Malheureusement, les mois passent et le Covid reste. Je n’aurai pas pensé en mars que j’écrirai encore un article sur le sujet en octobre. Mais on ne choisit pas, et on s’adapte à la situation.
En France, nous sommes confinés, mais les visites aux proches fragiles à domicile ou en Ehpad restent possibles.
Je voulais donc partager avec vous une liste des bonnes pratiques quand vous visitez un proche. Des règles qui vous protègent du virus, mais qui protègent aussi votre proche de l’isolement ou du syndrome de glissement.
On serait tenté d’oublier les règles pour offrir à son proche tout le contact et la présence dont il a besoin. Mais comment trouver le juste milieu pour ne pas lui faire prendre de risque, et ne pas tomber malade nous-mêmes ?
Cette maladie se propage tellement vite ! Il suffit d’une erreur d’inattention pour contaminer votre proche, mais aussi pour vous contaminer. Eh oui, cette contagion va dans les deux sens et si l’on sait que le coronavirus est très grave pour les personnes âgées, elle peut aussi avoir de lourdes conséquences chez toute personne.
Par ailleurs, il n’y a pas encore d’étude sur le sujet à ma connaissance, mais les aidants sont peut-être une population à risque pour le Covid.
En effet, les aidants se déplacent pour faire deux fois plus de courses.
Dans les Ehpad, ils se trouvent dans des lieux de passage où circulent de nombreux aidants et soignants.
Ils sont fatigués et stressés. Leur système immunitaire est alors plus fragile.
Et enfin, il est prouvé que les aidants prennent moins le temps de surveiller leur santé et peuvent être en retard dans leur suivi annuel. Des petits troubles peuvent alors les fragiliser encore plus face au coronavirus.
Dans cet article, je m’éloigne un peu des règles de distanciations données par les scientifiques et le gouvernement. Parce que vous et moi nous savons qu’elles ne sont pas adaptées à l’accompagnement d’un proche âgé ou atteint de troubles cognitifs.
Pour autant, je trouve important de continuer à faire attention à la santé des uns et des autres et de respecter certains gestes autant que possible.
Attention : je ne suis pas médecin, pas infectiologue ou chercheuse. Cette liste n’est pas une liste de recommandations officielles, juste une liste de mes pratiques en tant qu’aidante. Je vous invite à l’adapter à votre situation en ayant toujours en tête de faire au mieux pour votre proche. Face à cette maladie, nous sommes tous démunis. Faisons au mieux, et surtout, faisons-le avec amour.
Pour vous protéger et protéger votre proche, voici donc une liste de bonnes pratiques à garder en tête.
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Si votre proche réside dans un ehpad ou un hébergement collectif.
Vérifiez les réglementations et aménagements mis en place pour la sécurité de tous.
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On ne le dira jamais assez, mais gardez vos distances autant que possible.
Je sais que les personnes âgées ont besoin de contacts physiques. Je suis la première à le répéter. Mais certains contacts sont plus prudents que d’autres.
Évitez par exemple la bise et les calins.
A la place, vous pouvez lui serrer le bras. Ou lui tenir la main en gardant vos visages un peu éloignés.
Tout cela bien sûr, en lavant vos mains avant et après le contact. Et si possible en portant le masque puisqu’il est difficile de se toucher à plus d’un mètre de distance l’un de l’autre.
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Portez vos masques (quand c’est possible).
Mais j’ai bien conscience que ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, ma grand-mère entend très mal et ne comprend rien si je garde le masque. Je choisis donc de me tenir à distance d’elle lorsque je discute, puisqu’elle me comprend mieux ainsi. Cela lui permet d’être moins isolée.
Par contre, s’il faut que je m’approche d’elle pour lui toucher le bras pour lui dire au revoir, ou si nous ne parlons pas (parce qu’elle mange, regarde la télévision ou que je suis affairée à autre chose), je remets un masque.
Petite remarque : attention à ne pas poser votre masque n’importe où. Je vous conseille d’emmener plusieurs masques. Ainsi, chaque fois que vous enlevez votre masque, vous pouvez le jeter à la poubelle ou le mettre dans un sac hermétique que vous emporterez pour la machine. Cela vous évitera de contaminer votre masque en le touchant au mauvais endroit en voulant le remettre, ou de contaminer la table à manger en le posant dessus.
L’autre difficulté avec les masques c’est la difficulté à reconnaître les différents intervenants pour une personne qui a des troubles cognitifs.
La plupart du temps, il vaudra mieux favoriser la distanciation et éviter le port du masque pour éviter les crises d’angoisse. Mais pour les soins et autres situations à risque, le masque reste recommandé pour vous protéger et protéger votre proche. Deux possibilités se présentent alors :
– Avoir des masques distinctifs. Il peut s’agir de masque en tissus comme de masques jetables. En effet, j’ai des masques jetables roses chez moi que j’avais acheté pour me différencier des autres dans certaines situations. Cela peut donc être utilisé par l’aidant principal pour se différencier des soignants, par exemple.
Pour les masques en tissus, il est possible d’établir un code couleur pour chaque personne ou même d’en faire imprimer avec votre photo.
– Créer des badges pour chaque intervenant avec leur photo et/ou leur prénom.
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Se laver les mains fréquemment.
J’ai entendu dire beaucoup de personnes dire qu’elles se lavaient bien les mains en arrivant chez la personne, et qui se sentaient en sécurité ensuite. Malheureusement, ce n’est pas du tout le cas.
On touche énormément nos visages tout au long de la journée, et de façon inconsciente. Certains même, touchent leur masque pour se gratter le nez ou pour le remettre en place. Autant de contact avec le virus, que l’on peut ensuite diffuser sur chaque objet que l’on touche.
Il n’est pas possible de se laver les mains toutes les minutes. Mais je vous encourage de le faire à chaque fois que vous allez toucher la personne, ou que vous allez toucher sa vaisselle (en lui servant un verre d’eau, en préparant le café, etc.).
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Si vous utilisez des jeux, lavez bien le matériel.
Vous et votre proche avez touché le matériel. Peut-être que d’autres visiteurs aussi. Le coronavirus reste près d’une semaine sur le plastique. Il est donc facile de tous se contaminer en touchant un objet à tour de rôle.
Les stylos sont devenus des objets très personnels durant cette épidémie, et ce n’est pas pour rien.
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Attention aux petites gourmandises.
Il y a plusieurs choses à prendre en compte avant de partager un moment gourmand :
- Si possible, mettez une certaine distance entre vous à table. Vous ne portez pas vos masques alors il est d’autant plus facile de vous contaminer.
- Évitez les aliments à partager : les sachets de gâteaux où chacun se sert, de biscuits apéritifs, etc. En ce moment, il vaut mieux des portions individuelles, ou qu’une personne serve tout le monde avec une pince.
- Si possible, faites en sorte qu’une personne serve tout le monde. Cela évite que le plat soit touché par tout le monde et donc que le virus s’y promène.
- Ne laissez pas la nourriture sans couvercle sur la table. Les postillons sont vites arrivés et il serait dommage de contaminer un bon repas.
En temps normal, on déconseille aux gens de manger ensemble. Mais les personnes âgées en ont souvent besoin. Manger, c’est sociabiliser. Manger avec une autre personne, c’est aussi parfois retrouver un appétit perdu. Et vu que beaucoup de personnes âgées ne mangent pas suffisamment par rapport à leurs besoins, ce n’est pas une habitude dont je vous conseille de vous passer.
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Prenez moins de risques en vous promenant.
Il y a moins de risque de contaminer une personne lorsqu’on se trouve dehors, plutôt que lorsque l’on passe trois heures enfermés dans une même pièce. Surtout qu’il devient difficile d’aérer longuement avec les températures de novembre.
Par ailleurs, lors du premier confinement, beaucoup de personnes âgées sont restées enfermées chez elles et ont perdu en santé physique. Votre proche a besoin de maintenir ses capacités actuelles. Si votre proche est en mesure de marcher et qu’il habite dans un secteur où il peut être agréable de se promener, n’hésitez pas. S’asseoir sur un banc et regarder les gens passer lui permettra de se sentir moins isolé.
Attention par contre si votre proche est atteint d’une maladie de type Alzheimer. Voir toutes les personnes masquées peut l’angoisser plus que nécessaire, et il sera alors mieux de le préserver de ce spectacle.
Si votre proche a un jardin, vous pouvez lui proposer de prendre une boisson chaude dehors en étant bien couvert et emmitoufflé dans un plaid. Cela ne durera pas des heures, car il faut veiller à ce qu’il ne prenne pas froid, mais cela le changera de son quotidien et lui fera du bien. (Attention d’ailleurs, les personnes âgées ressentent moins les effets du froid et du chaud, mais cela ne signifie pas que leur corps ne se refroidit pas. N’attendez donc pas qu’il vous dise qu’il a froid avant de lui proposer de rentrer).
Je mettrai cet article à jour en fonction des nouvelles réglementations, mais aussi de vos remarques. Je suis certaine que certains d’entre vous ont déjà trouvé de nombreuses astuces pour prendre soin de votre proche tout en se méfiant du coronavirus. N’hésitez pas à les partager avec moi.