit mieux qu’un petit chat qui se niche partout. Et leurs jouets sont plus grands et plus visibles ! A condition bien sûr que le chien soit calme et ne saute pas sur votre proche quand il rentre à la maison, et qu’il ne tire pas sur sa laisse lors des promenades.
  • Si la personne est fatiguée et que vous ne pouvez pas prendre soin de l’animal au quotidien, évitez de lui offrir un chien. Un chien a besoin de se promener, de courir. Il a besoin aussi de sortir plusieurs fois par jours pour faire ses besoins. Si votre proche âgé a un grand jardin, un petit chien reste par contre envisageable.
  • Si la personne est vraiment âgée ou en mauvaise santé et que vous ne vous sentez pas de garder son animal quand elle décédera (pendant parfois 10 ans !), pensez à un animal ayant une espérance de vie courte. Les gerbilles ont une espérance de vie de 3-4 ans, de même pour les souris. Vous pouvez également penser à un animal âgé qui a été abandonné.
  • Si elle ne parvient pas à le promener, ou à lui faire ses soins et que vous ne pouvez pas vous déplacer quotidiennement chez votre proche, vous pouvez trouver un petsitteur qui prendra soin de l’animal. Le petsitteur peut promener l’animal, le nourrir … tout dépend de la personne que vous trouvez (il y a de nombreuses annonces sur internet).
  • Si la personne âgée n’est pas en mesure d’avoir un animal mais a besoin d’une présence animale, vous pouvez peut-être lui rendre visite avec votre animal ou trouver un voisin qui a un animal et qui acceptera de se promener devant chez votre proche qui pourra le caresser et lui donner une friandise. Des bar à chats se développent également dans de nombreuses villes de France. Ce sont des endroits où l’on va prendre un café au milieu de chats qui circulent et s’approchent parfois de vous pour avoir un câlin. Cela pourrait peut-être faire du bien à votre proche…

En conclusion

Vous l’aurez deviné je pense, je ne suis pas forcément pour l’adoption d’un jeune animal par une personne âgée qui n’est plus autonome. S’occuper d’un animal prend du temps et de l’énergie. Cela nécessite de le sortir, d’acheter de quoi le nourrir, de le laver ou de l’emmener chez le toiletteur, de l’emmener chez le vétérinaire, d’avoir la force de faire à l’animal des soins auxquels il peut s’opposer s’il est malade ou s’il a mal … Bref, ce n’est pas de tout repos !

Mon grand-père avait un chien. Et même s’il l’aimait énormément, mon grand-père ne pouvait s’en occuper correctement. Il ne pouvait le promener, alors que c’était un grand chien qui avait besoin de courir. Il ne pouvait l’emmener chez le vétérinaire lui-même. Quand le chien a été en fin de vie, mes parents ont du prendre sur eux d’amener régulièrement le chien chez le vétérinaire. Jusqu’à la dernière visite. Etes-vous prêts à vous investir ainsi ? Avez-vous les moyens financiers pour financer l’aide d’un pet-sitteur ?
D’un autre côté, mon grand-père qui ne sortait plus avait besoin de l’affection de son chien, de sa compagnie. Cela rythmait ses journées, l’aidait à ne pas se sentir seul, à communiquer avec « quelqu’un ». Puis il n’était pas complètement dépendant. En dehors de son incapacité à se déplacer à l’extérieur de son domicile, il allait bien. Il ne rencontrait donc pas de difficultés pour faire sortir son chien dans le jardin et nettoyer le jardin, pour nourrir son chien, le brosser…
Savoir si offrir un animal à une personne âgée est une bonne ou une mauvaise idée est donc assez compliqué. Disons que dans tous les cas, il faut sérieusement y réfléchir. Il faut mettre sur papier les difficultés de votre proche âgé et ses besoins, les besoins de l’animal, et mesurer quelle sera votre disponibilité pour cet animal. Et surtout, avant de passer à l’acte, il faut parler avec la personne qui vous accueillera au refuge, car elle saura vous orienter vers la race de l’animal qui conviendra, voir même vers un animal dont les besoins et le tempérament se prêteront mieux à la vie avec votre proche âgé.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Je suis curieuse de connaître votre opinion sur ce sujet qui fait plutôt débat. 

A propos de l'auteur Amélie Wallyn

Ergothérapeute et co-auteur de la méthode MALO, je partage mes conseils et outils pour vous aider à maintenir votre proche à domicile le plus longtemps possible !

Ne partez pas sans nous laisser un petit commentaire :)

  • Bonsoir Amélie (si je peux me permettre),
    Mes parents ont 76 ans tout les deux. Ils n’ont pas la maladie d’Alzheimer, mais perdent de plus en plus la mémoire et ont des problèmes de dépressions (très ancienne pour ma mère, plus récente pour mon père).
    Je me suis éloignée d’eux volontairement quelques mois car leurs problèmes me pèsent énormément. Depuis une mes 10 ans environ, ils m’ont imposé (bien involontairement) le rôle de médiateur dans leur problèmes de couple. J’en ai beaucoup souffert et même après des années après j’ai toujours ce rôle mais je le refuse. parfois violemment car épuisée. A ça, ma maman souffre de dépression depuis de très longues années, parlent énormément pour ne pas dire toujours de ses problèmes à elle. Elle somatise vraiment beaucoup jusqu’à provoquer réellement certains symptômes …
    Mon papa a tenu le coup jusqu’à l’année dernière (il était violents verbalement, très nerveux … donc avait ses torts aussi dans le mal-être de ma mère) où il a eu une très grosse intervention chirurgicale (digestive).
    Je suis fragile aussi (problème de santé liés aux séquelles d’un lourd accident, rapports compliqués avec mon ex mari, un ado pas toujours facile à gérer, et d’autres encore …). J’ai eu de nombreux épisodes dépressifs.
    J’ai envie de me rapprocher d’eux car ils me manquent quand même et je m’inquiète pour eux.
    Mon problème est que je n’arrive pas à ne pas être en colère après eux quand ils ne font pas attention à ce que je leur dis, aux petits efforts que je leur demande …
    Comment prendre soin d’eux tout en restant calme et en me protégeant??

    J’espère avoir décrit à peu près à ce qu’elle correspond … Je suis perdue ….

    Je vous remercie d’avoir lu mon message jusqu’au bout. J’attends de vos nouvelles avec espoir.

    Stéphanie

    PS: Je suis arrivée sur votre page en cherchant des informations sur la présence d’un animal auprès d’eux…

    • Bonjour,

      Je vous perçois en grande souffrance. Est-ce que vous avez la possibilité de consulter vous même un psychologue ? Ou de faire une activité type méditation ? Car avant de pouvoir prendre soin de vos parents, il faut pouvoir prendre soin de vous. Sinon vous risquez de vous effondrer et vous vous retrouverez tous les trois dans une situation difficile.

      Peut-être également que vous pouvez déléguer l’aide que vous souhaitez apporter à vos parents. S’ils perdent en autonomie, ils peuvent éventuellement bénéficier d’une aide financière qui peut financer le passage d’une personne pour faire les courses, d’une dame de compagnie… L’infirmière peut passer donner les traitements et aider à la toilette. Un passage par un(e) kiné peut permettre de maintenir la marche et l’équilibre…

      Beaucoup de choses sont possibles, et vous pouvez mettre tout cela en place à distance.

      Il vaut mieux commencer à déléguer dès le début, pour qu’ils ne s’habituent pas à vous avoir toujours près d’eux aux petits soins et qu’ils n’abusent pas par la suite (car de ce que vous décrivez, cela semble être le comportement instinctif de vos parents, mais je me trompe peut-être).

      Bonne journée à vous

  • Mon grand père a eu des chats toute sa vie, mais quand son dernier chat est mort de vieillesse, mes parents n’ont pas voulu prendre le risque de lui prendre un chaton, et la SPA lui a refusé l’adoption même des animaux adultes car il était âgé, alors à la place mes parents lui ont pris des canaries qu’un ami éleveur voulait bien reprendre plus tard si nécessaire, mais forcément des oiseaux en cage ne remplaceront jamais la présence d’un chat câlin, résultat mon grand père était très malheureux de ne plus avoir sa boule de poils adorée à câliner mais il n’y avait pas vraiment de bonne solution…
    Comme vous dites, ça dépend de chaque situation et ce n’est pas sans risque ni complications

    • Moi aussi avec mon frère nous avons décidé de confier un oiseau à mon père qui avait avant un chat, ça n’a pas été facile comme décision mais nous n’avions pas beaucoup le choix, et finalement mon père s’est habitué et maintenant il aime écouter ses chants et il s’est rendu compte par accident qu’il peut même laisser la porte de la cage ouverte, l’oiseau retourne toujours dedans, donc finalement c’est un bon compromis mais je pense que tout le monde ne peut pas se permettre car même un oiseau il faut s’en occuper, nettoyer la cage…

      Merci Amélie pour cet article sincère où vous osez assumer votre opinion même si elle ne plaira pas forcément à tout le monde, mais c’est important de dire les choses franchement quand elles présentent un danger.

      • Votre commentaire m’a fait pensé que mon grand-père avait une horloge avec des oiseaux qui faisaient un chant différent à chaque heure. Il avait fini par adorer ca, il savait quel oiseau allait chanter à telle heure, il me disait de quelle espèce il s’agissait, me montrait les nids quand il y en avait dans le jardin pour que je vois à quoi ca ressemblait en vrai… Du coup pour des gens qui ne pourraient pas avoir d’oiseaux chez eux, ca peut être une idée ? J’ai justement repéré cette horloge chez plusieurs de mes patients lors de mes séances à domicile.
        En tout cas c’est génial que votre grand-père se soit habitué à l’oiseau. Le fait qu’en plus il puisse le laisser se balader permet d’établir une relation un peu plus forte qu’avec un oiseau qu’on doit laisser en cage ! Merci en tout cas pour votre commentaire, Jean.

    • Effectivement, quand on a eu des animaux toute sa vie, c’est difficile de vivre sans. Ca crée un manque, un silence dans la maison…
      C’est triste de voir un proche malheureux comme ca, et de ne rien pouvoir faire 🙁

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